IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Saint Eustache martyr

Baro, Balthasar

Éditeur scientifique : Teulade, Anne

Description

Auteur du paratexteBaro, Balthasar

Auteur de la pièceBaro, Balthasar

Titre de la pièceSaint Eustache martyr

Titre du paratexteAvertissement

Genre du textePréface

Genre de la piècePoème dramatique

Date1649

LangueFrançais

ÉditionParis, Antoine de Sommaville, 1649, in-4°

Éditeur scientifiqueTeulade, Anne

Nombre de pages1

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116953q

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Baro-SaintEustache-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Baro-SaintEustache-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Baro-SaintEustache-Preface.odt

Mise à jour2015-05-25

Mots-clés

Mots-clés français

GenrePoème dramatique

SujetLégende hagiographique

DramaturgieRespect des règles

FinalitéSpirituelle

Relations professionnellesContrôle de l’impression ; confusion avec Desfontaines

AutreRapports avec la commanditaire

Mots-clés italiens

GenerePoema drammatico

ArgomentoLeggenda agiografica

DrammaturgiaRispetto delle regole

FinalitàSpirituale

Rapporti professionaliControllo dell’impressione ; confusione con Desfontaines

AltriLegami con la committente

Mots-clés espagnols

GéneroPoema dramático

TemaLeyenda hagiográfica

DramaturgiaRespeto de las reglas

FinalidadEspiritual

Relaciones profesionalesControl de la impresión ; confusión con Desfontaines

OtrasRelaciones con el autor del encargo

Présentation

Présentation en français

L’avertissement du Saint Eustache martyr de Baro traite plusieurs points qui singularisent cette première pièce hagiographique donnée sur la scène parisienne à la fin des années 1630. Représentée en 1639 à l’Hôtel de Bourgogne, la pièce n’est publiée qu’en 1649. La commanditaire, Anne d’Autriche, semble également avoir été l’instigatrice de la publication de l’œuvre, pour des raisons qui restent difficiles à cerner1. Serait-ce pour consolider le pouvoir royal après la Fronde, à travers la représentation d’un fidèle serviteur du souverain de Rome ? Y aurait-il derrière cette impulsion une actualité dévotionnelle, ou une volonté de réactiver la vogue hagiographique après l’échec de Théodore de Corneille à Paris en 1646 ? Baro affirme qu’il s’agissait de différencier sa pièce du Martyre de saint Eustache de Nicolas-Mary Desfontaines, publié en 1643 sans le nom de son auteur. En ce cas, on peut se demander pourquoi il aurait attendu six années pour le faire. Ces flottements révèlent sans doute que la commande puis la publication de la pièce ont été liées à des prescriptions royales et à des enjeux politiques et religieux, qui ne semblent pas avoir été aussi marqués pour les autres pièces vouées à la représentation de la sainteté entre la fin des années 1630 et la fin des années 1640. Rares sont en effet les pièces parisiennes dont la portée dévotionnelle et spirituelle sont aussi nettement marquées – on note que Baro clôt l’avertissement par la mention de la vocation exemplaire de sa pièce.

Par ailleurs, Baro ouvre son texte préfaciel sur une mise en garde : son texte ne suit pas les règles, le sujet hagiographique ne pouvant les épouser. Assurément, cet avertissement était plus nécessaire en 1649 qu’il ne l’eût été en 1639, dans la mesure où la décennie écoulée a vu la mise en place des conventions classiques, qui n’étaient pas encore homogènes et constituées en corps de doctrine à la fin des années 1630. La justification n’est pas de pure forme : la vie de saint Eustache abonde en effet en événements romanesques dignes d’une tragi-comédie, exil, séparation, enlèvements, guerre, retrouvailles... mais elle se clôt par un martyre relevant de la dignité tragique. La pièce présente donc l’hybridation de plusieurs topoï génériques – auxquels il faut ajouter les nombreux motifs pastoraux – qui ont sans doute décidé Baro à ne pas l’étiqueter. La mention de « poème dramatique » signale en effet la mise en suspens de toute détermination générique, sans nul doute volontaire de la part d’un auteur qui savait utiliser les termes de « pastorale » et de « tragédie » à bon escient (respectivement pour Clorise et Rosemonde). Il a également nommé « poème dramatique » trois autres pièces, L’Amante vindicative, Le Prince fugitif et Cariste, publiées entre 1649 et 1652, mais il y a fort à parier que cette indétermination pouvait sembler particulièrement incongrue pour une pièce dont la matière religieuse aurait dû relever d’un style noble. Il faut en tout cas souligner que d’autres voies d’adaptation s’offraient à Baro : ses prédécesseurs italiens ont considérablement allégé le matériau narratif de la légende en concentrant leurs pièces, qu’ils appellent « tragedie », sur le refus de sacrifier aux idoles qui mène Eustache au martyre : la Tragedia di Santo Eustachio de Liberati (1606) et le San Eustachio de Bartolommei (1632) mettent en scène ce qui constituera seulement le cinquième acte de la pièce de Baro ; ils n’ont conservé que la fin de la vie d’Eustache. On peut donc souligner que Baro a choisi d’écrire une pièce irrégulière, propre à restituer l’ensemble du parcours du saint, et donc à mettre en scène le mouvement global de sa conversion. Une telle forme était plus susceptible de constituer un exemple spirituel pour le spectateur que la seule mise en scène du martyre.

Texte

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Avertissement

[NP1] Cher Lecteur, je ne te donne pas ce poème comme une pièce de théâtre où toutes les règles seraient observées2. Le sujet ne s’y pouvant accommoder, c’est sans doute que je n’y aurais point travaillé si je n’y avais été forcé par une autorité souveraine3. La même obéissance qui me le fit composer me le fait mettre en lumière, après m’en être défendu depuis dix ans4. Et j’ai cru enfin que je devais cette justice au sieur Desfontaines, qui a fait imprimer le sien sans se nommer5, de ne souffrir6 point que son nom et le mien fussent confondus dans un même ouvrage. Il est juste qu’on ne m’attribue point ses grâces, et qu’on ne le charge pas de mes défauts. En un mot, je suis bien aise qu’en cette rencontre7, comme en toute autre chose, on rende à chacun ce qui lui appartient. Au reste, tu trouveras à mon avis peu de fautes en l’impression, je l’ai corrigée assez exactement, et pourtant je n’ai su empêcher qu’il ne s’y soit glissé une transposition qui fait dans le vers une faute de novice : c’est en la page 49, ligne 15, où l’on a mis « Vois succéder ici à l’éclat de sa gloire », au lieu de mettre « Vois ici succéder à l’éclat de sa gloire, etc. ». Veuille ma bonne fortune que [tu] trouves dans la conversion de Placide un exemple qui te serve. Adieu.