IdT – Les idées du théâtre


 

Dédicace

Clotilde

Prévost, Jean

Éditeur scientifique : Pavesio, Monica

Description

Auteur du paratextePrévost, Jean

Auteur de la piècePrévost, Jean

Titre de la pièceClotilde

Titre du paratexteÀ Monsieur de Chastenet, Baron de Murat, Conseiller du Roy et son Lieutenant Général à Limoges

Genre du texteDédicace

Genre de la pièceTragi-comédie

Date1613

LangueFrançais

ÉditionParis : Julian Thoreau, 1613, in-8°. (Numérisation en cours)

Éditeur scientifiquePavesio, Monica

Nombre de pages3

Adresse source

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Prevost-Clotilde-Dedicace.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Prevost-Clotilde-Dedicace.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Prevost-Clotilde-Dedicace.odt

Mise à jour2012-12-04

Mots-clés

Mots-clés français

GenreTragi-comédie

SujetNouveau, inconnu, amélioré

ActionIrrégulière

Personnage(s)Saint Léonard

RéceptionCrainte de reproches

ExpressionBasse

Relations professionnellesŒuvre de commande

Mots-clés italiens

GenereTragicommedia

ArgomentoNuovo, sconosciuto, migliorato

AzioneIrregolare

Personaggio(i)San Leonardo

RicezioneTimore dei rimproveri

EspressioneBassa

Rapporti professionaliOpera scritta su commisione

Mots-clés espagnols

GéneroTragicomedia

TemaNuevo ; desconocido ; mejorado

AcciónIrregular

Personaje(s)San Leonardo

RecepciónTemor a los reproches

ExpresiónBaja

Relaciones profesionalesObra de encargo

Présentation

Présentation en français

Le sujet de la tragi-comédie Clotilde est un miracle de Saint Léonard du Limousin, tiré de l’histoire de France. L’héroïne est Clotilde, reine de France, femme de Clovis ; ce n’est ni sa vie ni son mariage que l’auteur a voulu faire connaître, mais une miraculeuse guérison obtenue grâce à l’intercession de Saint Léonard. Ce miracle a rendu le territoire de la ville de Saint Léonard de Noblat, à 22 km à l’est de Limoges, fondé par le Saint, libre de tous genres d’impôts. Dans la dédicace, Jean Prévost s’adresse à Léonard de Chastenet, conseiller du roi et son lieutenant général à Limoges, pour demander au nouveau roi Louis XIII de conserver les privilèges de la ville et, successivement, pour justifier l’irrégularité de sa tragi-comédie. Il connaît les règles des Anciens, qu’il a choisis pour patrons, mais il a dû dans cette pièce, comme Euripide dans ses Suppliantes, se soumettre à la volonté des habitants de Saint Léonard de Noblat et composer une œuvre irrégulière.

Texte

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À Leonard de Chastenet1, Baron de Murat, Conseiller du Roy et son Lieutenant General à Limoges.

{NP1} Monsieur, il me semble que j’oy2 déjà les critiques censurer ma Clotilde, et reprendre la bassesse de mon style en cet œuvre, et la stérilité du sujet nouveau et inconnu, je leur avoue ingénument que si j’eusse suivi mon jugement, il m’était aisé de choisir une matière plus riche à m’exercer. De relever mon discours, peut-être, ne m’eût-il pas été du tout impossible, en le formant au moule des Anciens que j’ai choisis pour patrons3. Et de ce, je laisse au lecteur la liberté d’en juger sincèrement. Au moins s’il se trouve quelqu’un qui, par faute de meilleure occupation, veuille perdre du temps à lire ceci, car on ne voit point les livres de telle étoffe en autre saison4 que quand on est de loisir, la perte d’un quart heure est petite à ceux qui la passeraient bien ailleurs inutilement – Virgile ne dédaignait point {NP2} de lire et faire son profit des vers d’Ennius5 – ils y pourront par aventure rencontrer quelque chose qui leur plaise et, du moins, les incite à faire mieux.

La crainte de ces reproches, et autres que je prévois qu’on m’opposera, ne m’a point détourné de mettre au jour, sous les auspices de votre illustre nom, cette Tragi-comédie6, que je vous supplie recevoir en votre protection et la défendre des médisants, qui ne pourront la trouver que bonne, s’ils vous la voient approuver. J’ai tâché, par mon artifice d’embellir le sujet7 qui, représenté nuement, ne contenterait pas ces curieux, lesquels m’excuseront, peut-être, quand ils sauront que c’est un œuvre de commande8, où ceux du métier croient bien qu’on n’y peut égaler ce qui n’est de notre mouvement, et qu’il n’est en tout que de suivre son humeur, car je l’entrepris et le dressai à la sollicitation du Sieur Chalart, bourgeois de Saint Leonard, plus capable d’y mettre la main que moi9 ; j’en eus voulu prendre la peine, en faveur de ses concitoyens, qui, désireux de conserver leurs privilèges10, en ont voulu perpétuer la mémoire par mes écrits, s’ils ont pouvoir de parvenir à la postérité. Et vous dirai, Monsieur, que sa prière (qui m’était un commandement) me mit en peine de me résoudre: car, d’un côté reconnaissant mon insuffisance, je craignais de diminuer, en écrivant, la bonne opinion qu’ils avaient de moi et, en les éconduisant, je doutais qu’ils prissent ce refus pour un mépris, qui me fît tenir indigne de l’honneur que je recevais de leur part. Enfin je me mis en devoir de leur satisfaire, me ressouvenant qu’Euripide a bien composé ses Suppliantes à la louange d’Athènes – sic parvis componere magna solebam11 –, et j’oserais dire après l’Escale12, péché contre les règles de son art, pour gratifier{NP3} les Athéniens, et fait représenter, pour leur gloire, des combats qui ne pouvaient être donnés en si peu de temps et en telle distance de lieux, et à cela je me portai plus volontiers13 quand je m’avisai que vous, en la compagnie duquel je me vante avoir sucé le premier lait des Muses, la pourriez avoir agréable, tant pour gloire du Saint que vous révérez d’une dévotion particulière, et avez emprunté son nom, que pour l’affection que vous portez aux habitants vos justiciables14 que vous maintenez en leur franchise, et à la ville qui donna naissance à celle que vous chérissez le plus, et vous a produit une femme qui vous répond en parfaite amitié, et laquelle est digne d’éterniser votre race par un nombre de beaux enfants. Je leur souhaite à tous longue prospérité sous votre obéissance, en laquelle je proteste15 de vivre et me dire jusques à ma fin.

MONSIEUR.

Votre très-humble et très obéissant serviteur

J. PREVOST du Dorat