Préface
Andromire
Scudéry, Georges de
Éditeur scientifique : Baby, Hélène
Description
Auteur du paratexteScudéry, Georges de
Auteur de la pièceScudéry, Georges de
Titre de la pièceAndromire
Titre du paratexteAu Lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceTragi-comédie
Date1641
LangueFrançais
ÉditionParis, Antoine de Sommaville, 1641, in-4°.
Éditeur scientifiqueBaby, Hélène
Nombre de pages3
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k727464.r
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Scudery-Andromire-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Scudery-Andromire-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Scudery-Andromire-Preface.odt
Mise à jour2012-12-04
Mots-clés
Mots-clés français
GenreTragi-comédie / tragédie
ActionNécessité des épisodes
RéceptionSuccès remporté par le genre
FinalitéAgrément ; beauté
AutreThéâtre et peinture ; théâtre et architecture ; composite ; Poussin
Mots-clés italiens
GenereTragicommedia / tragedia
AzioneNecessità degli episodi
RicezioneSuccesso del genere
FinalitàPiacere ; bellezza
AltriTeatro e pittura ; teatro e architettura ; composito ; Poussin
Mots-clés espagnols
GéneroTragicomedia / tragedia
AcciónEpisodios imprescindibles
RecepciónÉxito del género
FinalidadPlacer ; belleza
OtrasTeatro y pintura ; teatro y arquitectura ; belleza de lo compuesto ; Poussin
Présentation
Présentation en français
Texte
Afficher les occurrences dans les notes
Au Lecteur
[NP1] Quoique les Anciens aient à peine connu le poème tragi-comique1, je pense que nous pouvons assurer, sans perdre le respect que nous leur devons, que s’il n’est le plus parfait, il est du moins le plus agréable. C’est une chose que le sentiment public a déterminée, et que notre plaisir particulier nous a fait connaître à tous par expérience : et certes cette juste médiocrité, où l’on dit que se trouve la perfection de toutes choses2, s’y rencontre admirablement. Ce beau et divertissant poème, sans pencher trop vers la sévérité de la tragédie, ni vers le style railleur de la comédie, prend les beautés les plus délicates de l’une et de l’autre ; on peut dire qu’il est toutes les deux ensemble, et quelque chose de plus. Mais que ceux qui n’approuvent point ce mélange, ne s’imaginent pas que les ouvrages de cette espèce soient des monstres comme les centaures3 : et qu’ils sachent au contraire, que, comme en l’architecture, on mêle les divers ordres ; et que du mélange des cinq il s’en fait un composé, qui n’est pas moins beau que les simples4 ; ici de même de l’assemblage de ces diverses beautés5, il résulte quelque chose d’excellent. Il est bien [NP2] difficile qu’une action toute nue, de l’une ou de l’autre manière6 , sans épisodes et sans incidents imprévus, puisse avoir autant de grâce que celle qui, dans chaque scène, montre quelque chose de nouveau ; qui tient toujours l’esprit suspendu ; et qui, par cent moyens surprenants, arrive insensiblement à sa fin. Pour moi, je mets la même différence entre ces sortes de poèmes qu’entre ces peintres qui ne savent faire qu’une figure à demi-corps, et cet illustre et fameux Poussin qui, pour la peinture, s’est rendu la gloire de son siècle et de sa patrie7 ; et qui, soit pour l’invention, pour l’ordonnance, ou pour le grand nombre de figures, qu’il fait mouvoir ou plutôt vivre dans ses tableaux8, qui sont des chefs-d’œuvre de ce bel art, a eu peu de maîtres aux siècles passés, et a peu d’égaux dans le nôtre. Je ne sais si j’ai raison de me faire une loi de mon expérience, mais je sais bien que, des treize poèmes que j’ai composés pour le théâtre, et qui tous ont été reçus du public plus favorablement que je ne le méritais, les tragi-comédies ont été les plus heureuses9, quoique chacun m’ait voulu faire croire que mon principal talent était dans les choses graves10. L’Andromire qui est ma dernière, et celle que je vous présente, m’a confirmé puissamment en mon opinion : et je serais plutôt ingrat que modeste, si je cachais ma reconnaissance après le succès qu’elle a eu. Aussi suis-je obligé d’avouer que, soit pour la fable ou pour les vers, pour [NP3] l’invention ou pour le style, elle est aussi bien que trois ou quatre autres des miennes, le dernier effort de mon esprit. Telle qu’elle est, Lecteur, je l’expose une seconde fois à votre jugement, sans répugnance et sans orgueil : et si vous n’approuvez au cabinet ce que vous approuvez sur la scène, vous me trouverez aussi prompt à corriger mes fautes, que celles de l’imprimeur. Croyez-le donc, mon cher Lecteur, puisque cette protestation est aussi vraie, qu’il est vrai que je m’appelle De Scudéry.