IdT – Les idées du théâtre


 

Dédicace

Recueil de paroles de musique (contenant la Pastorale, Ariane, La Mort d’Adonis)

Perrin, Pierre

Éditeur scientifique : Naudeix, Laura

Description

Auteur du paratextePerrin, Pierre

Auteur de la piècePerrin, Pierre

Titre de la pièceRecueil de paroles de musique (contenant la Pastorale, Ariane, La Mort d’Adonis)

Titre du paratexteA Monseigneur Colbert

Genre du texteDédicace

Genre de la pièceOpéras

Date0000

Languefrançais

ÉditionLouis Auld, The Lyric art of Pierre Perrin, founder of French opera, 3, Recueil de paroles de musique / de Mr Perrin, Henryville ; Ottawa ; Binningen : Institute of Mediaeval music, 1986, in-4°

Éditeur scientifiqueNaudeix, Laura

Nombre de pages2

Adresse sourceEn attente de numérisation

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Mise à jour2020-05-25

Mots-clés

Mots-clés français

GenreComédies en musique, opéra

DédicataireProtection des arts

ExpressionLangue, poésie musicale

Relations professionnellesCollaboration entre poètes et musiciens

AutreOpéra français vs opéra italien

Mots-clés italiens

GenereCommedia melodrammatica, melodramma

Dedicatario e PersonaggioProtezione delle arti

EspressioneLingua, poesia musicale

Rapporti professionaliCollaborazione tra poeti e musicisti

AltriOpera lirica francese vs melodramma italiano

Mots-clés espagnols

GéneroComedia en música

Dedicatario y personajeProtección de las artes

ExpresiónLengua, poesia musical

Relaciones profesionalesColaboración entre poetas y músicos

OtrasOpera francés vs ópera italiano

Présentation

Présentation en français

Le recueil que rassemble aux alentours de 16661 le poète Pierre Perrin (ca. 1620-16752) vise à donner à son prestigieux dédicataire, le ministre Jean-Baptiste Colbert, une idée de son savoir faire. « M. Perrin, que tout le monde reconnaît pour excellent et incomparable pour la composition des paroles de musique3» selon la formule de Cambert, l’un des compositeurs avec lesquels il travaille à élaborer un théâtre lyrique français, s’est en effet spécialisé dans la conception et l’écriture de pièces poétiques pour la musique. Il rend compte de cette activité dans ce volume resté à l’état de manuscrit4, qui contient l’essentiel de sa production5, puisqu’on y trouve non seulement des pièces de musique détachées, mais aussi trois œuvres dramatiques dont la musique est perdue : la Pastorale créée à Issy en 1659 et publiée à part6, et deux autres pièces à sujet mythologique, Ariane et La Mort d’Adonis qui ne furent recueillies que dans ce volume manuscrit. La transcription de l’ensemble du recueil, contenant la dédicace et l’avant-propos, fut publiée pour la première fois par Louis Auld7.

Le volume ayant vraisemblablement pour fonction de faire valoir auprès du ministre ses compétences de poète « pour la musique », Perrin insiste sur la grande diversité de formes poético-musicales qu’il rassemble : airs, chansons, grands récits, ensembles, chansons à boire, sérénades, mascarades et ballets, sans compter des vers sacrés latins et français. Il insiste également sur le fait que ces œuvres ont toutes été mises en musique et, pour les œuvres sacrées, exécutées avec succès à la chapelle royale, tandis que les plus novatrices, les « comédies en musique » destinées au théâtre, n’attendent que le bon vouloir du ministre qui le protègerait auprès du roi. La quête d’un tel protecteur s’explique aussi par l’ambition de Perrin qui s’exprime pour la première fois dans l’Avant-propos, de fonder une Académie d’opéra confiée à des « poètes musiciens », dénomination qui se justifie par le soin que met Perrin à composer ses vers pour la musique, qu’il détaille dans l’avant-propos du recueil.

Texte

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A Monseigneur Colbert8

MONSEIGNEUR,

Je vous présente en ce recueil un parterre semé de toutes les fleurs du Parnasse lyrique, depuis l’humble violette jusqu’à la pêche savoureuse, depuis l’aigre épine-vinette9 jusqu’à la figue douce : un jardin composé de toutes les plantes, depuis le petit hysope jusqu’au plus grand [2,g] cèdre10. Peut-être que dans une si grande variété, vous trouverez de quoi satisfaire votre esprit, et qu’en lisant ces pièces, il s’en trouvera dans le nombre qui auront l’avantage de le divertir. Elles contenteront peut-être aussi vos oreilles, quand il lui plaira de les entendre, et si la curiosité, Monseigneur, vous prend en les lisant de savoir le succès de quelqu’une d’elles dans la musique, comme elles ont été toutes mises en musique par d’excellents maîtres11, à mesure que je les ai composées, je puis vous les faire entendre sur le champ et sans préparation ; même dans la pratique que j’ai depuis longues années de toutes les gens de musique, ou maîtres, ou chantres, j’ose vous répondre de leur bonne exécution. Dans le nombre de ces dernières, il y en a beaucoup qui ont diverti S[a] M[ajesté] et ont été chantées devant elle par sa musique ou de chambre ou de chapelle. Il y en a aussi quantité qui ne l’ont pas été, et n’ont point eu d’exécution, et qui sont pourtant les plus belles à mon jugement et pourraient lui donner un divertissement très nouveau et très agréable. Entre lesquelles sont de grands récits12, des pièces de concert13, des mascarades14 et des comédies en musique, dont la musique est toute composée et prête à exécuter. Comme je sais, Monseigneur, qu’en travaillant principalement pour la gloire et pour la grandeur de notre Monarque, vous ne négligez pas ce qui peut contribuer à ces plaisirs, j’ai cru qu’en lisant ce recueil vous pourriez peut-être prendre le dessein de lui donner le divertissement d’entendre exécuter en musique [2,d] quelques-unes de ces nouveautés, et c’est dans cette vue et pour vous laisser la liberté de le faire, qu’avant que de faire imprimer cet ouvrage et d’entendre les paroles publiques, je vous les présente en manuscrit15. En vérité, Monseigneur, j’ose vous dire qu’il y va de la gloire du Roi et de la France de ne pas souffrir qu’une nation, partout victorieuse, soit vaincue par les étrangers en la connaissance de ces deux beaux arts, la poésie et la musique ; en laquelle il faut confesser qu’il y a quelques années que les Italiens nous surpassaient de bien loin. Pour moi, Monseigneur, je me sens touché d’une forte envie, non seulement de les imiter et de faire voir que notre langue et notre poésie sont capables des mêmes beautés que la leur et qu’elles ont les mêmes avantages pour la musique ; mais de montrer même à toute l’Europe que nous pouvons enchérir sur leurs connaissances et sur leurs inventions. C’est avec un plaisir extrême, quoique fondé seulement sur la gloire de la nation, et sincèrement sans nul rapport à moi-même, qu’après les avoir imités dans leurs grands récits et dans leurs pièces de concert, je vois qu’à leur tour ils m’ont imité dans mes cantiques, et qu’ils en ont fait à Rome depuis peu sur le modèle de ceux que j’ai donnés nouvellement à la [3,g] Chapelle du Roi16, et même que je puis dire que j’ai évité avec succès les défauts de leurs comédies en musique qui les rendaient insupportables au goût français17, et que j’ai fait entendre à la France et à S[a] M[ajesté] des modèles plus agréables de ces sortes de compositions18. Je crois Monseigneur que vous qui avez tant à cœur l’établissement et le progrès des arts en ce royaume, et qui y travaillez tous les jours avec tant de soin et de succès, vous n’aurez pas moins d’émulation pour l’avancement de ceux-ci, qui composent toute la joie du monde, le plus grand des plaisirs de S[a] M[ajesté] et l’ornement de sa cour ; et j’espère que vous ne me refuserez pas la grâce de m’appuyer auprès de S[a] M[ajesté] en de si glorieuses entreprises, et l’honneur que je vous demande de votre protection19 ; d’autant plus que j’ai toujours eu une vénération singulière pour votre mérite, et un désir ardent de vous la témoigner par quelque présent agréable et digne de vous. Je souhaite de tout mon cœur que celui-ci soit assez heureux pour vous plaire, et pour vous persuader avec combien de respect et de zèle je suis

Monseigneur,

 

Votre très humble et très

Obéissant serviteur

 

P. Perrin