Préface
La Thébaïde ou Les Frères ennemis
Racine, Jean
Éditeur scientifique : Forestier, Georges et Garnier, Sylvain
Description
Auteur du paratexteRacine, Jean
Auteur de la pièceRacine, Jean
Titre de la pièceLa Thébaïde ou Les Frères ennemis
Titre du paratextePréface
Genre du textePréface
Genre de la pièceTragédie
Date1675
LangueFrançais
ÉditionŒuvres de Racine, tome premier, Paris : Claude Barbin, 1675, in-12°. (Numérisation en cours)
Éditeur scientifiqueForestier, Georges et Garnier, Sylvain
Nombre de pages3
Adresse source
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Racine-Thebaide-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Racine-Thebaide-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Racine-Thebaide-Preface.odt
Mise à jour2013-05-25
Mots-clés
Mots-clés français
SourcesEuripide
SujetPlace de l’amour
DramaturgieDénouement sanglant
ActionDuplicité (dualité) d’action
AutreEuripide ; Heinsius ; Rotrou ; Sénèque ; Sophocle ; opposition déclamateur / poète
Mots-clés italiens
FontiEuripide
ArgomentoImportanza dell’amore
DrammaturgiaFine sanguigno
AzioneAzione doppia
AltriEuripide ; Hensius ; Rotrou ; Seneca ; Sofocle ; oratore / poeta
Mots-clés espagnols
FuentesEurípides
TemaLugar del amor
DramaturgiaDesenlace sangriento
AcciónDuplicidad (dualidad) de acción
OtrasEurípides ; Heinsiu ; Rotrou ; Séneca ; Sófocles ; oposición declamador / poeta
Présentation
Présentation en français
Texte
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Préface
{NP1} Le lecteur me permettra de lui demander un peu plus d’indulgence pour cette pièce, que pour les autres qui la suivent. J’étais fort jeune quand je la fis. Quelques vers que j’avais faits alors tombèrent par hasard entre les mains de quelques personnes d’esprit. Ils1 m’excitèrent à faire une tragédie, et me proposèrent le sujet de la Thébaïde. Ce sujet avait été autrefois traité par Rotrou sous le nom d’Antigone. Mais il faisait mourir les deux frères dès le commencement de son troisième acte2. Le reste était en quelque sorte le commencement d’une autre tragédie, où l’on entrait dans des intérêts tout nouveaux. Et il avait réuni en une seule pièce deux actions différentes, dont l’une sert de matière aux Phéniciennes d’Euripide, et l’autre à l’Antigone de Sophocle3. Je compris que cette duplicité d’action avait pu nuire à sa pièce, qui d’ailleurs4 était remplie de quantité de {NP2} beaux endroits5. Je dressai à peu près mon plan sur les Phéniciennes d’Euripide. Car pour la Thébaïde qui est dans Sénèque6, je suis un peu de l’opinion d’Heinsius, et je tiens comme lui que non seulement ce n’est point une tragédie de Sénèque, mais que c’est plutôt l’ouvrage d’un déclamateur, qui ne savait ce que c’était que tragédie7.
La catastrophe8 de ma pièce est peut-être un peu trop sanglante. En effet, il n’y paraît presque pas un acteur qui ne meure à la fin. Mais aussi c’est la Thébaïde. C’est-à-dire le sujet le plus tragique de l’Antiquité9.
L’amour qui a d’ordinaire tant de part dans les tragédies, n’en a presque point ici. Et je doute que je lui en donnasse davantage si c’était à recommencer. Car il faudrait ou que l’un des deux frères fût amoureux, ou tous les deux ensemble. Et quelle apparence de leur donner d’autres intérêts que ceux de cette fameuse haine qui les occupait tout entiers ? Ou bien il faut jeter l’amour sur un des seconds personnages comme j’ai fait. Et alors cette passion, qui devient comme étrangère au sujet, ne peut produire que de médiocres effets. En un mot je suis persuadé que les tendresses ou les jalousies des amants ne sauraient trouver que fort peu de place parmi les {NP3} incestes, les parricides et toutes les autres horreurs qui composent l’histoire d’Œdipe et de sa malheureuse famille10.