Préface
L’Illusion
Corneille, Pierre
Éditeur scientifique : Louvat-Molozay, Bénédicte
Description
Auteur du paratexteCorneille, Pierre
Auteur de la pièceCorneille, Pierre
Titre de la pièceL’Illusion
Titre du paratexteExamen
Genre du textePréface
Genre de la pièceComédie
Date1663
LangueFrançais
ÉditionParis et Rouen : Guillaume de Luyne et Thomas Jolly, 1663, in-folio
Éditeur scientifiqueLouvat-Molozay, Bénédicte
Nombre de pages2
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71442p/f48
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Corneille-Illusion-Examen.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Corneille-Illusion-Examen.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Corneille-Illusion-Examen.odt
Mise à jour2016-06-14
Mots-clés
Mots-clés français
GenreComédie ; tragédie ; caprice ; indétermination générique
SujetExtravagance ; nouveauté
DramaturgiePrologue ; irrégularités
TempsRègle non observée dans les actes intérieurs / respectée dans la pièce-cadre
ActionIncomplète ; trop courte
Personnage(s)Capitan ; servante s’élevant au-dessus de son caractère
RéceptionSuccès durable
ExpressionProportionnée aux matières
Mots-clés italiens
GenereCommedia ; tragedia ; capriccio ; indeterminato
ArgomentoStravaganza ; novità
DrammaturgiaPrologo ; irregolarità
TempoRegola non osservata negli atti interni / rispettata nella commedia-cornice
AzioneIncompleta ; troppo breve
Personaggio(i)Capitano ; serva elevata al dissopra del suo carattere
RicezioneSuccesso durevole
EspressioneProporzionata alle materie
Mots-clés espagnols
GéneroComedia ; tragedia ; capricho ; indeterminación genérica
TemaExtravagancia ; novedad
DramaturgiaPrólogo ; irregularidades
TiempoRegla no observada en los actos interiores / respetada en la pieza-marco
AcciónIncompleta ; demasiado corta
Personaje(s)Capitan ; crÍada que se eleva más allá de su carácter
RecepciónÉxito duradero
ExpresiónProporcionada con las materias
Présentation
Présentation en français
Texte
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Examen
{xliv http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71442p/f48} Je dirai peu de chose de cette pièce. C’est une galanterie extravagante1 qui a tant d’irrégularités qu’elle ne vaut pas la peine de la considérer, bien que la nouveauté de ce caprice2 en ait rendu le succès assez favorable pour ne me repentir pas d’y avoir perdu quelque temps. Le premier acte ne semble qu’un prologue3. Les trois suivants forment une pièce que je ne sais comment nommer. Le succès en est tragique4 ; Adraste y est tué, et Clindor en péril de mort ; mais le style et les personnages sont entièrement de la comédie. Il y en a même un qui n’a d’être que dans l’imagination, inventé exprès pour faire rire, et dont il ne se trouve point d’original parmi les hommes. C’est un capitan qui soutient assez son caractère de fanfaron pour me permettre de croire qu’on en trouvera peu, dans quelque langue que ce soit, qui s’en acquittent mieux5. L’action n’y est pas complète, puisqu’on ne sait, à la fin du quatrième acte qui la termine, ce que deviennent les principaux acteurs, et qu’ils se dérobent plutôt au péril qu’ils n’en triomphent6. Le lieu y est assez régulier, mais l’unité de jour n’y est pas observée7. Le cinquième est une tragédie assez courte pour n’avoir pas la juste grandeur que demande Aristote et que j’ai tâché d’expliquer8. Clindor et Isabelle, étant devenus comédiens sans qu’on le sache, y représentent une histoire qui a du rapport avec la leur, et semble en être la suite. Quelques-uns ont attribué cette conformité à un manque d’invention, mais c’est un trait d’art pour mieux abuser par une fausse mort le père de Clindor qui les regarde, et rendre son retour de la douleur à la joie plus surprenant et plus agréable9.
{xlv http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71442p/f49} Tout cela cousu ensemble fait une comédie10, dont l’action n’a pour durée que celle de la représentation, mais sur quoi il ne serait pas sûr de prendre exemple. Les caprices de cette nature ne se hasardent qu’une fois ; et quand l’original aurait passé pour merveilleux, la copie n’en peut jamais rien valoir. Le style semble assez proportionné aux matières, si ce n’est que Lise, en la sixième scène du troisième acte, semble s’élever un peu trop au-dessus du caractère de servante11. Ces deux vers d’Horace lui serviront d’excuse, aussi bien qu’au père du Menteur, quand il se met en colère contre son fils au cinquième12 :
Interdum tamen et vocem comoedia tollit,
Iratusque Chremes tumido delitigat ore13.
Je ne m’étendrai pas davantage sur ce poème. Tout irrégulier qu’il est, il faut qu’il ait quelque mérite, puisqu’il a surmonté les injures des temps, et qu’il paraît encore sur nos théâtres, bien qu’il y ait plus de vingt et cinq années qu’il est au monde, et qu’une si longue révolution en ait enseveli beaucoup sous la poussière, qui semblaient avoir plus de droit que lui de prétendre à une si heureuse durée.