IdT – Les idées du théâtre


 

Prologue

L’Histoire de Joseph, extraite de la Sainte Bible, et réduite en forme de comédie, nouvellement traduite du Latin de Macropédius en langage français par Antoine Tiron

Macropedius, Georgius

Éditeur scientifique : Lardon, Sabine

Description

Auteur du paratexteMacropedius, Georgius

Auteur de la pièceMacropedius, Georgius

Titre de la pièceL’Histoire de Joseph, extraite de la Sainte Bible, et réduite en forme de comédie, nouvellement traduite du Latin de Macropédius en langage français par Antoine Tiron

Titre du paratextePrologue

Genre du textePrologue

Genre de la pièceComédie

Date1564

LangueFrançais

ÉditionAnvers, Jean Wæsberghe 1564, in-8°

Éditeur scientifiqueLardon, Sabine

Nombre de pages5

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70593m.r

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Tiron-Joseph-Prologue.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Tiron-Joseph-Prologue.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Tiron-Joseph-Prologue.odt

Mise à jour2013-05-23

Mots-clés

Mots-clés français

GenreFable ; comédie

SourcesBible

SujetFaits vraisemblables

LieuConvenance par rapport au lieu

TempsConvenance par rapport au temps ; unité de temps ; durée des événements ; règles de la comédie

ActionVie du personnage

Personnage(s)Joseph

ComédiensActeur

ReprésentationPublic ; assister ; voir ; écouter ; silence

FinalitéMorale ; édification

Mots-clés italiens

GenereFavola ; commedia

FontiBibbia

ArgomentoFatti verosimili

LuogoConvenienza rispetto al luogo

TempoConvenienza rispetto al tempo ; unità di tempo ; durata degli eventi ; regole della commedia

AzioneVita del personaggio

Personaggio(i)Giuseppe

AttoriAttore

RappresentazionePubblico ; assistere ; vedere ; ascoltare ; silenzio

FinalitàMorale ; edificazione

Mots-clés espagnols

GéneroFábula ; comedia

FuentesBiblia

TemaHechos verosímiles

LugarLo representable en función del lugar

TiempoLo representable en función del lugar ; unidad de tiempo ; duración de los acontecimientos ; reglas de la comedia

AcciónVida del personaje

Personaje(s)José

Actor(es)Acteur

RepresentaciónPúblico ; asistir ; ver ; oír ; silencio

FinalidadMoral ; edificación

Présentation

Présentation en français

Adressé au public, ce prologue développe la distinction entre la vérité de l’histoire et la vraisemblance de la fable représentée par la comédie. En cette période où les autorités catholiques comme protestantes réprouvent les représentations1, le théâtre scolaire échappe à cette condamnation. Antoine Tiron est un professeur de français vivant aux Pays-Bas et publiant à Anvers, à l’instar de Gérard de Vivre ou Pierre Heyns2. Il traduit cette pièce, ainsi que son prologue, de Georgius Van Langeveld, dit Macropedius3, savant et pédagogue renommé, recteur de plusieurs écoles successives et spécialiste des langues anciennes (grec, latin hébreu et chaldéen), mais également auteur de plusieurs pièces néo-latines4. Au début du prologue, l’auteur s’adresse à son public, évoquant ses précédentes comédies qui ont reçu un bon accueil – en particulier sa Comédie du Lazare –, pour introduire le sujet de sa nouvelle pièce, également empruntée aux « Saintes Écritures » et évoquant « l’honnête » Joseph. Celle-ci est qualifiée de « fable ». Ce terme, qui apparaît dès la première ligne du prologue traduit, est ensuite longuement justifié (d’autant qu’il est ici attribué à un sujet sacré), l’auteur distinguant la vérité qui est le propre de l’histoire et le vraisemblable (« la semblance du vrai ») qui est le propre des comédies et tragédies, lesquelles relèvent de « l’artifice »5. Dans le premier cas, l’on relate tout ce qui est « propre » aux personnages ; dans le second, seulement ce qui est « apte et vraisemblable », mais également convenable (ce terme n’est pas employé, mais la vraisemblance est assujettie à ce qui « pour le regard du temps et du lieu s’est pu dire pertinemment »). Si l’auteur explique que l’acteur aura à traiter non la vie entière de Joseph, mais une sélection d’événements, ceux-ci n’en suivent pas moins « le fil et ordre » de la vie de Joseph « par longs intervalles de temps », afin de représenter (« démontrer ») cette histoire sainte à des « gens simples », le choix du public allant de pair avec une démarche ouvertement pédagogique, au détriment des règles de la comédie (« lois comiques »), que l’auteur se défend de connaître pourtant (allusion à l’unité de temps6 non respectée). C’est sur cette dimension pédagogique que se termine le prologue, qui renouvelle plaisamment la captatio benevolentiæ comique des auteurs antiques (Térence et Plaute : « Tenez-vous coi, oyez et regardez ») en ajoutant que « nul ne fasse mal son profit » des faits et gestes de la femme impudique, sous-entendant qu’il faut « faire son profit » à l’inverse du personnage de « Joseph garant de chasteté ». Ces derniers mots du prologue soulignent la portée édifiante et morale de la comédie sainte.

Texte

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Prologue                

[NP1] Comme ainsi soit7 que l’auteur de cette fable eut, longtemps a8, entendu que vous, qui ci assistez, avez bénignement9 reçu sa Comédie du Lazare10, ensemble plusieurs autres11, lesquelles il vous a fait voir, il a en soi proposé (moyennant qu’il vous plaise l’écouter) de vous en représenter une autre extraite aussi des saintes Écritures, à laquelle il a imposé l’honnête nom de Joseph. Quelqu’un d’entre vous autres, peut-être, s’ébahira, dont j’ai nommé fable une chose sainte et sacrée, mais que [NP2] tel se persuade et croie que tout ce qui se traite par artifice tragique et comique est par les poètes nommé fable. Pour autant que l’on n’y couche pas tant la vérité du fait (qui est le propre de l’histoire) que la semblance du vrai y est dépeinte, ce qui gît en l’artifice. D’autant que le poète n’a coutume d’attribuer aux personnages, ce qu[i]12 du tout13 leur est propre, mais bien choses qui [leur14] sont aptes15 et vraisemblables, comme ce que pour le regard du temps et du lieu s’est pu dire pertinemment. Pour ces raisons, ne pensent ceux qui sont venus nous écouter qu’en oyant souvent nommer Joseph, sui[NP3]vant le thème pris, que l’acteur veuille derechef16 et tout au long retistre17 la vie de ce personnage, car cela nullement ne compette18 à l’artifice de Comédie. Mais bien dira comme19 par l’envie et émulation de ses frères il fut vendu, comme il fut serviteur du Prince d’Égypte, comment refusant la compagnie de sa dame, il fut jeté en prison, et finablement, comme par commandement du roi, il en fut hors mis et établi sur tous les affaires royaux. C’est ce qu’il vous démontrera20 à la manière comique. Quant au surplus, que ce ne soit attribué à ignorance ou nonchalance [NP4] vilaine de l’art comique, dont il exhibe les choses qui sont advenues par longs intervalles de temps, tout d’un train, comme s[i] elles fussent succédées par ordre l’une après l’autre, et tout d’une tire. D’autant qu’il a mieux aimé démontrer21 au simple peuple une histoire sainte, selon son fil et ordre (comme autrefois il a fait) que trop rigoureusement garder les lois comiques. Or à Dieu tous les assistants22, et pour les farces amoureuses des paillardes23, jetez les yeux sur Joseph patron et protecteur de chasteté. Tenez-vous coi, oyez et regardez. Mais holà, j’avais presque oublié ce qu’il me fallait [NP5] dire d’entrée. C’est qu’on vous prie que nul ne fasse mal son profit des propres saffres24 et déshonnêtes, ni des mines et gestes lubriques d’une femme impudique, pour autant que sans cela le chaste cœur de Joseph ne se pourrait bien représenter : mais (comme devant j’ai dit) recevez au lieu d’amours impudiques, Joseph garant de chasteté.