Préface
Les Fâcheux
Molière
Éditeur scientifique : Louvat-Molozay, Bénédicte
Description
Auteur du paratexteMolière
Auteur de la pièceMolière
Titre de la pièceLes Fâcheux
Titre du paratexteSans titre
Genre du textePréface
Genre de la pièceComédie
Date1662
LangueFrançais
ÉditionParis, Guillaume de Luyne (ou Claude Barbin, ou Jean Guignard, ou Charles de Sercy), 1662, in-12°.
Éditeur scientifiqueLouvat-Molozay, Bénédicte
Nombre de pages7
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86107890.r=.langFR
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Moliere-LesFacheux-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Moliere-LesFacheux-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Moliere-LesFacheux-Preface.odt
Mise à jour2013-10-15
Mots-clés
Mots-clés français
GenreBallet et comédie
DramaturgieEntractes ; épisodes ; cinq actes ; règles
Personnage(s)Importuns
ReprésentationFête de cour ; roi
MetadiscoursExamen ; Horace ; Aristote
Mots-clés italiens
GenereBalletto e commedia
DrammaturgiaIntervalli ; episodi ; cinque atti ; regole
Personaggio(i)Fastidiosi
RappresentazioneFesta di corte ; rè
MetadiscorsoEsame ; Orazio ; Aristotele
Mots-clés espagnols
GéneroBallet y comedia
DramaturgiaEntreactos ; episodios ; cinco actos ; reglas
Personaje(s)Fastidiosos
RepresentaciónFiesta en la corte ; rey
MetadiscursoExamen ; Horacio ; Aristótele
Présentation
Présentation en français
Texte
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[NP1] Jamais entreprise au Théâtre ne fut si précipitée que celle-ci ; et c’est une chose, je crois, toute nouvelle, qu’une Comédie ait été conçue, faite, apprise, et représentée en quinze jours1. Je ne dis pas cela pour me piquer de l’Impromptu2, et en prétendre de la gloire ; mais seulement pour prévenir certaines gens, qui pourraient trouver à redire, que je n’aie pas mis ici toutes les espèces de Fâcheux, qui se trouvent. Je sais que le nombre en est grand, et à la Cour, et dans la Ville, et que [NP2] sans Episodes3, j’eusse bien pu en composer une Comédie en cinq Actes bien fournis4, et avoir encore de la matière de reste. Mais dans le peu de temps qui me fut donné, il m’était impossible de faire un grand dessein, et de rêver beaucoup sur le choix de mes Personnages, et sur la disposition de mon sujet. Je me réduisis donc à ne toucher qu’un petit nombre d’Importuns ; et je pris ceux qui s’offrirent d’abord à mon esprit, et que je crus les plus propres à réjouir les augustes personnes devant qui j’avais à paraître ; et, pour lier promptement toutes ces choses ensemble, je me [NP3] servis du premier nœud que je pus trouver. Ce n’est pas mon dessein d’examiner maintenant si tout cela pouvait être mieux, et si tous ceux qui s’y sont divertis ont ri selon les règles5 : Le temps viendra de faire imprimer mes remarques sur les Pièces que j’aurai faites : et je ne désespère pas de faire voir un jour, en grand Auteur, que je puis citer Aristote et Horace. En attendant cet examen, qui peut-être ne viendra point, je m’en remets assez aux décisions de la multitude6 ; et je tiens aussi difficile de combattre un Ouvrage que le public approuve, que d’en dé[NP4]fendre un qu’il condamne.
Il n’y a personne qui ne sache pour quelle réjouissance la Pièce fut composée ; et cette fête a fait un tel éclat, qu’il n’est pas nécessaire d’en parler7 ; mais il ne sera pas hors de propos de dire deux paroles des ornements qu’on a mêlés avec la Comédie.
Le dessein était de donner un Ballet aussi ; et comme il n’y avait qu’un petit nombre choisi de Danseurs excellents, on fut contraint de séparer les Entrées de ce Ballet8, et l’avis fut de les jeter dans les Entractes de la Comédie, afin que ces intervalles donnassent temps aux [NP5] mêmes Baladins9 de revenir sous d’autres habits. De sorte que pour ne point rompre aussi le fil de la Pièce, par ces manières d’intermèdes, on s’avisa de les coudre au sujet du mieux que l’on put, et de ne faire qu’une seule chose du Ballet, et de la Comédie : mais comme le temps était fort précipité, et que tout cela ne fut pas réglé entièrement par une même tête10, on trouvera peut-être quelques endroits du Ballet, qui n’entrent pas dans la Comédie aussi naturellement que d’autres. Quoi qu’il en soit, c’est un mélange qui est nouveau pour nos Théâtres, et dont on pour[NP6]rait chercher quelques autorités dans l’Antiquité11 ; et comme tout le Monde l’a trouvé agréable, il peut servir d’idée à d’autres choses, qui pourraient être méditées avec plus de loisir.
D’abord que12 la toile fut levée, un des Acteurs, comme vous pourriez dire moi, parut sur le Théâtre en habit de Ville, et s’adressant au Roi avec le visage d’un homme surpris, fit des excuses en désordre sur ce qu’il se trouvait là seul, et manquait de temps, et d’Acteurs pour donner à sa Majesté le divertissement qu’elle semblait attendre. En même [NP7] temps, au milieu de vingt jets d’eau naturels, s’ouvrit cette coquille, que tout le monde a vue ; et l’agréable Naïade13 qui parut dedans s’avança au bord du Théâtre, et d’un air héroïque prononça les Vers, que Monsieur Pellisson14 avait faits, et qui servent de Prologue.