Dédicace
La piedad ejecutada
Vega Carpio, Lope Félix de
Éditeur scientifique : Roquain, Alexandre
Description
Auteur du paratexteVega Carpio, Lope Félix de
Auteur de la pièceVega Carpio, Lope Félix de
Titre de la pièceLa piedad ejecutada
Titre du paratexteAl señor don Gonzalo Pérez de Valenzuela del Consejo Supremo de Castilla
Genre du texteDédicace
Genre de la pièceRecueil de comedias
Date1623
LangueEspagnol
ÉditionDecimaoctaua parte de las Comedias de Lope de Vega Carpio..., En Madrid, por Iuan Gonçalez, a costa de Alonso Perez..., 1623.
Éditeur scientifiqueRoquain, Alexandre
Nombre de pages
Adresse sourcehttp://www.cervantesvirtual.com/obra/la-piedad-ejecutada-comedia-famosa--0/
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Vega-Piedadejecutada-Dedicace2.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Vega-Piedadejecutada-Dedicace2.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Vega-Piedadejecutada-Dedicace2.odt
Mise à jour2015-05-03
Mots-clés
Mots-clés français
GenreComedia
SourcesHistoire véritable
SujetHistoire / fiction ; recréation poétique de l’histoire
Personnage(s)Nobles illustres
RéceptionHistoire répréhensible ; public ; théâtre antique
ExpressionDéfense du vers pour la narration d’un fait historique
AutreÉnéide ; La Cité de Dieu ; De ratione studendi ; Summa theologica ; Virgile ; Saint Augustin ; Mateo Gribaldi ; Juan Luis Vivès ; Baldo degli Ubaldi ; Socrate ; Aristophane ; Saint Thomas d’Aquin
Mots-clés italiens
GenereCommedia
FontiStoria vera
ArgomentoStoria / finzione ; ricreazione poetica della storia
Personaggio(i)Nobile illustri
RicezioneStoria riprovevole ; pubblico ; teatro antico
EspressioneDifesa del verso per raccontare un fatto storico
AltriEneide ; La Città di Dio ; De ratione studendi ; Summa theologica ; Virgilio ; Sant’Agostino ; Matteo Gribaldi ; Juan Luis Vives ; Baldo degli Ubaldi ; Socrate ; Aristofane ; San Tommaso d’Aquino
Mots-clés espagnols
GéneroComedia
FuentesHistoria verdadera
TemaHistoria / ficción ; recreación poética de la Historia
Personaje(s)Nobles ilustres
RecepciónHistoria reprensible ; público ; teatro antiguo
ExpresiónDefensa del verso para narrar un hecho histórico
OtrasEneida ; La Ciudad de Dios ; De ratione studendi ; Summa theologica ; Virgilio ; San Agustín ; Mateo Gribaldi ; Juan Luis Vives ; Baldo degli Ubaldi ; Sócrates ; Aristófanes ; Santo Tomás de Aquino
Présentation
Présentation en français
Ce texte présente plusieurs citations en latin juridique. L’auteur aborde le caractère répréhensible de l’intrigue et un aspect plus littéraire : la poétisation de l’Histoire et le statut de poète historien. À ce sujet, on peut penser au poste de chroniqueur royal que Lope convoitait. Dès le début, le dramaturge demande au juriste de mettre sous sa protection le récit d’un événement survenu au sein d’une famille noble du XVe siècle : les Pimentel y Quiñones. De fait, cette comedia représente un assassinat : don Juan Pimentel, frère du comte de Benavente don Alonso Pimentel, est tué par don Fernando de Quiñones, frère de doña María de Quiñones, elle-même épouse du comte. Don Alonso emprisonne son beau-frère et doña María l’aide à s’échapper. La dédicace fait allusion aux critiques que Lope a pu recevoir à cause de l’utilisation de ce sujet (« ceux qui ne se considèrent pas satisfaits »). Soucieux d’en rappeler le souvenir, le dramaturge sollicite ainsi le soutien d’un haut personnage.
Lope déclare avoir « trouvé » cet épisode (« J’ai trouvé la présente histoire ») sans pour autant en préciser la source. De fait, l’intrigue de La piedad ejecutada se fonde sur des faits réels. Il existe un document authentique, un procès du XVIIe siècle, rendant compte de cet épisode1. Dans ce texte préliminaire, Lope se propose d’honorer les successeurs de cette famille noble grâce à la recréation poétique de l’histoire. Il s’agit en particulier probablement du comte-duc de Benavente, don Juan Alfonso Pimentel y Enríquez, qui fut vice-roi de Valence entre 1599 et 1603, période probable de la composition de la pièce. Par ailleurs, Lope peut aussi rendre hommage au docteur Juan de Quiñones de Benavente, dont il fait l’éloge dans El laurel de Apolo (Le Laurier d’Apollon, Silva X) ou au juriste et écrivain Luis Quiñones de Benavente (Silva VII), également cité dans cette œuvre. Le dramaturge considère que la version de l’histoire dont il a eu connaissance ne confère pas à ces nobles personnes l’honneur qui leur est dû. Il veut proposer une autre version et la placer « parmi les blasons de tant de vertus et de lettres, de tant de noblesse ». Cette allusion aux blasons entre dans le cadre d’une réflexion complexe sur l’essence de la noblesse. Le poète se donne pour objectif de rétablir la véritable noblesse des personnages dans une adaptation théâtrale au caractère amoureux.
Dans ce texte, Lope fait montre de son intérêt pour le droit et de son art d’utiliser la sentence. Il est logique de supposer que les citations en latin proviennent d’un corpus juridique usuel. De fait, Lope de Vega a utilisé un recueil de citations. Toutes les maximes de ce texte préliminaire se trouvent dans les livres II et III de De methodo ac ratione studendi de Mateo Gribaldi2. Le deuxième livre est composé d’une liste d’axiomes juridiques classés sous différentes rubriques. Lope a trouvé les citations du premier paragraphe de la dédicace dans la partie « favor, odium », ce qui lui a permis de développer une réflexion autour du concept de lois odieuses ou favorables. Il sollicite la protection du dédicataire en insistant sur le fait que n’importe quel écrit peut être jugé d’une manière odieuse ou favorable, si l’on examine attentivement l’intention principale de l’auteur. À la fin du troisième livre, Lope a trouvé la phrase liée au jurisconsulte italien du XIVe, Pietro Baldo degli Ubaldi. Ce n’est pas la première fois que le dramaturge emploie toute une série de sentences juridiques dans un texte préliminaire. Trois ans auparavant, dans la dédicace adressée à Joaquín de Piña (El desposorio encubierto, 1620, Parte XIII), Lope citait la même expression au sujet de Baldo. L’allusion à cet illustre juriste participe du discours encomiastique propre à la dédicace. Par ailleurs, on remarque de subtiles allusions à la scolastique juridique, en particulier à Saint Thomas d’Aquin (Summa Theologica) concernant la loi naturelle et ses préceptes.
Lope fait par ailleurs de fréquentes allusions aux auteurs antiques : l’Énéide de Virgile et La Cité de Dieu de Saint Augustin qu’il mentionne à travers les commentaires de Juan Luis Vivès. Socrate et Aristophane sont également évoqués. Il rappelle enfin que le public antique ne s’offusquait pas de la représentation d’un assassinat au sein d’une même famille.
Cette importante érudition est au service du message et du ton employé. Les citations en latin servent à corroborer une affirmation en castillan ou à introduire un point de vue nouveau. Ce phénomène est observable lorsque Lope fournit le commentaire de Luis Vivès sur le Livre II, chapitre IX de La Cité de Dieu de Saint Augustin ; loin de se contenter de citer Vivès, Lope traduit aussi en castillan quelques mots de l’humaniste. De même, Lope adopte le point de vue de Socrate quant à la liberté de mettre en scène une histoire répréhensible, s’appropriant ainsi la réflexion de ce philosophe : « Si l’on nous condamne à juste titre, nous nous corrigerons, mais si c’est à tort, ces accusations ne nous toucheront en rien »3.
Le dramaturge utilise un langage particulier, parfois polysémique, qui s’adapte aux circonstances : la demande de faveur, conformément au souci de créer un climat de confiance avec don Gonzalo Pérez de Valenzuela. Lope s’adresse avec déférence à un haut conseiller en parlant dans la langue de ce dernier : le droit.
Présentation en espagnol
Texte
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Al Señor don Gonzalo Pérez de Valenzuela
del Consejo Supremo de Castilla5
{fol. 158r} Bien puedo pedir favor a Vuestra merced para poner a la sombra de su protección esta historia sucedida a tan grandes caballeros6, pues no por eso le obligo a que le dé a la causa: Favor personae ad causam non porrigitur, l. ex pluribus, de administ. tutor7. El que Vuestra merced siempre ha hecho con su divino entendimiento a mi ignorancia añadió a la inclinación natural8 con que obliga (y, si se puede decir, fuerza) a cuantos le conocen y tratan, a inquirir entre mis escritos, caudal de la pobreza de mi ingenio, algún papel de los que en mi juventud salieron con algún aplauso en este género9, no sin enviar primero testigos de mi atrevimiento, {fol. 158v} la voluntad al rostro10; aunque se dé la ley qui exceptionem11, que dispositio favorabilis aut odiosa iudicatur, inspecta principali intentione disponentis12.
Hallé la presente historia desta ilustrísima casa13, y aunque se debía a sus heroicos sucesores, me pareció no darles lo que tienen14, sino ponerla entre los blasones de tantas virtudes y letras15, de tanta nobleza y cortesía; y si ella pudiera hacer otra elección fuera de sus dueños, se fuera de verso en verso, como de paso en paso16, a poner en sus manos de Vuestra merced. Cuanto contiene es un efecto de amor y un acto de piedad de que algunos no se dan por contentos17; pero yo, mirando a las leyes de la naturaleza y a las de la verdad18, no pienso ocultarla por su reprensión19, sino animarme, sabiendo que Mitius agitur cum lege, quam cum homine, l. Paulus de Praetor stipulat20. Que aunque es verdad que no merecen nombre de cronistas los que escriben en verso, por la licencia que se les ha dado de exornar la fábula con lo que fuere digno y verosímil, no por eso carecen de crédito las partes que le sirven a todo el poema de fundamento21; pues porque Virgilio introdujese a Dido, no dejó de ser verdad que Eneas pasó a Italia y que salió de Troya22.
Sócrates, por lo menos, iba con tan buen gusto a las comedias, que decía (y lo refiere Luis Vives, sobre el capítulo nono de la Ciudad de Dios, de San Agustín) {fol. 159r} Nam si merito quidem reprehenderint, emendabimur, sin falso, tum illa nihil ad nos attinebunt23. Por ventura, porque siendo varón santísimo, le reprendió Aristófanes envidiosamente en su fábula Nebulonica24. De suerte que en los accidentes de deudo y sangre, ninguna relación ofende la claridad antigua25, salva que pudiera excusar hablando con V. m., pues Frustra exprimitur, quod tacite subintelligitur, l. iam dubitari26. Pues pudiera con más razón haber gastado estas disculpas en darla a tan grande ingenio, si no lo es que por no haberle hallado cosa igual, busque mi atrevimiento: pues dejando tantas insignes partes, pudiera decir mejor que se dijo por Baldo: Nemo (quod hunc latuit) scivit: si iura Monarcham ferre queunt, tanto hic nomine dignus erit27. Dios guarde a Vuestra merced, como deseo.
Su Capellán,
Lope de Vega Carpio