IdT – Les idées du théâtre


 

Dédicace

La Cour Bergère, ou l’Arcadie de Messire Philippes Sidney. Tragi-comédie.

Mareschal, André

Éditeur scientifique : Déléris, Alban

Description

Auteur du paratexteMareschal, André

Auteur de la pièceMareschal, André

Titre de la pièceLa Cour Bergère, ou l’Arcadie de Messire Philippes Sidney. Tragi-comédie.

Titre du paratexteÀ très illlustre seigneur Messire Robert Sidney, comte de Leicestre, vicomte de Lisle, baron de Lens-Hurst, etc., conseiller au Conseil privé, et ambassadeur extraordinaire du Roi de la Grande-Bretagne vers le Roi très chrétien.

Genre du texteDédicace

Genre de la pièceTragi-comédie

Date1640

LangueFrançais

ÉditionParis, Toussaint Quinet, 1640, in-4°

Éditeur scientifiqueDéléris, Alban

Nombre de pages4

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k703696.r

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Mareschal-CourBergere-Dedicace.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Mareschal-CourBergere-Dedicace.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Mareschal-CourBergere-Dedicace.odt

Mise à jour2015-06-22

Mots-clés

Mots-clés français

SourcesL’Arcadie de Sidney

DramaturgieBienséances ; adaptation au théâtre

DédicataireRespect ; liens de parenté entre le dédicataire et l’auteur du texte-source

RéceptionSuccès

FinalitéDivertissement

Mots-clés italiens

FontiL’Arcadia di Sidney

DrammaturgiaDecoro ; adattamento per il teatro

Dedicatario e PersonaggioRispettot ; legami di parentela tra dedicatario e autore del testo-fonte

RicezioneSuccesso

FinalitàDivertimento

Mots-clés espagnols

FuentesLa Arcadia de Sidney

DramaturgiaDecoro ; adaptación para el teatro

Dedicatario y personajeRespeto ; parentesco entre el dedicatario y el autor del texto fuente

RecepciónÉxito

FinalidadEntretenimiento

Présentation

Présentation en français

Le dédicataire de La Cour Bergère n’est autre que Robert Sidney, le neveu de Sir Philip Sidney, l’illustre auteur de The Countess of Pembroke’s Arcadia. Celle-ci sert justement de source à la tragi-comédie de Mareschal, qui a repris la trame principale du texte anglais. Le romancier est ainsi la figure tutélaire de la pièce et de la dédicace, et son éloge sert en parallèle celui du dédicataire. Mareschal s’attache par ailleurs à garantir la fidélité de son adaptation au roman de Sidney, dont il a pourtant été obligé de réduire considérablement la matière, et qu’il a accommodé aux conventions et aux bienséances dramatiques. De la même manière, le succès de La Cour bergère, tragi-comédie très applaudie si l’on en croit le dramaturge, renvoie à celui de l’Arcadia (adaptée plusieurs fois en France), et est donc doublement redevable à la famille Sidney. Notons enfin que, dix ans plus tôt, Mareschal faisait précéder sa Généreuse allemande par une préface à valeur de manifeste polémique1, alors que nous ne retrouvons rien de tel pour la Cour bergère.

Texte

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À très illustre seigneur Messire Robert Sidney, comte de Leicestre, vicomte de     Lisle, baron de Lens-Hurst, etc., conseiller au Conseil privé, et ambassadeur     extraordinaire du Roi de la Grande-Bretagne vers le Roi très chrétien.

Monseigneur,

[NP1] Cette pièce est si légitimement à Votre Excellence2, puisqu’elle porte cet illustre et glorieux nom de Sidney3, et qu’elle est même de votre maison, que si je la dédiais à quelque autre, je penserais payer du vôtre et l’enrichir de votre bien, [NP2] et croirais avoir un larcin à vous restituer. Outre cette raison si forte et si particulière, j’en ai encore d’autres, Monseigneur, qui ne sont guère moins puissantes quoiqu’un peu plus générales, pour faire voir que la protection de ce livre est en votre bienséance4. En effet, qui saura que le divin sujet de cette tragi-comédie est ce fameux roman de L’Arcadie de Messire Philippe Sidney, ce chef-d’œuvre miraculeux qui passe pour l’Héliodore d’Angleterre5, ne pourra point douter que vous, qui en êtes l’honneur, et la merveille généralement de tout ce qu’il y a de bons esprits dedans l’Europe, ne soyez le seul à qui je devais consacrer cet ouvrage. Je sais en quelle estime, ou plutôt vénération, un si célèbre auteur est auprès de V[otre] E[xcellence] et je ne veux rien ajouter à sa louange, et à l’honneur que toute l’Angleterre rend encore à sa mémoire, que de déclarer à la France que vous êtes son digne neveu. Comme vous, Monseigneur, il s’est vu honoré et chargé des affaires les plus importantes du royaume6 ; comme vous il s’est rendu nécessaire à son roi et à son pays; et comme vous enfin plein d’esprit, de courage et de fidélité, il a trouvé l’art dans ses ambassades de se montrer agréable aux princes étrangers. J’ose bien ajouter encore à l’avantage d’une vie qui lui fut et si courte et si glorieuse7 qu’il l’avait commencée, et que vous-même l’achevez ; que vous continuez sa vie en la correspondance de vos actions aux siennes ; que vous [NP3] marchez pompeusement sur les pas d’un héros ; et que vous succédez à sa gloire et à ses vertus, aussi bien qu’à son nom et à ses armes. Plût à Dieu, Monseigneur, que vous puissiez connaître à quel point je révère l’oncle et le neveu, combien m’est chère la mémoire d’un si grand esprit, et combien je respecte en la personne de V[otre] E[xcellence] ce puissant génie, et ces illustres qualités qui semblent être un héritage légitime de votre maison. Vous sauriez pour le moins qu’il n’entre point de flatterie en mes paroles, que ces paroles sont les véritables enfants de mon cœur, et qu’elles ne sont pourtant que de faibles expressions de mes sentiments, ou au plus de légères marques de ce culte que je vous rends à tous deux. Vous apprendriez encore, Monseigneur, que je n’ai travaillé à cette tragi-comédie, que pour faire revivre l’un dans ses écrits et dessus nos théâtres8, et me donner accès auprès de l’autre, lui fournissant un agréable divertissement dans la lecture du poème que je lui présente. Je ne vous entretiendrai point de son mérite : c’est assez que le bruit9 que le théâtre français en a fait10, et les applaudissements qu’il en a reçus lui servent de témoins sans moi de ce qu’il vaut, et justifient l’espérance que j’ai qu’il ne déplaira point à V[otre] E[xcellence]. J’ai tâché du moins de ne faire point de honte à mon auteur, et de n’en recevoir non plus : je l’ai suivi d’assez près11 dans les plus belles matières12, et ne l’ai point abandonné que la bienséance et les rigueurs du [NP4] théâtre ne m’y contraignissent13. Vous en serez le juge et le patron, vous, Monseigneur, qui avez la doctrine et les lumières pour en faire le discernement, et assez de bonté aussi pour excuser quelques défauts, quand vous en trouveriez, en considération de l’honnête désir que j’ai de vous plaire, et de montrer à tous combien j’estime les belles reliques d’un esprit divin, et qui vous touche de si près. Comme c’est de lui que j’attends le peu de réputation que cet ouvrage me peut apporter, aussi n’est-ce qu’en sa faveur que j’espère entrer en vos bonnes grâces. Son portrait semble n’être mis au front de cette lettre que pour vous faire voir qu’il considère quel accueil vous nous ferez, et pour vous tenter doucement par cet objet, dont le moindre crayon vous est si vénérable, à recevoir et reconnaître mes vœux et ma passion, et me permettre l’honneur de me dire,

Monseigneur,

de votre Excellence,

le très humble et très affectionné serviteur,

A. Mareschal