IdT – Les idées du théâtre


 

Dédicace

Marc Antoine

Garnier, Robert

Éditeur scientifique : Dobby-Poirson, Florence et Lamy-Houdry, Mathilde

Description

Auteur du paratexteGarnier, Robert

Auteur de la pièceGarnier, Robert

Titre de la pièceMarc Antoine

Titre du paratexteÀ Monseigneur de Pibrac, Conseiller du Roi en son privé Conseil, Président en sa Cour de Parlement et Chancelier de Monsieur, frère de sa majesté

Genre du texteDédicace

Genre de la pièceTragédie

Date1578

LangueFrançais

ÉditionParis, Mamert Patisson, 1585, In-12°

Éditeur scientifiqueDobby-Poirson, Florence et Lamy-Houdry, Mathilde

Nombre de pages2

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86256333

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Garnier-MarcAntoine-Dedicace.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Garnier-MarcAntoine-Dedicace.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Garnier-MarcAntoine-Dedicace.odt

Mise à jour2014-10-01

Mots-clés

Mots-clés français

GenreTragédie

SujetHistoire ; pathétique

ReprésentationPorcie

RéceptionSuccès / échec

FinalitéÉloge politique

ActualitéAnalogie du sujet antique avec l’actualité (guerres de religion)

AutreMécénat politique ; protection de l’auteur à ses débuts ; respect et reconnaissance ; communauté de la vision politique

Mots-clés italiens

GenereTragedia

ArgomentoStoria ; patetica

RappresentazionePorcie

RicezioneSuccesso / insuccesso

FinalitàLode politica

AttualitàAnalogia del soggetto antico con l’attualità (guerre di religione)

AltriMecenatismo politico ; protezione dell’autore esordiente ; rispetto e riconoscimento ; comunanza della visione politica

Mots-clés espagnols

GéneroTragedia

TemaHistoria ; patético

RepresentaciónPorcie

RecepciónÉxito / fracaso

FinalidadElogio político

ActualidadAnalogía del sujeto antiguo con la actualidad (guerras de religión)

OtrasMecenazgo político ; protección del autor al inicio de su carrera ; respeto y reconocimiento ; comunidad de la visión política

Présentation

Présentation en français

Par cette épître à son protecteur, Garnier dédie son Marc-Antoine à celui qui a encouragé et protégé les débuts de sa carrière littéraire. Mais l’éloge prend une dimension politique quand le dramaturge rapproche les guerres de religion qui agitent la France des guerres civiles de Rome, liées à la succession difficile de Jules César ainsi qu’aux débuts du Principat1. Plus encore que leur amour partagé pour la poésie, c’est leur attitude commune face aux guerres de religion et leur même aspiration à la concorde civile qui justifient, de fait, cette dédicace adressée à Pibrac, partisan comme le dramaturge de la réconciliation entre catholiques et réformés, laquelle ne peut être assurée que par un pouvoir monarchique fort. Un tel destinataire ne peut qu’être sensible à l’analogie entre le sujet de la pièce, les guerres civiles qui ensanglantèrent la fin de la république romaine, et les dissensions des guerres de religion. En représentant l’actualité sous le voile transparent de l’Histoire, la tragédie de Garnier suscite ainsi une même horreur pour les faits passés et pour les événements contemporains. Exprimant une seconde fois sa reconnaissance pour l’appui que Pibrac lui a jadis fourni, il précise que c’est dès cette époque qu’il s’est orienté vers le théâtre : « pour marcher en toute hardiesse sur le théâtre français que vous m’avez jadis fait animer au bord de votre Garonne ». Toutefois le terme « animer », sans doute clair pour son destinataire premier, l’est moins pour le lecteur moderne : Pibrac a-t-il aidé le nouvel auteur dramatique à faire jouer sa pièce à Toulouse, ou bien l’a-t-il seulement poussé à en concevoir l’action et les personnages, « animés » dans l’esprit de leur créateur mais pas encore sur la scène2 ? Toujours est-il qu’« encouragés de [la] faveur » dont bénéficie l’auteur, les hommes de lettres sont appelés à parfaire et à pérenniser le genre : « et que les autres ouvrages qui viennent après, encouragés de cette faveur, se hâteront de voir le jour ». Cette adresse liminaire est donc l’occasion de célébrer et d’encourager la renaissance du genre tragique antique.

Texte

Afficher les occurrences dans les notes

À Monseigneur de Pibrac, Conseiller du Roi en son privé Conseil, Président en sa Cour de Parlement, et Chancelier de Monsieur, frère de sa Majesté3

{NP72 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86256333/f178} À qui dois-je plus justement présenter de mes poèmes qu’à vous, Monseigneur, qui les avez le premier de tous favorisés4, leur donnant hardiesse de sortir en public ? Et qui vous-même, nous traçant le chemin de Pierie5, y allez souvent chanter des vers dont la nombreuse6 perfection et sainte majesté ravit nos esprits, étonnés d’ouïr de si doctes merveilles. Mais surtout, à qui mieux qu’à vous se doivent adresser les représentations tragiques des guerres civiles de Rome, qui avez en telle horreur nos dissensions domestiques7 et les malheureux troubles de ce Royaume, aujourd’hui {73 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86256333/f179} dépouillé de son ancienne splendeur8 et de la révérable9 majesté de nos rois, profanée par tumultueuses rébellions10 ? Pour ces causes, Monseigneur, et à fin de conjouir11 avec toute la France de la nouvelle dignité12 dont notre bon Roi a naguère, pour le bien de son peuple et ornement de sa justice, libéralement décoré13 votre vertu, je vous consacre ce Marc Antoine, chargé de son auteur14 de s’aller très humblement présenter à vos yeux, et vous dire que s’il a, comme j’espère, cet honneur de vous être agréable, il ne craindra d’aller ci-après15 la tête levée partout, assuré de ne trouver sous votre nom que bon et honorable recueil16 de tout le monde, et que les autres ouvrages qui viennent après, encouragés de cette faveur, se hâteront de voir le jour17, pour marcher en toute hardiesse sur le théâtre français que vous m’avez jadis fait animer au bord de votre Garonne18.

Votre affectionné serviteur

Robert Garnier