IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Le Procès des Précieuses

Somaize, Antoine Baudeau de

Éditeur scientifique : Piot, Coline

Description

Auteur du paratexteSomaize, Antoine Baudeau de

Auteur de la pièceSomaize, Antoine Baudeau de

Titre de la pièceLe Procès des Précieuses

Titre du paratexteAu lecteur

Genre du textePréface

Genre de la pièceComédie

Date1660

LangueFrançais

ÉditionParis, Loyson, 1660 in 12°

Éditeur scientifiquePiot, Coline

Nombre de pages6

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k711060

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Somaize-Proces-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Somaize-Proces-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Somaize-Proces-Preface.odt

Mise à jour2015-08-08

Mots-clés

Mots-clés français

GenrePoème burlesque

DramaturgieExigence de vraisemblance ; liaison des scènes facultative

FinalitéDivertir ; faire rire

ExpressionStyle burlesque

AutreAuto-promotion d’un autre ouvrage : annonce d’une « Pompe funèbre d’une Précieuse »

Mots-clés italiens

GenerePoema burlesco

DrammaturgiaEsigenza di verosimiglianza ; legame facultativo tra le scene

FinalitàDivertire ; far ridere

EspressioneStile burlesco

AltriAuto-promozione di altri opere : annuncio di una « Pompa funebre di una Précieuse »

Mots-clés espagnols

GéneroPoema burlesco

DramaturgiaExigencia de verosimilitud ; enlace facultativo de escenas

FinalidadDivertir ; hacer reír

ExpresiónEstilo burlesco

OtrasAuto-promoción de otras obras : anuncio de una « Pompa fúnebre de una Preciosa »

Présentation

Présentation en français

Parce que la petite comédie de Somaize met en scène le procès des Précieuses, accusées par un noble du Mans de corrompre les esprits, l’auteur file la métaphore judiciaire tout au long de sa préface dans une logique de continuité entre le texte et le paratexte. C’est l’occasion pour ce polémiste accompli d’exposer la défense de la comédie dans le cadre de la satire traditionnelle de la justice, susceptible de divertir le lecteur contemporain.

La préface se construit sur une logique de prétérition : tout en refusant apparemment de défendre sa petite comédie, Somaize revient sur le style et le sujet de celle-ci, et sur des questions de vraisemblance et de liaison des scènes. La légitimation de ces points semble pourtant superficielle : les règles poétiques ne sont rappelées que pour être écartées d’un revers de la main par le préfacier, qui ne se reconnaît qu’un seul but, faire rire, et qu’une seule règle, « tout est permis, pourvu que [la comédie] fasse rire ».

La désinvolture de l’auteur, qui, après avoir avoir nommé sa comédie « bagatelle » dans la dédicace adressée à la Marquise de Monlouet, l’appelle simplement dans son avis au lecteur « poème burlesque », ne doit pas masquer la stratégie publicitaire du texte : tout en vantant les mérites de la comédie, il fait la réclame d’une œuvre à venir, dans une logique auto-promotionnelle propre à Somaize.

Texte

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Au lecteur

[NP1] Je te donne ici un procès1 dont le sujet est si nouveau que, malgré toute l’antiquité de la chicane, on n’en avait point encore vu de semblable au Palais : il s’y est fourré comme en son pays natal, et bien qu’il soit né dans un lieu fort tranquille, il n’a pas laissé de passer dans celui du trouble et de l’embarras. En vain j’ai tâché par raison de le retenir : la démangeaison d’avoir ton jugement m’a forcé de l’exposer à [NP2] recevoir de toi un arrêt moins favorable que celui que mes amis en ont porté. Je n’en appellerai point, et ne croirai pas même que tu me fasses d’injustice en le condamnant2 ; mais comme tu peux lui être contraire par plusieurs raisons, il me semble assez juste de te dire ce que la liberté du poème burlesque y a rendu raisonnable3, qui est premièrement l’expression, qui, dans ces sortes de comédies, fait une partie du plaisant et reçoit toutes sortes de façons de parler ; le sujet ensuite, qui dépend entièrement de l’imagination, et qui n’a besoin, pour être reçu, que du passeport de [NP3] la vraisemblance. Il serait besoin ici de faire un long discours pour expliquer ce que c’est que vraisemblance ; mais pour te le dire en deux mots, c’est tout ce qui, bien qu’extraordinaire par sa nouveauté, tombe néanmoins assez dessous les sens pour persuader à l’esprit que cela peut arriver sans renverser l’ordre établi dans le cours des choses, ce qui dépend souvent bien plus de l’arrangement des actions que des actions mêmes. Peut-être m’accuseras-tu d’y avoir manqué, précipitant en un jour un procès qui, selon la coutume des modernes, dure pour [NP4] l’ordinaire des six mois. Mais le théâtre peut bien donner cette licence, puisque la raison et l’utilité voudraient qu’ils4 ne fussent pas plus longs, outre que, ceci étant plutôt un arbitrage en forme qu’un jugement réglé, il ne faut pas s’étonner qu’il aille si vite. Aussi n’est-ce pas là de quoi je veux le plus me défendre, et les scènes déliées5, qui sont présentement tout à fait condamnées dans les pièces régulières, et que j’ai laissé passer dans cette comédie, me fourniraient une ample matière d’apporter quantité d’excuses, ce que je ne fe[NP5]rai pourtant pas, croyant qu’elles ne sont pas tout à fait condamnables dans une pièce burlesque, qui est proprement un ouvrage où tout est permis, pourvu qu’il fasse rire. Comme je te l’ai donné pour te divertir, je te prie, si tu ne le trouves pas assez plaisant, de te donner quelque jour de patience ; j’en exposerai un autre à ta censure qui pourra réparer les défauts de celui-ci : ce sera la Pompe funèbre d’une précieuse avec toutes les cérémonies de ce fameux convoi6. Que ces termes de lugubres et funestes ne t’épouvan[NP6]tent point, car je puis t’assurer que cet enterrement n’aura rien de triste que son nom.