IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Panthée, tragédie de Monsieur de Tristan

L’Hermite, Tristan

Éditeur scientifique : Déléris, Alban

Description

Auteur du paratexteL’Hermite, Tristan

Auteur de la pièceL’Hermite, Tristan

Titre de la piècePanthée, tragédie de Monsieur de Tristan

Titre du paratexteAvertissement à qui lit

Genre du textePréface

Genre de la pièceTragédie

Date1639

LangueFrançais

ÉditionParis, Augustin Courbé, 1639, in-12. (Numérisation en cours)

Éditeur scientifiqueDéléris, Alban

Nombre de pages3

Adresse source

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Tristan-Panthee-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Tristan-Panthee-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Tristan-Panthee-Preface.odt

Mise à jour2015-07-17

Mots-clés

Mots-clés français

GenreTragédie

ComédiensÉloge de Montdory

RéceptionPrédilection pour Mariane

Relations professionnellesDifficultés propres à l’écriture théâtrale ; réussite de l’œuvre théâtrale subordonnée au talent des acteurs

ActualitéGoût de Richelieu pour le théâtre

Mots-clés italiens

GenereTragédie

AttoriÉloge de Montdory

RicezionePrédilection pour Mariane

Rapporti professionaliDifficultés propres à l’écriture théâtrale ; réussite de l’œuvre théâtrale subordonnée au talent des acteurs

AttualitàGoût de Richelieu pour le théâtre

Mots-clés espagnols

GéneroTragedia

Actor(es)Elogio de Montdory

RecepciónPredilección por Mariane

Relaciones profesionalesDificultades propias de la escritura teatral ; éxito de la obra teatral subordinada al talento de los actores

ActualidadGusto de Richelieu por el teatro

Présentation

Présentation en français

Dans l’avertissement de la tragédie Panthée, Tristan évoque sa préférence pour son autre tragédie Mariane, créée au printemps 1636, et qui avait obtenu les suffrages du public. Pour justifier cet échec populaire, le dramaturge invoque plusieurs raisons. Outre une « secrète raison », il fait allusion à son état de santé, la maladie de l’auteur expliquant les faiblesses de l’œuvre dramatique. Surtout, il s’attarde longuement sur l’accident arrivé à l’acteur principal du Théâtre du Marais, Montdory, à qui il destinait le rôle principal de sa pièce. Victime d’une crise d’apoplexie alors qu’il interprétait le personnage d’Hérode dans la précédente tragédie de Tristan, le célèbre acteur dut en effet interrompre sa carrière. Faisant l’éloge de Montdory, dont les compositions poussaient le mimétisme entre le personnage et le comédien jusqu’à l’extrême, l’auteur de Panthée évoque son découragement et sa lassitude à écrire des tragédies, dont peine même à le divertir l’engouement du cardinal de Richelieu pour le théâtre.

Texte

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Avertissement à qui lit.

{NP1} À peine peut-on s’imaginer qu’il y ait assez de matière en l’aventure de Panthée pour faire deux actes entiers1 : c’est un champ fort étroit et fort stérile, que je ne pouvais cultiver qu’ingratement. Aussi, n’eût été quelque secrète raison2, j’eusse pris un plus favorable sujet pour donner une sœur à Mariane3. Véritablement il faut avouer que nonobstant les avantages que la jeunesse peut donner, l’aînée a plus de beauté que la cadette, et qu’il s’en faut quelque chose que cette dernière production de mon esprit ne mérite autant d’applaudissements que la première. Aussi pour le confesser ingénument, avec ce que la différence du sujet met de la différence dans le travail4, l’un de ces poèmes fut élaboré dans un assez tranquille loisir ; et l’autre n’a reçu ses finissements que dans les intervalles d’une maladie5. Tellement qu’on ne trouvera pas étrange que l’ouvrage d’un homme languissant ait moins de vigueur que celui d’un homme {NP2} qui se porte bien. Au reste, j’ai cru toutefois que cette tragédie ne manquerait pas d’agrément, et que cette maîtresse aurait des amants aussi bien que l’autre. Mais elle n’était pas née sous une assez bonne constellation pour répondre à mon espérance : elle s’est sentie du funeste coup dont le théâtre du Marais6 saigne encore, et pris7 part en la disgrâce d’un personnage dont elle attendait un merveilleux ornement. Il est aisé de deviner que c’est de l’accident du célèbre Montdory8 qu’elle a reçu du préjudice. Sans mentir, on peut dire que ce n’est pas un homme vulgaire9 ; et sans offenser beaucoup d’excellents comédiens qui sont maintenant en réputation, je puis lui donner de grandes louanges. Cet illustre acteur ne tient point sa gloire du hasard, ou de l’aveuglement des hommes ; c’est par de merveilleuses qualités qu’il a forcé toute la France de rendre justice à son mérite et qu’il aurait obtenu de l’Antiquité des couronnes et des statues. Jamais homme ne parut avec plus d’honneur sur la scène : il s’y fait voir tout plein de la grandeur des passions qu’il représente ; et comme il en est préoccupé10 lui-même, il imprime fortement dans les esprits tous les sentiments qu’il exprime. Les changements de son visage semblent venir des mouvements de son cœur, et les justes muances11 de sa parole et la bienséance de ses actions forment un concert admirable qui ravit tous ses spectateurs. {NP3} C’est de ce miraculeux imitateur que j’attendais le coloris de cette peinture ; et c’est celui qui lui devait donner tout ensemble de la grâce et de la vigueur12. Sans cette espèce d’apoplexie dont il n’est pas encore guéri parfaitement, il aurait fait valoir Araspe aussi bien qu’Hérode, et donné de favorables impressions de cet ouvrage avant qu’il parût sur le papier13. Aussi je te dirai, lecteur, que j’ai presque perdu depuis son mal la disposition d’esprit que j’avais pour écrire en ce genre dramatique14 ; et que n’était que Monseigneur le Cardinal se délasse parfois en l’honnête divertissement de la comédie15, et que son Éminence me fait l’honneur de me gratifier de ses bienfaits, j’appliquerais peu de mon loisir sur les ouvrages de théâtre. C’est un labeur pénible, dont le succès est incertain. Et quand même on serait assuré d’en obtenir des applaudissements et des louanges, ce serait beaucoup se travailler pour ne rien acquérir que du bruit et de la fumée.