Préface
L’Homme à bonne fortune
Boiron, Michel, dit Baron
Éditeur scientifique : Lovis, Béatrice
Description
Auteur du paratexteBoiron, Michel, dit Baron
Auteur de la pièceBoiron, Michel, dit Baron
Titre de la pièceL’Homme à bonne fortune
Titre du paratextePréface
Genre du textePréface
Genre de la pièceComédie
Date1686
LangueFrançais
ÉditionParis : chez Thomas Guillain, 1686, in-12
Éditeur scientifiqueLovis, Béatrice
Nombre de pages4
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k739389
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Baron-HommeBonneFortune-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Baron-HommeBonneFortune-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Baron-HommeBonneFortune-Preface.odt
Mise à jour2014-01-20
Mots-clés
Mots-clés français
ComédiensTroupe de la Comédie-Française (éloge)
ReprésentationCour
RéceptionSuccès à la Cour ; jugement du public
FinalitéDivertissement (« bagatelle »)
MetadiscoursPrincipe de la préface
Relations professionnellesLibraires ; acteurs ; auteurs
AutreMode de production (écriture de la pièce)
Mots-clés italiens
AttoriCompagnia della Comédie-Française (lode)
RappresentazioneCorte
RicezioneSuccesso alla corte ; critiche del pubblico
FinalitàDivertimento (« bagatelle »)
MetadiscorsoIdea della prefazione
Rapporti professionaliLibrai ; attori ; autori
AltriModo di produzione (scrittura dell’opera)
Mots-clés espagnols
Actor(es)Compañía de la Comédie-Française (elogio)
RepresentaciónCorte
RecepciónExito en la Corte ; críticas del público
FinalidadEntretenimiento (« bagatela »)
MetadiscursoPrincipio del prefacio
Relaciones profesionalesLibreros ; actores ; autores
OtrasModo de producción (escritura de la obra)
Présentation
Présentation en français
Le lecteur ne saura ainsi rien sur le contenu de L’Homme à bonne fortune, ni sur les critiques éventuelles formulées à son égard. Il saura seulement qu’il s’agit d’un divertissement sans prétention écrit en « très peu de temps » lors d’un séjour à Fontainebleau, une « bagatelle » qui a su s’attirer les faveurs du public parisien et de la Cour. En insistant sur la rapidité de sa rédaction, Baron situe sa pièce dans la pratique mondaine et raffinée des impromptus, à la manière d’un Molière2. Le ton désinvolte – et par là très mondain – de cette préface contribue à caractériser l’esprit de la pièce, au même titre que l’épître qui la précède.
En fin de préface, l’acteur-auteur fait brièvement l’éloge de ses collègues de la Comédie-Française auxquels il doit en partie le succès de sa comédie, et remercie indirectement le libraire Guillain d’avoir imprimé son texte sans qu’il en ait eu à « l’en prier ». Le laps de temps entre la création et la publication de la pièce est en effet extrêmement court, de six semaines seulement.
Texte
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Préface
[NP1] Il n’est point de bagatelle3 qui ne devienne une chose sérieuse aussitôt qu’on l’expose. Donnez-lui le nom que vous voudrez, le public ne vous en fera guère plus de grâce, et cette bagatelle que vous appelez ainsi ne vous en attirera pas moins ou son estime ou son mépris. C’est un ouvrage de quinze jours, direz-vous ? Il fallait y mettre six mois, et le rendre meilleur. C’est un amusement que je me suis donné ? Amusez-vous tout seul, et ne nous exposez point à lire des sottises sur la foi d’un libraire crédule. Le public a raison de parler ainsi, j’ai cependant commis une partie de ces fautes à l’égard de ma pièce: je l’ai faite en très peu de temps4, je la commençai [NP2] et la finis presque toute dans les moments de loisir que la cour nous laisse à Fontainebleau5, et je n’ose m’en repentir : j’offenserais ceux qui l’ont trouvé bonne, et qui l’ont assuré hautement. Les applaudissements qu’elle a reçus à la cour6 ont achevé de me persuader qu’elle n’était point tout a fait mauvaise. Mais enfin quelque bonheur qu’elle ait eu, si j’en fais de ma vie7, ce ne sera qu’après y avoir mis tout le temps nécessaire. Je ne veux point faire une dissertation sur les bons ou les mauvais endroits de celle-ci : ce n’est pas que la plupart de mes amis ne m’aient dit que c’était là le sujet ordinaire d’une préface, je ne les contenterai point là-dessus, ils donneront à ce discours le nom qu’il leur plaira: je ne trouve rien de plus ridicule que de remplir trois ou quatre pages d’absurdités faciles à détruire. Messieurs les auteurs mes confrères, si j’ose parler ainsi, n’auront garde, non plus que moi, d’ex[NP3]poser les défauts que la conscience leur reproche. Ils parleront d’un mot qui n’était pas français, ils censureront ce qu’ils croiront avoir moins de peine à défendre, et ne toucheront point à la conduite de l’ouvrage, bien plus vicieuse peut-être. Hé, comment ferions-nous imprimer ce que nous avons tant de peine à nous entendre dire ? Les louanges ne peuvent être assez publiques, les justes critiques ne sauraient être trop cachées. Si ce sentiment n’est pas approuvé généralement, il le sera des poètes, je n’en excepte aucun. Je ferai donc comme eux, je ne publierai point ce que je croirai effectivement mauvais, mais je ne les imiterai point aussi à blâmer leurs plus beaux endroits, pour avoir le plaisir ensuite de les justifier. J’oublie que je me suis proposé de faire une préface courte, j’aurais pourtant bien des choses à dire sans parler de ma pièce. Gardons-les pour la première préface de la pre[NP4]mière comédie que je ferai8. Je souhaite qu’elle trouve aussi heureusement que celle-ci des acteurs9 zélés pour la représenter, des auditeurs favorables à l’applaudir, et un libraire intéressé pour l’imprimer sans l’en avoir prié.