Préface
Le Véritable Capitan Matamore, ou Le Fanfaron. Comédie représentée sur le Théâtre Royal du Marais. Imitée de Plaute par A. Mareschal
Mareschal, André
Éditeur scientifique : Lochert, Véronique
Description
Auteur du paratexteMareschal, André
Auteur de la pièceMareschal, André
Titre de la pièceLe Véritable Capitan Matamore, ou Le Fanfaron. Comédie représentée sur le Théâtre Royal du Marais. Imitée de Plaute par A. Mareschal
Titre du paratexteAvertissement
Genre du textePréface
Genre de la pièceComédie
Date1640
LangueFrançais
ÉditionParis, Toussaint Quinet, 1640, in-4°.
Éditeur scientifiqueLochert, Véronique
Nombre de pages4
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70424h
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Mareschal-VeritableCapitan-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Mareschal-VeritableCapitan-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Mareschal-VeritableCapitan-Preface.odt
Mise à jour2015-07-22
Mots-clés
Mots-clés français
GenreComédie
SourcesPlaute
DramaturgieRespect des règles
TempsDe l’action / de la représentation ; actualité
ComédiensÉloge de Jornain, dit Bellemore ; relation personnage / acteur
RéceptionSuccès
Relations professionnellesRivalités avec dramaturges modernes
AutreAnciens : respect / affranchissement ; Anciens et Modernes
Mots-clés italiens
GenereCommedia
FontiPlauto
DrammaturgiaRispetto delle regole
TempoDell’azione / della rappresentazione ; attualità
AttoriElogio di Jornain, detto Bellemore ; relazione personnagio / attore
RicezioneSuccesso
Rapporti professionaliRivalità con drammaturghi moderni
AltriAntichi: Rispetto / affrancamento ; Antichi e Moderni
Mots-clés espagnols
GéneroComedia
FuentesPlauto
DramaturgiaRespeto de las reglas
TiempoDe la acción / de la representación ; actualidad
Actor(es)Elogio de Jornain, dicho Bellemore ; relación personaje /actor
RecepciónÉxito
Relaciones profesionalesRivalidades con dramatugos modernos
OtrasAntiguos: respeto / ruptura ; Antiguos y Modernos
Présentation
Présentation en français
Texte
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AVERTISSEMENT
[NP1] Lecteur, sans me flatter d’une trop bonne et peut-être trop vaine opinion de cette pièce, et sans t’entretenir de son mérite par des éclaircissements ou des éloges inutiles, je te donne avis d’une chose que je n’ai pu taire sans m’offenser et te faire tort. C’est que je dois te déclarer, à la décharge de ma conscience, que je renonce généreusement, et avec raison, à tout ce qui m’aurait été donné de louange ou de blâme sur l’impression d’une comédie qui porte quasi le même nom que celle-ci, et qui fut exposée en vente il y a plus d’un an, sous le titre du Capitan, ou du Miles Gloriosus de Plaute1. L’auteur, que j’estime habile homme et que toutefois je ne connais point, semble avoir eu dessein de n’être pas connu aussi, puisqu’il nous a caché son nom. Je pense qu’il a ses raisons, où je ne prétends point d’entrer, non plus que dans ces vains soupçons qu’il ait voulu se servir d’un peu de bruit et de réputation que mon capitan a acquis sur le théâtre, ou essayer de faire passer l’un pour l’autre en supprimant son nom, que je veux croire lui avoir dû être plus glorieux que le mien, dont plusieurs ont baptisé cet enfant abandonné. Cette adoption présomptive, favorable ou non, s’est faite au moins sans mon [NP2] consentement, et ne se peut attribuer à mon avis qu’au rapport du titre et du sujet d’une telle pièce avec Le Véritable Capitan Matamore. Je mets en œuvre cette distinction de libraire qui, toute mauvaise qu’elle est, a été reçue en beaucoup d’autres ouvrages, pour faire différence des pièces représentées d’avec celles qu’on appelle contrefaites et qui n’ont jamais connu le théâtre ni l’éclat des flambeaux en plein jour2. Donc Le Véritable Capitan, pour me servir des termes usités, comédie de ma façon que je te donne ici, est celle qui depuis deux ans a été tant de fois représentée, et j’ose bien dire avec applaudissements, sur le Théâtre Royal du Marais. J’avoue que je tiens de Plaute ce sujet3, mais que je l’ai traité diversement et à ma mode, que l’autre auteur et moi avons puisé tous deux dans une même source, mais que nous en avons fait des ruisseaux bien différents. Je te laisse juger avec liberté lesquelles de ces eaux sont les meilleures à ton goût, si le théâtre ancien de Plaute sec et décharné, comme l’autre auteur l’a laissé, vaut mieux que l’embonpoint4 du nôtre, et s’il n’est pas plus difficile, et agréable aussi, de donner la jeunesse et les traits de la mode à un visage de dix-huit cents ans que de le peindre avec ses rides et ses cheveux gris5. Nous avons tous deux suivi Plaute, mais l’un servilement et par des chaînes qui montrent encore la rouille du vieux temps, l’autre avec la liberté de notre siècle, et si je ne parlais pas de moi-même, je dirais peut-[NP3]être avec quelques grâces et beautés de notre poésie. Je n’ai point introduit sur le théâtre un Pyrgopolinice plus badin6 que fanfaron, mais j’ai tâché de peindre au naturel ce vivant Matamore du Théâtre du Marais, cet original sans copie et ce personnage admirable qui ravit également et les grands et le peuple, les doctes et les ignorants7. J’ai purgé ma scène au possible des personnages infâmes8 et honteux ; des vilenies les plus crues j’en ai fait un jeu d’esprit qui ne peut blesser ni les yeux ni les oreilles, et j’ai si apparemment9 habillé ce vieil auteur à la moderne, qu’à peine connaîtrait10-on Plaute dans une pièce de Plaute. Je n’ai point corrompu sa scène, mais je l’ai adoucie, et approchée bien plus près de nous ; en un mot je l’ai changée en la nôtre. Au lieu d’Éphèse, pour le lieu j’ai pris Paris, le sujet des rodomontades de notre histoire et de notre temps, afin qu’elles fussent mieux entendues, plus sensibles et plus agréables. J’ai observé la liaison des scènes, qui n’est point dans Plaute même ; j’ai revêtu son sujet de moyens et de raisons où il semblait les avoir oubliées ; j’ai coloré de quelques apparences ce qui paraissait trop nu, et donné à des crudités une digestion plus douce et plus facile. Toute l’action ne s’étend point au-delà d’une heure et ne demande qu’autant de temps qu’il en faut pour la représenter11. Mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que la comédie, comme je l’ai ajustée en son sujet, est du jour même qu’on la joue, au moins tant que la guerre durera entre les deux Couronnes de France et d’Espagne12. Il me reste à t’exposer [NP4] une de mes méditations sur Plaute, qui n’a jamais mieux réussi qu’en ces trois pièces des semblables13 qu’il nomme l’Amphitryon, les Ménechmes et le Capitan14. Dedans les deux premières, il y a des fautes si étranges et en telle quantité qu’il faudrait faire un livre entier pour les spécifier. Mais on peut dire véritablement, pour ce qui concerne la ressemblance et les rapports, qu’en la dernière seule il a trouvé ce qu’il cherchait dans les deux autres. Là il se tue à donner un même visage à deux personnes différentes, jusqu’à faire entrer de la divinité en l’une ; ici seulement il a trouvé ses mesures, où une même fille se représente soi-même, et contrefait sa sœur jumelle qu’on décrit lui ressembler en tout, et où moi-même j’ai plus travaillé à laisser quelques marques pour les discerner l’une de l’autre que Plaute n’eut de peine à inventer leur ressemblance. En voilà plus, lecteur, que je n’avais envie de te dire et si j’ai été plus long que je ne croyais, j’attends que tu me pardonneras cette faute que j’ai faite à bon dessein et seulement pour servir à ma décharge et à ton instruction. Considère la volonté que j’ai de t’agréer en me taisant où j’ai encore tant à dire et supplée à mes fautes autant qu’à celles de l’imprimeur, qui certes en a fait d’horribles, et dont tu pourras ici en remarquer quelques-unes15.