Préface
Le Pénégyrique de l’Ecole des femmes ou conversation comique sur les œuvres de M. de Molière
Robinet, Charles
Éditeur scientifique : Piot, Coline
Description
Auteur du paratexteRobinet, Charles
Auteur de la pièceRobinet, Charles
Titre de la pièceLe Pénégyrique de l’Ecole des femmes ou conversation comique sur les œuvres de M. de Molière
Titre du paratexteAu lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceComédie
Date1663
LangueFrançais
ÉditionParis : Loyson, 1663, in-12°
Éditeur scientifiquePiot, Coline
Nombre de pages6
Adresse sourceA numériser
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Mise à jour2017-03-30
Mots-clés
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Présentation
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Texte
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Au lecteur
{NP1}Ce sera si tu veux, moutarde après dîner2. En effet, c’est parler, ce semble, d’une chose lorsque l’on n’en dit plus mot et, selon le proverbe, réveiller le chat qui dort3. Mais il y a plus de trois mois que ceux qui te débitent4 ce panégyrique l’ont entre leurs mains. Néanmoins ce ne sera pas le dernier ouvrage sur le même sujet puisqu’il en paraît un depuis quelques jours sur le théâtre de la seule Troupe{NP2} Royale5 qui fait beau bruit, et duquel on a ajouté quelque chose en celui-ci6. Les libraires qui sont les grands parrains7 de ces sortes de pièces lui ont donné le nom qu’il leur a plu. Comme l’on ne s’y est point opposé on te permet aussi de le débaptiser et de lui en donner tel autre que tu jugeras lui être plus propre: l’enfant ne s’en portera ni pis ni mieux8. Mais on t’avertit que ce n’est pas une conversation imaginaire, et que ç’a été le véritable entretien de deux amants avec leurs maîtresses qui, désirant savoir si leurs futurs époux n’étaient point infectés des maximes de L’Ecole {NP3}des maris, et de celle des femmes9, si désavantageuses au sexe, les mirent adroitement sur ces beaux chapitres. Autrement, il y aurait peu d’apparence qu’on eût voulu s’attacher expressément à l’examen de quelques farces comme à des poèmes plus achevés que défectueux, et dont l’on ne remarque les petits défauts qu’avec regret d’en voir à ces chef-d’œuvres de la poésie, en la même façon que regardant une femme qui est belle mais qui a quelque chose d’irrégulier, l’on dit que c’est dommage, pource que sans cela, ce serait une beauté achevée, au lieu qu’on ne fait aucune réflexion sur une au{NP4}tre que la nature semble avoir fabriquée pour se moquer elle-même de son ouvrage. On ajoute à cet avis que celui qui a écrit cette conversation de laquelle il était a jugé qu’elle plairait davantage sous la forme qu’il lui a donnée10 que dans une narration de plain-pied qui n’aurait pu avoir les mêmes grâces. Au reste de quelque opinion et de quelque goût que tu sois, tu y trouveras quelqu’un de ton parti: puisque si Lidamon et Lisandre s’y déclarent, avec Bélise et Célante, contre les ouvrages du sieur de Molière, Palamède et Crysolite qui sont les deux amants, leur sont fa{NP5}vorables: y ayant beaucoup d’apparence lorsqu’ils chantent la palinodie11, comme tu verras, que ce n’est que par complaisance et quand ils ont reconnu que leurs amantes, en adroites femelles, leur tiraient les vers du nez pour en tirer les conséquences qui, peut-être, leur auraient été ruineuses12. On n’excuse point l’économie13 de cette petite galanterie: l’ouvrage n’est pas d’assez grande conséquence pour le traiter comme un mystère14. D’ailleurs, ou tu te connais aux choses, ou tu ne t’y connais pas. Si tu t’y connais, tu ne t’en tiendrais pas à ce qu’on t’en dirait. Et si tu ne t’y connais{NP6} pas, il ne servirait à rien de te découvrir le bon ou le mauvais: la lumière est inutile aux aveugles15. Ainsi l’on doit rire de ceux qui donnant quelque chose au public, composé de savants et d’ignorants, s’amusent à lui faire de grandes préfaces qui selon le principe infaillible qui vient d’être posé, leur sont entièrement inutiles s’ils n’y confessent ingénument leurs fautes aux intelligents pour en éviter la censure en leur faisant connaître qu’ils ne les ignorent pas, mais qu’ils n’ont pu faire mieux