Prologue
Le Fidèle. Comédie par Pierre de Larivey Champenois
Larivey, Pierre de
Éditeur scientifique : De Capitani, Patrizia
Description
Auteur du paratexteLarivey, Pierre de
Auteur de la pièceLarivey, Pierre de
Titre de la pièceLe Fidèle. Comédie par Pierre de Larivey Champenois
Titre du paratextePrologue
Genre du textePrologue
Genre de la pièceComédie
Date1611
LangueFrançais
ÉditionTroyes : Pierre Chevillot, 1611, in-12°. (Numérisation en cours)
Éditeur scientifiqueDe Capitani, Patrizia
Nombre de pages7
Adresse source
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Mise à jour2013-07-25
Mots-clés
Mots-clés français
GenreComédie sérieuse, moralisante
SourcesContemporaines
SujetHistoire d’amours et d’infidélités
Personnage(s)Personnages graves / types comiques traditionnels
FinalitéÉdifier / faire rire
Mots-clés italiens
GenereCommedia grave, moraleggiante
FontiContemporanee
ArgomentoStorie di amori e di infedeltà
Personaggio(i)Personaggi gravi / tipi comici tradizionali
FinalitàEdificare / far ridere
Mots-clés espagnols
GéneroComedia seria, moralizante
FuentesContemporáneas
TemaHistorias de amores y de infidelidades
Personaje(s)Personajes graves ; tipos cómicos tradicionales
FinalidadEdificar / hacer reír
Présentation
Présentation en français
Texte
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Prologue
{2} Je ne pense pas, nobles spectateurs, qu’il soit besoin me beaucoup travailler3 pour vous montrer quel grand contentement apporte la souvenance des travaux et des misères passées4 à celui qui arrive à bon et assuré port par la bénignité des Cieux ne craint plus la malignité de fortune, parce qu’étant les choses d’ici bas ainsi disposées par le souverain facteur qu’elles sont et demeurent toujours en un continuel mo[uve]ment, ne se trouve aucun qui ne soit peu ou beaucoup agité de ce continuel flux et reflux et qu’à cette occasion il n’en ait ample connaissance. De là advient que chacun au mieux que {NP2} lui est possible s’efforce le manifester à autrui et s’en trouve d’autres qui tâchent d’en faire couler la mémoire jusqu’à l’âge futur. Mais jaçoit qu’en5 tous se trouve ce désir de toutes les choses, comme je crois sans plus grande comparaison j’estime qu’il se démontre ès fortunes d’Amour, puisqu’elles, tant pour les bonnes affaires que pour les mauvaises s’approuvant6 en celles-ci, nous laissent un bien large champ, et qui le dirait infini, peut-être ne se tromperait pas. De quoi mes belles et gracieuses dames, je vous veux rendre un meilleur témoignage, étant certain que par épreuve vous connaîtrez quelles et combien grandes sont les flammes d’Amour et les travaux qu’on en remporte. Cette même cause a ému7 un certain personnage à com{3}poser cette comédie, intitulée le Fidèle parce qu’un sien ami, ayant par mauvaise fortune été induit à aimer une, qui sous l’apparence d’un beau corps tenait caché un esprit peut-être sorti d’Enfer, où l’on croit qu’ores il y soit retourné, ne se contentant de lui avoir dérobé son cœur, et oubliant sa longue servitude et l’amour qu’il lui portait, prenant occasion d’un bref éloignement, cette bonne créature se donna en proie à Fortun[é], et ainsi perfidement abandonnant celui qui tant l’aimait, se mit à aimer un, qui non seulement l’avait en horreur, mais semblait être né ennemi de toutes les femmes, de façon que sa mauvaise langue déchirait continuellement leur sexe. De cette tant cruelle Victoire (car tel était son nom) advint que le pauvre et misérable {NP3} Fidèle, ému de rage, communiqua le tout à Cornille mari d’elle, puis ne pouvant souffrir que celle-ci à son occasion8 endurât la moindre peine du monde, fit tant que son mari lui pardonna, et cela lui semblant peu, pardonna à Fortuné qui l’avait tant offensé, et refusa l’amitié de Virginie, noble Damoiselle, laquelle par le moyen de Méduse enchanteresse, fut déçue9 par icelui Fortuné, puis après avoir apaisé le père d’elle, l’accorda à lui, et se l’ôta à soi-même10.
Or, puisqu’il a plu à la souveraine bonté de l’adresser à meilleur chemin, pour son enseignement et celui d’autrui, je vous vais ores représenter tout le succès11 de ces divers accidents. Donc si quelqu’un est ici venu en intention de rire, espérant voir représenter la simplicité d’un vieil{4}lard et ancien marchand, les sottises d’un niais valet, les gourmandises et déshonnêtetés d’un écornifleur, et l’immondicité d’un ivrogne12, chose[s] à mon jugement vergogneuses13 à représenter à tous nobles et sublimes esprits, je le prie s’en aller ailleurs, pour ce que cette comédie, différente quasi de toutes les autres, et assez longue, ne représente rien de tout cela, et ce qui importe le plus, c’est qu’elle, étant enfantée d’un juste dédain, [a] peut-être plus d’ennui et de fâcherie14 que d’allégresse et recréation. Partant sortez d’ici, je vous en prie derechef. Mais je regarde de tous côtés, et ne vois aucun qui se bouge pour s’en aller. Si êtes résolus de demeurer au moins par courtoisie, soyez paisibles. Et vous Mesdames préparez-vous aussi avec bonne pa{NP4}tience de recevoir les coups que vous donneront les poignantes langues15 des personnages de la scène, et s’il vous semble que l’auteur n’a trop bien fait de publier ces menteries, qu’à votre préjudice et déshonneur de votre sexe Fortuné a pris plaisir de dire, ayez-le pour excusé parce que celui-ci, voulant raconter la vérité du succès16, lui a été aussi nécessaire de faire ainsi. Mais soyez assurées que tout ce qu’à votre blâme il pourra dire sera seulement dit au déshonneur de celles qui opèrent aussi méchamment comme a fait Victoire. Car en l’égard de vous autres, anges terrestres ès faces desquelles se voient la pitié, l’amour et la chasteté aller de rang17, combien que occasionnez infinis dommages aux jeunes amants, on ne peut dire autre chose que bien. Prenez donc le tout en {5} bonne part et pardonnez à l’auteur cette honnête faute, si faute y [a]. Et d’autre part demeurez contentes des louanges qu’il vous donne, lesquelles d’autant plus vous devront rendre satisfaites de lui qu’elles lui ont été dictées par la vérité et puis le blâme qui naît simplement d’une âpre passion qui, lui offusquant la lumière de l’intellect, le transporte (et peut-être contre sa volonté) à dire choses desquelles il sent et sentira toujours un extrême repentir. Soyez donc attentives, si ne voulez que quelque mauvaise langue, ou quelque compagnon de Fortuné, dis[e] que vous n’avez pu vous taire, parce qu’avez été piquées jusqu’au vif, et qu’il vous fait trop mal d’avoir entendu dire la vérité. Mais voici René, serviteur de Fortuné, qui sort dehors, écoutez-le.