IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Arsace, roi des Parthes

Girard, Théodore

Éditeur scientifique : Ding, Ruoting

Description

Auteur du paratexteGirard, Théodore

Auteur de la piècePrade, Jean Le Royer de

Titre de la pièceArsace, roi des Parthes

Titre du paratexteAu lecteur

Genre du textePréface

Genre de la pièceTragédie

Date1666

LangueFrançais

ÉditionParis, Théodore Girard, 1666, in-12

Éditeur scientifiqueDing, Ruoting

Nombre de pages3

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5740797h.r=Arsace%2C+roi+des+Parthes.langFR

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Prade-Arsace-préface-corrigée.xml

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Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Prade-Arsace-préface-corrigée.odt

Mise à jour2017-07-19

Mots-clés

Mots-clés français

SourcesJustin

SujetLibre invention à la base du récit historique

DramaturgieRespect de la vraisemblance générale

Personnage(s)Prince fratricide

RéceptionSuccès des lectures publiques

ExpressionBeauté de la versification

Relations professionnellesRéponse à l’accusation de plagiat

AutreDécalage entre écriture, représentation et publication

Mots-clés italiens

Mots-clés espagnols

Présentation

Présentation en français

Arsace de Prade connut une histoire assez particulière. Au moment de sa publication en 1666, un avis « Au lecteur » précéda la pièce, déclarant que la tragédie avait été terminée dès les années 1650 et que, figurant sur l’affiche du théâtre du Marais puis sur celle de l’Hôtel de Bourgogne, elle avait été sur le point d’être jouée. Or elle fut représentée pour la première fois le 3 novembre 1662 seulement, par la troupe de Molière1. La préface souligne longuement ce décalage temporel entre la composition et la mise en scène effective de la tragédie, l’interprétant comme un effet de la modestie de son auteur. En réalité, l’enjeu du rappel chronologique est d’écarter tout soupçon de plagiat : un épisode crucial d’Arsace présente une certaine affinité avec un passage d’Amalasonte de Quinault et une scène de Camma, reine de Galatie de Thomas Corneille, jouées respectivement en 16572 et 16613.

La pièce fut vraisemblablement publiée à l’insu du dramaturge : la dédicace qui précède cet avis « Au lecteur », rédigée par le libraire Girard et adressée à Prade lui-même, est consacrée à justifier cette publication4. La préface fut très probablement écrite par ce même Girard. Malgré les circonstances particulières de la publication, les informations fournies par le paratexte semblent véridiques. Le préfacier prend soin d’énumérer les hommes de lettres devant lesquels la tragédie a été lue, et de mentionner une lecture chez Monsieur le comte de la Serre : il n’aurait vraisemblablement pas osé mentir en citant tant de témoins illustres5.

La deuxième partie de la préface expose la relation entre la source historique et l’invention dramatique. L’intrigue de cette pièce relève de l’invention du dramaturge, qui déploie toute l’intrigue à partir d’un court extrait d’un récit historique qui présente simplement l’ordre de succession de certains rois des Parthes. L’auteur de la préface revendique ensuite la légitimité de cette liberté créatrice au nom du respect de la vraisemblance générale, et fait l’éloge, à la fin du texte, de la beauté stylistique de cette tragédie.

Texte

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Au lecteur

{NP 1} Ceux qui trouveront dans cet ouvrage de la conformité avec quelques autres qui ont paru depuis six ou sept années6 sont avertis qu’il était en état d’être mis au jour dès l’année 1650 ; que les suivantes7 il fut promis dans les affiches des comédiens du Marais, et depuis annoncé par ceux de l’Hôtel de Bourgogne ; et que si Monsieur de Prade, qui ne l’avait fait que pour son divertissement particulier, ne se fût opposé à sa représentation, il y e[û]t éclaté dès ce temps-là avec tous les avantages que lui pouvaient donner ses beautés naturelles, soutenues des charmes de la nouveauté. Il a été lu à une infinité de personnes de mérite qui peuvent en rendre témoignage : Messieurs de Sainte Marthe8, Le Vayer de Boutigny9, Le Bret10, de {NP 2} Folleville11, l’abbé de La Mothe Le Vayer12, de Montauban13, de Scudéry, de Rotrou, Du Ryer, et Beys14 ont publié dès l’année 1653 l’estime qu’ils en faisaient. Et il y a neuf ou dix ans15 que l’on en fit une lecture chez Monsieur le comte de la Serre16, où se trouvèrent Messieurs Quinault et Corneille le jeune, ce dernier même y relut à loisir quelques endroits dont il fut touché : après cela je pense qu’il est aisé de conclure en faveur de Monsieur de Prade, puisqu’il ne pouvait pas avoir jeté les yeux dans l’avenir pour y chercher un modèle de son travail dans des pièces qui pour lors n’étaient pas seulement en idée. J’espère que l’on lui rendra justice, et que l’on n’estimera pas moins les belles choses, qui sont dans son ouvrage leur lieu naturel, que l’on a fait dans ceux où elles étaient transplantées17.

Le sujet d’Arsace est tiré du 42e livre de Justin18, où il dit qu’Artaban septiè{NP 3}me roi des Parthes, succéda à son neveu Phradate19 ; et sur ce peu de mots qui contiennent ce qu’il y a de véritable, le reste a été imaginé20, en sorte néanmoins que l’histoire en est plutôt étendue que contredite. Que si l’on y représente Pharasmane si criminel, ce n’a pas été sans fondement, puisque le même Justin témoigne qu’il était ordinaire aux Parthes d’avoir des rois parricides21.

Pour les vers je n’en dirai rien, mais ceux qui s’y connaissent demeureront d’accord qu’on n’en a guère vu de mieux imaginés, ou plus forts également partout, et plus justes, ni de mieux tournés, et qui brillent d’un feu si vif. Aussi ont-ils fait dire à l’un des plus beaux génies22 de ce temps, qu’il n’avait point encore vu de pièce où il e[û]t trouvé tant d’esprit, et l’illustre Monsieur Corneille, qu’elle avait assez de beautés pour parer trois pièces entières.