Dédicace
Le Charme de la voix
Corneille, Thomas .
Éditeur scientifique : Pavesio, Monica
Description
Auteur du paratexteCorneille, Thomas .
Auteur de la pièceCorneille, Thomas
Titre de la pièceLe Charme de la voix
Titre du paratexteSans titre
Genre du texteDédicace
Genre de la pièceComédie
Date1658
LangueFrançais
ÉditionImprimé à Rouen, L. Maurry / Paris, A. Courbé, G. de Luyne, 1658, in-12°. (Numérisation en cours)
Éditeur scientifiquePavesio, Monica
Nombre de pages3
Adresse source
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Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/ThomasCorneille-CharmeVoix-Dedicace.html
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Mise à jour2014-11-27
Mots-clés
Mots-clés français
SourcesLo que puede la aprensión (Ce que peut l’impression) d’Augustin Moreto
SujetSujet adapté
Personnage(s)Princesses et souverains ; valets et bouffons
ReprésentationÉchec
ActualitéGoût espagnol hors mode
Mots-clés italiens
FontiLo que puede la aprensión d’Augustin Moreto
ArgomentoArgomento adattato
Personaggio(i)Principesse e sovrani ; servi e buffoni
RappresentazioneInsuccesso
AttualitàI soggetti spagnoli ormai fuori moda
Mots-clés espagnols
FuentesLo que puede la aprensión de Agustín Moreto
TemaSujeto adaptado
Personaje(s)Princesas y soberanos ; criados y bufones
RepresentaciónFracaso
ActualidadGusto español pasado de moda
Présentation
Présentation en français
Texte
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Monsieur3,
{NP1} Je n’appellerai point du jugement du public sur cette comédie, pour tâcher à vous faire estimer davantage le présent que je vous en fais. Il peut se laisser surprendre dans les approbations qu’il donne, et ces tumultueux applaudissements qu’une première émotion lui fait quelquefois accorder d’abord à ce qu’il n’a pas bien examiné ne sont pas toujours d’infaillibles garants de la véritable beauté de nos poèmes ; mais il arrive rarement qu’il condamne ce qui mérite d’être approuvé4, et puisqu’il s’est déclaré contre celui-ci, je dois être persuadé qu’il a eu raison de le faire5. On m’accusera sans doute d’une franchise peu judicieuse d’en demeurer d’accord avec vous, lorsque je prends la liberté de vous l’offrir, et j’aurais lieu d’appréhender que vous n’entrassiez dans ce sentiment, si je n’étais assuré que vous ne m’imputerez pas ce qu’il a de plus défectueux, et que séparant ce que vous y connaîtrez de moi d’avec ce qui n’en est pas, vous serez assez équitable pour trouver de l’injustice à me vouloir faire répondre des fautes d’autrui6. J’ai rendu si religieusement jusqu’ici ce que j’ai cru devoir aux {NP2} auteurs espagnols qui m’ont servi de guides dans les sujets comiques qui ont paru de moi sur la scène avec quelque succès7, qu’on ne doit pas trouver étrange si, leur en ayant fait partager la gloire, je refuse de me charger de toute la honte qui a suivi le malheur de ce dernier, puisqu’en effet j’eusse peut-être moins failli si je ne me fusse pas attaché si étroitement à la conduite de D. Augustin Moreto, qui l’a traité dans sa langue sous le titre de Lo que puede la apprehension8 [sic]. Si vous voulez vous souvenir de la lecture que nous fîmes ensemble de cet original, avant que j’en commençasse la copie, vous vous souviendrez en même temps que j’en combattis opiniâtrement tous les caractères et soutins que, quelque soin que l’on apportât à les justifier pour le faire paraître avec quelque grâce sur notre théâtre, il serait impossible d’en venir à bout sans faire voir toujours ceux qui sont intéressés dans cette intrigue9 plus capricieux que raisonnables ; néanmoins cet excellent ami qui me portait à ce dessein appuya si fortement devant vous le conseil qu’il m’avait déjà donné d’y travailler, que vous vous en laissâtes vous-même persuader et crûtes que, puisque la bizarrerie10 des motifs qui font agir tous les personnages de cette comédie avait été reçue en Espagne avec acclamation, il y avait lieu d’espérer que, pour peu que j’employasse d’adresse à les rendre plus justes11, ils ne déplairaient pas en France. Il n’en {NP3} fallut point davantage pour me forcer à me rendre ; je ne voulus plus opposer que le goût des deux nations est fort différent, que ces entretiens de valets et de bouffons avec des princesses et des souverains, que l’une12 souffre toujours avec plaisir dans les actions les plus sérieuses, ne sont jamais supportables à l’autre13 dans les moins importantes14, et que les plus ingénieuses nouveautés deviennent rarement capables de nous divertir quand elles semblent en quelque sorte opposées à la raison15. L’événement a fait voir que je n’en avait pas mal jugé. Je ne saurais toutefois me repentir entièrement de m’être exposé à cette petite disgrâce contre mes sentiments, puisqu’elle vous doit convaincre de la déférence que j’ai pour les vôtres et de la passion avec laquelle je suis,
Monsieur,
votre très humble serviteur,
T. Corneille