IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

La Mort d’Achille et la dispute de ses armes

Benserade, Isaac de

Éditeur scientifique : Fournial, Céline

Description

Auteur du paratexteBenserade, Isaac de

Auteur de la pièceBenserade, Isaac de

Titre de la pièceLa Mort d’Achille et la dispute de ses armes

Titre du paratexteAu lecteur

Genre du textePréface

Genre de la pièceTragédie

Date1636

LangueFrançais

ÉditionParis : Antoine de Sommaville, 1636, in-4°

Éditeur scientifiqueFournial, Céline

Nombre de pages1

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71659z/f6

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Benserade-MortAchille-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Benserade-MortAchille-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Benserade-MortAchille-Preface.odt

Mise à jour2013-06-05

Mots-clés

Mots-clés français

SourcesHomère ; Dictys de Crète ; Darès de Phrygie

SujetCélèbre ; historique

DramaturgieActions propres au dénouement ; ornements

ActionUnité ; épisode

Personnage(s)Achille ; Ajax

RéceptionAnticipation des critiques

FinalitéÉmotions ; finalité esthétique

AutreAllusion à La Mort de César de Scudéry

Mots-clés italiens

FontiOmero ; Ditti Cretese ; Darete Frigio

ArgomentoCelebre ; storico

DrammaturgiaAazioni proprie del finale ; ornamenti

AzioneUnità ; episodio

Personaggio(i)Achille ; Aiace

RicezioneAnticipazione delle critiche

FinalitàEmozioni ; finalità estetica

AltriAllusione a La Mort de César di Scudéry

Mots-clés espagnols

FuentesHomero ; Dictis de Creta ; Dares de Frigia

TemaFamoso ; histórico

DramaturgiaAcciones propias del desenlace ; ornamentos

AcciónUnidad ; episodio

Personaje(s)Aquiles ; Áyax

RecepciónAnticipación de las críticas

FinalidadEmociones ; finalidad estética

OtrasAlusión a La Mort de César de Scudéry

Présentation

Présentation en français

À partir de 1634, lorsque la tragédie renaît sur la scène professionnelle parisienne, les auteurs vont de préférence chercher leur inspiration dans la mythologie ou l’histoire antique et reprennent des sujets déjà traités par leurs prédécesseurs Garnier, Montchrestien ou Hardy. Le jeune Benserade ne déroge pas à la règle lorsqu’il compose sa deuxième tragédie, La Mort d’Achille et la dispute de ses armes, publiée un an après sa Cléopâtre (1635). Or, s’il choisit un sujet mythologique – l’amour du héros grec pour Polyxène – il prétend dans son avis « Au lecteur » ne pas s’être écarté de la « vérité » et allègue des sources alors réputées historiques. Loin de citer tous les auteurs qui l’ont inspiré, Benserade se livre à une sélection qui soulève la question de la légitimité des sources tragiques. Mais, au seuil de sa pièce, il s’attache surtout à répondre aux critiques que son cinquième acte consacré à la dispute des armes d’Achille et au suicide d’Ajax n’a pas manqué de susciter. Conférant à cette dernière action le statut d’épisode, Benserade tente de montrer que sa pièce n’enfreint pas « les lois fondamentales du poème dramatique ». Cette justification signale les progrès de l’unité d’action dans la dramaturgie du milieu des années 1630, même si la conception de cette règle reste relativement souple. Probablement conscient de la fragilité de son argumentation, Benserade quitte ensuite le terrain de la régularité pour présenter son cinquième acte comme une conclusion ornementale dédiée à la gloire d’Achille.

Texte

Afficher les occurrences dans les notes

Au lecteur

[NP1] Le sujet de cette tragédie est assez fameux pour n’être pas ignoré de ceux qui la liront, puisque les plus beaux gestes1 de celui qui en est le héros sont écrits d’un style si merveilleux par le divin Homère2 ; quelques auteurs, comme Darès Phrygius et Dictys Cretensis, en parlent historiquement et avec plus de vraisemblance3, j’ai pris des uns et des autres ce que j’en ai jugé nécessaire pour l’embellissement de la chose sans en altérer la vérité4. Je m’assure que l’on m’accusera d’avoir ici choqué les lois fondamentales du poème dramatique en ce que j’ajoute à la mort d’Achille, qui est mon objet, la dispute de ses armes et la mort d’Ajax, qui semble être une pièce détachée5, mais je m’imagine que mon action n’en est pas moins une, et que cette dispute et cette mort qui pourrait6 ailleurs tenir lieu d’une principale action ne doit être ici considérée qu’en qualité d’épisode et d’incident, vu qu’elle regarde principalement Achille, et qu’elle n’est pas le véritable but de ma tragédie, bien que ce soit par où elle finit7. S’il fallait toujours finir par la mort du premier acteur8, le théâtre se verrait souvent dépouillé de ses plus beaux ornements, la mort de César ne serait pas suivie du pitoyable spectacle de sa chemise sanglante qui fait un si merveilleux effet9, et qui pousse si avant dans les cœurs la compassion, le regret et le désir de vengeance. Quand Ajax se tue du désespoir d’être frustré des armes d’Achille, il ne donne pas tant une marque de sa générosité qu’il laisse un témoignage du mérite de ce qu’il recherchait, et par conséquent cet acte ne tend qu’à l’honneur de mon héros. En tout cas si j’ai failli pardonne-moi, et puisqu’il ne m’est pas permis d’espérer une juste louange de la meilleure de mes productions, souffre que je tire un peu de gloire de la plus belle de mes fautes.