Préface
Arsace, roi des Parthes
Girard, Théodore
Éditeur scientifique : Ding, Ruoting
Description
Auteur du paratexteGirard, Théodore
Auteur de la piècePrade, Jean Le Royer de
Titre de la pièceArsace, roi des Parthes
Titre du paratexteAu lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceTragédie
Date1666
LangueFrançais
ÉditionParis, Théodore Girard, 1666, in-12
Éditeur scientifiqueDing, Ruoting
Nombre de pages3
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5740797h.r=Arsace%2C+roi+des+Parthes.langFR
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Prade-Arsace-préface-corrigée.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Prade-Arsace-préface-corrigée.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Prade-Arsace-préface-corrigée.odt
Mise à jour2017-07-19
Mots-clés
Mots-clés français
SourcesJustin
SujetLibre invention à la base du récit historique
DramaturgieRespect de la vraisemblance générale
Personnage(s)Prince fratricide
RéceptionSuccès des lectures publiques
ExpressionBeauté de la versification
Relations professionnellesRéponse à l’accusation de plagiat
AutreDécalage entre écriture, représentation et publication
Mots-clés italiens
Mots-clés espagnols
Présentation
Présentation en français
La pièce fut vraisemblablement publiée à l’insu du dramaturge : la dédicace qui précède cet avis « Au lecteur », rédigée par le libraire Girard et adressée à Prade lui-même, est consacrée à justifier cette publication4. La préface fut très probablement écrite par ce même Girard. Malgré les circonstances particulières de la publication, les informations fournies par le paratexte semblent véridiques. Le préfacier prend soin d’énumérer les hommes de lettres devant lesquels la tragédie a été lue, et de mentionner une lecture chez Monsieur le comte de la Serre : il n’aurait vraisemblablement pas osé mentir en citant tant de témoins illustres5.
La deuxième partie de la préface expose la relation entre la source historique et l’invention dramatique. L’intrigue de cette pièce relève de l’invention du dramaturge, qui déploie toute l’intrigue à partir d’un court extrait d’un récit historique qui présente simplement l’ordre de succession de certains rois des Parthes. L’auteur de la préface revendique ensuite la légitimité de cette liberté créatrice au nom du respect de la vraisemblance générale, et fait l’éloge, à la fin du texte, de la beauté stylistique de cette tragédie.
Texte
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Au lecteur
{NP 1} Ceux qui trouveront dans cet ouvrage de la conformité avec quelques autres qui ont paru depuis six ou sept années6 sont avertis qu’il était en état d’être mis au jour dès l’année 1650 ; que les suivantes7 il fut promis dans les affiches des comédiens du Marais, et depuis annoncé par ceux de l’Hôtel de Bourgogne ; et que si Monsieur de Prade, qui ne l’avait fait que pour son divertissement particulier, ne se fût opposé à sa représentation, il y e[û]t éclaté dès ce temps-là avec tous les avantages que lui pouvaient donner ses beautés naturelles, soutenues des charmes de la nouveauté. Il a été lu à une infinité de personnes de mérite qui peuvent en rendre témoignage : Messieurs de Sainte Marthe8, Le Vayer de Boutigny9, Le Bret10, de {NP 2} Folleville11, l’abbé de La Mothe Le Vayer12, de Montauban13, de Scudéry, de Rotrou, Du Ryer, et Beys14 ont publié dès l’année 1653 l’estime qu’ils en faisaient. Et il y a neuf ou dix ans15 que l’on en fit une lecture chez Monsieur le comte de la Serre16, où se trouvèrent Messieurs Quinault et Corneille le jeune, ce dernier même y relut à loisir quelques endroits dont il fut touché : après cela je pense qu’il est aisé de conclure en faveur de Monsieur de Prade, puisqu’il ne pouvait pas avoir jeté les yeux dans l’avenir pour y chercher un modèle de son travail dans des pièces qui pour lors n’étaient pas seulement en idée. J’espère que l’on lui rendra justice, et que l’on n’estimera pas moins les belles choses, qui sont dans son ouvrage leur lieu naturel, que l’on a fait dans ceux où elles étaient transplantées17.
Le sujet d’Arsace est tiré du 42e livre de Justin18, où il dit qu’Artaban septiè{NP 3}me roi des Parthes, succéda à son neveu Phradate19 ; et sur ce peu de mots qui contiennent ce qu’il y a de véritable, le reste a été imaginé20, en sorte néanmoins que l’histoire en est plutôt étendue que contredite. Que si l’on y représente Pharasmane si criminel, ce n’a pas été sans fondement, puisque le même Justin témoigne qu’il était ordinaire aux Parthes d’avoir des rois parricides21.
Pour les vers je n’en dirai rien, mais ceux qui s’y connaissent demeureront d’accord qu’on n’en a guère vu de mieux imaginés, ou plus forts également partout, et plus justes, ni de mieux tournés, et qui brillent d’un feu si vif. Aussi ont-ils fait dire à l’un des plus beaux génies22 de ce temps, qu’il n’avait point encore vu de pièce où il e[û]t trouvé tant d’esprit, et l’illustre Monsieur Corneille, qu’elle avait assez de beautés pour parer trois pièces entières.