Dédicace
El honrado hermano
Vega Carpio, Lope Félix de
Éditeur scientifique : Roquain, Alexandre
Description
Auteur du paratexteVega Carpio, Lope Félix de
Auteur de la pièce
Titre de la pièceEl honrado hermano
Titre du paratexteA Juan Muñoz de Escobar del Consejo de su Majestad (...)
Genre du texteDédicace
Genre de la pièceRecueil de comedias
Date1623
LangueEspagnol
ÉditionDecimaoctaua parte de las Comedias de Lope de Vega Carpio..., En Madrid, por Juan González, a costa de Alonso Pérez..., 1623.
Éditeur scientifiqueRoquain, Alexandre
Nombre de pages3
Adresse sourcehttp://www.cervantesvirtual.com/obra/el-honrado-hermano--0/
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Vega-HonradoHermano-Dedicace.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Vega-HonradoHermano-Dedicace.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Vega-HonradoHermano-Dedicace.odt
Mise à jour2015-11-21
Mots-clés
Mots-clés français
GenreComedia
SourcesHistoire véritable ; histoire antique (Horaces et Curiaces) ; question de la traduction
SujetVertu ; justice
AutreAb urbe condita libri, Tite Live ; Éthique à Nicomaque, Aristote ; La République, Platon ; La Cité de Dieu, Saint Augustin ; Ménandre ; Virgile
Mots-clés italiens
GenereCommedia
FontiStoria veritabile, storia antica (Orazi e Curiazi) ; traduzionz
ArgomentoVirtù ; giustizia
AltriAb urbe condita libri, Tito Livio ; Etica Nicomachea, Aristotele ; la Repubblica, Platone ; La Città di Dio, Sant’Augustino ; Menandro ; Virgilio
Mots-clés espagnols
GéneroComedia
FuentesHistoria verdadera ; historia antigua (Horacios y Curiacios) ; traducción
TemaVirtud ; justicia
OtrasAb urbe condita libri, Tito Livio ; Ética a Nicómaco ; Aristóteles ; la República, Platón ; La Ciudad de Dios, San Agustín ; Menandro ; Virgilio
Présentation
Présentation en français
Dès le début de la dédicace, Lope révèle la source d’inspiration de sa pièce. Il s’agit du début de Ab urbe condita libri (Histoire de Rome depuis sa fondation) de Tite Live et du fameux épisode des Horaces et des Curiaces. Horace incarne les qualités du héros romain : la virtus (force, courage et prudence) et la pietas (loyauté envers sa patrie). En effet, c’est par son intelligence et sa force qu’il réussit à tuer les trois frères Curiaces. Ce point de départ historique permet à l’auteur d’organiser son texte autour du concept de vertu.
La dédicace est un condensé des acceptions de ce terme-clé. Le dramaturge attribue au conseiller royal une panoplie de vertus pour honorer sa fonction conformément aux codes de courtoisie habituellement respectés dans ce genre de texte préliminaire. Si Lope évoque les caractéristiques de la vertu romaine (le courage et la prudence), il prend également en compte les vertus cardinales (prudence, force, justice, tempérance) en croisant les conceptions philosophiques d’Aristote et de Platon.
En définitive, Lope met l’accent sur un idéal de perfection, la bonté, qui englobe toutes les autres vertus. À la fin du texte, il cite littéralement La Cité de Dieu de Saint Augustin (Livre III, chapitre 14). Le dramaturge utilise également un passage de l’Éthique à Nicomaque d’Aristote sans en préciser l’origine : il reprend partiellement une phrase de l’Éthique (Livre V, chapitre 1) et traduit probablement une version latine4 du texte grec. Il adapte le passage original sans indiquer le sujet de la phrase d’Aristote : la justice. Pour le Stagirite, la justice est la vertu suprême qui comprend toutes les autres vertus. Lope n’insiste pas littéralement sur la «justicia» et ne la mentionne qu’en position d’adjectif (« justa »). Il met en avant la bonté («bueno en sumo grado» : « extrêmement bon ») en tant que perfection absolue. Le terme « virtud » apparaît dans la traduction d’Aristote et est évoqué dans le texte de Lope à travers les attributs de la même notion (générosité, prudence, etc.). Lope explore la polysémie du langage juridique comme il le fait dans la dédicace de La piedad ejecutada adressée à don Gonzalo Pérez de Valenzuela.
Dans cette dédicace, on peut déceler des correspondances tacites. Lope mentionne Platon sans préciser sa source. Il s’agit ici d’une allusion au livre IV de La République. Le philosophe grec y énumère les vertus cardinales et fonde sa réflexion sur une cité idéale. Lope confronte implicitement cette cité philosophique à La Cité de Dieu, de Saint Augustin, penseur chrétien et Père de l’Église. Par ailleurs, le parallélisme entre le début et la fin de la dédicace (« primero libro de la historia romana » ; « premier livre de l’histoire romaine » / « principios de la sagrada Roma » ; « débuts de la Rome sacrée ») rend perceptible le déroulement du temps, depuis la fondation de Rome jusqu’au début de la chrétienté. Lope présente ainsi une histoire de la vertu, depuis la vertu romaine jusqu’aux vertus cardinales et théologales, ces dernières n’étant que sous-entendues dans l’expression « les principes de la Rome sacrée », qui joue sur les deux sens du mot «principios» : débuts et principes.
L’évocation de Ménandre, penseur et dramaturge de la nouvelle comédie grecque, permet à Lope d’associer philosophie et théâtre. Il donne une précision sur sa pièce et la qualifie de « véritable histoire ». En considérant Tite-Live comme le « prince de l’histoire romaine », le Phénix anoblit les lettres5.
Le style de ce texte liminaire est au service du discours encomiastique. Lope a recours également à une rhétorique de l’humilité dont l’objectif est la captatio benevolentiae du lecteur6. On peut remarquer surtout la présence d’un subtil métadiscours sur le caractère emphatique et hyperbolique du propos. L’expression « en sumo grado » peut être considérée dans son sens grammatical, dans la mesure où l’on peut affirmer que Lope écrit « au superlatif », réussissant à concilier le fond et la forme, notamment grâce à la répétition de l’adverbe quantitatif «tan». Cette modalité de l’exagération est liée à la caractéristique attribuée au dédicataire : la bonté. Toute l’écriture repose sur l’« appréciation » ou la « surenchère », deux sens possibles du terme « encarecimiento » auxquels s’ajoute celui d’« augmentation du prix » – probable référence à la fonction de comptable du dédicataire. Le même genre d’allusions peut se retrouver dans la formulation des éloges adressés à Juan Muñoz de Escobar à travers une série de parallélismes : « mayores elogios » / « mayores premios » (de plus grands éloges / de plus grands prix), « sumo encarecimiento » / « sumo grado » (une plus grande appréciation / un plus grand degré).
Lope reconnaît de manière allusive que l’histoire romaine peut être blâmable d’un point de vue chrétien. Selon Tite-Live, Horace tue sa sœur car elle a pleuré en apprenant la mort d’un des Curiaces qu’elle aimait. Saint Augustin condamne la cruauté de cette histoire. Lope confronte la pietas romaine à la compassion chrétienne. Dans le dernier acte de sa pièce, le dramaturge est assez fidèle aux faits historiques. Conscient du caractère potentiellement répréhensible de la tragi-comédie, Lope de Vega dédie sa pièce à Juan Muñoz de Escobar, s’assurant ainsi de son soutien.
Présentation en espagnol
Texte
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A Juan Muñoz de Escobar
Del Consejo de su Majestad, su Contador Mayor de Cuentas10, Administrador general de los Almojarifazgos11 de Sevilla y juez de su desempeño12
[fol. 105v] Esta romana historia de los Horacios y Albanos, que en su primero libro escribe el príncipe della Tito Livio13, ofrezco a Vuestra merced por no entrar a conocerle sin reconocimiento, cosa que tanto he deseado por la fama (aunque menor que sus méritos) de su valor y prudencia14, con las demás partes15 y virtudes por quien su Majestad ha puesto a Vuestra merced en tan honrosos cargos, y de quien es servido con tanta satisfacción16 y confidencia, con esperanza17 justa18 de mayores premios, dignos de [fol. 106r] su entendimiento19 y generoso20 pecho, cuya bondad21 se conoce de que se los desean tantos a quien Vuestra merced tiene obligados con sus buenos oficios22 y cortesía; porque fue opinión del Filósofo en las Éticas23 que aquello era bueno en sumo grado24, que no sólo usaba de su virtud para sí, sino también para los otros25. Esta bondad con prudencia, que celebraba Platón26 y le imitó Menandro27, resplandece en Vuestra merced con sumo encarecimiento28, y a quien se debían mayores elogios que los que puede comprehender tan corto ofrecimiento. No quise que fuese fábula, sino verdadera historia29, y tan calificada30 que no se desdeñó san Agustín de escribirla en el libro III de su Ciudad de Dios31, en el capítulo 14, disculpando las lágrimas de Horacia con el ejemplo de Eneas y de Marcelo en Sicilia32; que cuando no tuviera esta calidad, y la que le dan los principios de la sagrada Roma33, haberla dedicado a Vuestra merced y honrado de su nombre era calificación34 bastante. Dios guarde a Vuestra merced como deseo.
Su capellán,
Lope de Vega Carpio