Préface
Iphis et Iante
Benserade, Isaac de
Éditeur scientifique : Blondet, Sandrine
Description
Auteur du paratexteBenserade, Isaac de
Auteur de la pièceBenserade, Isaac de
Titre de la pièceIphis et Iante
Titre du paratexteAu Lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceComédie
Date1637
LangueFrançais
ÉditionParis, Sommaville, 1637, in-4°. (Numérisation en cours)
Éditeur scientifiqueBlondet, Sandrine
Nombre de pages1
Adresse source
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Benserade-Iphis-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Benserade-Iphis-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Benserade-Iphis-Preface.odt
Mise à jour2015-02-27
Mots-clés
Mots-clés français
SourcesLes Métamorphoses d’Ovide
Sujet« Stérilité du sujet »
Dramaturgie« Ajustement et liaison » des intrigues
RéceptionLecteur juge de la fidélité de Benserade à Ovide
Mots-clés italiens
FontiLe Metamorfosi di Ovidio
Argomento« Sterilità »
DrammaturgiaOrdinamento e legame degli intricci
RicezioneLettore giudice della fedeltà di Benserade a Ovidio
Mots-clés espagnols
FuentesLas Metamorfosis de Ovidio
Tema« Esterilidad del sujeto »
DramaturgiaAjuste y enlace de las intrigas
RecepciónLector juez de la fidelidad de Benserade para con Ovidio
Présentation
Présentation en français
De fait, ce sujet posait de multiples problèmes. En premier lieu, seuls deux personnages ont chez Ovide une véritable existence, c’est-à-dire, au théâtre, une voix : Iphis et sa mère. Ensuite, la source ne propose aucun rôle masculin3. Enfin, puisqu’il est question de mariage, la comédie devait comporter un autre couple, pour constituer ce que Corneille appelle « intriques d’amour » et « fourberies »4. Le problème se redoublait alors du fait que le couple central est constitué de deux femmes, ce qui semblait annuler de facto la possibilité d’un rôle masculin, et donc celle de ce deuxième couple, censé fomenter ou susciter cet « intrique ». Pour lever ces difficultés dramaturgiques, Benserade invente deux personnages masculins, rétablissant ainsi la possibilité de deux couples, et la rivalité amoureuse qu’ils autorisent. Simultanément, il fonde sa comédie sur la chaîne d’amours contrariées qu’avait imposée le modèle pastoral. Enfin, il assure « l’ajustement et la liaison » de l’ensemble, conformément à une unité d’action que ses pièces suivantes ne s’attacheront pas toujours à respecter5.
Tous ces éléments l’amènent ainsi à proclamer que « c’est même une métamorphose » qu’il porte à la scène. Déclaration fière, qu’il est possible de lire comme une réponse à Mairet, dont la préface de La Silvanire affirmait en 1631 : « Au reste le sujet de la comédie doit bien être une pure feinte, et non pas une fable ; car fable est une invention de choses qui ne sont pas, et qui ne peuvent être, comme les Métamorphoses d’Ovide »6.
Ce faisant, Benserade passe néanmoins sous silence l’aspect majeur de sa comédie : la nature potentiellement scandaleuse de son sujet, et les amours lesbiennes que son adaptation n’hésite pas à montrer sur scène (voir notamment la première scène de l’acte IV). À la différence d’Ovide, le dramaturge situe d’ailleurs la métamorphose après le mariage, ce dont résulte une ambiguïté accrue, susceptible de plaire à la frange la plus libertine du public parisien. À première vue, l’absence totale de témoignages quant à la réception de la comédie confirmerait l’insuccès d’une pièce jugée trop licencieuse. Mais la production contemporaine présente d’autres scènes liées au thème de l’homosexualité féminine7, si bien que ce silence montrerait au contraire que le motif, le plaisir défendu et les jeux de travestissement et d’identité qui l’accompagnent, correspondaient à certaines attentes dramatiques du temps8. La préface, avec humour, détournerait ainsi l’attention sur les questions dramaturgiques, non pour camoufler la nature scabreuse du sujet mais pour mieux laisser advenir la félicité des amants.
Texte
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Au Lecteur
Ce petit mot pour t’avertir d’une chose que tu sais peut-être aussi bien que moi, c’est que cette comédie est tirée du neuvième Livre des Métamorphoses d’Ovide, et que c’est même une métamorphose que j’ai accommodée au théâtre. La stérilité du sujet m’a obligé d’y coudre quelques intrigues dont l’ajustement et la liaison n’a9 point paru tout à fait désagréable. Je n’aspire pas à la gloire d’égaler Ovide, ce me sera beaucoup si je ne l’ai point fait rougir ; tu en seras l’équitable Juge. Adieu, excuse les fautes de l’impression s’il y en a, et fais grâce aux miennes.