Préface en prose
Scipion l’Africain, tragédie
Pradon, Nicolas
Éditeur scientifique : Rescia, Laura
Description
Auteur du paratextePradon, Nicolas
Auteur de la piècePradon, Nicolas
Titre de la pièceScipion l’Africain, tragédie
Titre du paratextePréface
Genre du textePréface en prose
Genre de la pièceTragédie
Date1697
LangueFrançais
ÉditionParis, Thomas Guillain, 1697, in-12°
Éditeur scientifiqueRescia, Laura
Nombre de pages4
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5626255h.r
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Pradon-Scipion-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Pradon-Scipion-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Pradon-Scipion-Preface.odt
Mise à jour2015-03-09
Mots-clés
Mots-clés français
SujetAltération de l’Histoire ; vrai / vraisemblable
Personnage(s)Caractère amoureux ; conflit vertu / passion
RéceptionSuccès
AutreAristote ; Corneille ; Plutarque
Mots-clés italiens
ArgomentoAlterazione della Storia ; vero / verosimile
Personaggio(i)Carattere amoroso ; conflitto virtù / passione
RicezioneSuccesso
AltriAristotele ; Corneille ; Plutarco
Mots-clés espagnols
TemaAlteración de la Historia ; verdadero / verosímil
Personaje(s)Carácter enamorado ; conflicto virtud / pasión
RecepciónÉxito
OtrasAristóteles ; Corneille ; Plutarco
Présentation
Présentation en français
Texte
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Préface
[NP1] Si le succès d’un ouvrage doit le défendre contre la critique, et si la première et la plus infaillible règle du théâtre est celle de plaire, j’ose dire que, Scipion l’Africain ayant eu ce bonheur, je pourrais me dispenser de répondre aux critiques qu’on en a faites1. Cependant, sans me prévaloir des applaudissements que le public lui a donnés2, je vais tâcher en peu de mots d’en justifier la conduite. On me reproche d’avoir fait Scipion amoureux3 ; mais je soutiens que, le mettant sur la scène, j’ai dû lui donner ce caractère, qui relève son [NP2] action principale, qui est de vaincre sa passion, et de rendre sa maîtresse à son rival4. Aristote nous apprend qu’on peut ajouter quelque chose de vraisemblable au vrai5 ; et il est vraisemblable que Scipion à l’âge de vingt-quatre ans, ayant pris la plus belle personne de l’univers, ait été sensible à sa beauté, et qu’il ait rendu quelques combats, avant que de la rendre à Luceius, Prince des Celtibériens, à qui elle était promise6. D’ailleurs, si Scipion avait remis sa captive sans la voir, son action n’aurait pas été si belle que de la rendre après l’avoir vue, et après en avoir été vivement touché ; car, comme dit le grand Corneille,
[NP3] Il me semble même que Scipion aurait bien douté de sa vertu, et du pouvoir qu’il avait sur lui, de n’oser voir une très belle personne, de peur d’en être tenté. Comme l’Histoire ne nomme point cette belle captive, je la fais nièce d’Hannibal8, pour donner un plus grand contraste à l’amour de Scipion, qu’il combat et dont enfin il triomphe, et je puis dire que cette action a plu trop généralement dans le cinquième acte pour me repentir de l’avoir faite. Il [y] a des gens qui s’étonnent qu’Hannibal vienne demander la paix avec une assez grosse armée ; mais il n’est pas permis d’ignorer un [f]ait historique aussi connu que celui-[l]à. Il est constant qu’Hannibal fut rappelé par le Sénat de Carthage pour [NP4] défendre sa patrie9, qu’il quitta l’Italie, qu’il revint en Afrique, et qu’il y trouva les affaires en un si mauvais état, qu’il n’eut point d’autre parti à prendre pour sauver Carthage que celui de demander la paix10. Mais il la demande d’une manière assez noble, et cette scène a toujours paru très belle, et très bien conduite. Je ne doute point qu’il n’y ait bien des choses qui auraient pu être mieux dans cette pièce, mais je ne suis pas infaillible, et je ne donne point ceci pour un ouvrage achevé. Il suffit qu’il ait réussi pour en devoir être content, et pour m’encourager à travailler à l’avenir avec encore plus de soin et plus d’exactitude.