IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Le Railleur, ou la satire du temps

Mareschal, André

Éditeur scientifique : Lochert, Véronique

Description

Auteur du paratexteMareschal, André

Auteur de la pièceMareschal, André

Titre de la pièceLe Railleur, ou la satire du temps

Titre du paratexteAu lecteur

Genre du textePréface

Genre de la pièceComédie

Date1638

LangueFrançais

ÉditionParis, Toussaint Quinet, 1638, in-4°. (Numérisation en cours)

Éditeur scientifiqueLochert, Véronique

Nombre de pages3

Adresse source

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Mareschal-Railleur-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Mareschal-Railleur-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Mareschal-Railleur-Preface.odt

Mise à jour2015-05-29

Mots-clés

Mots-clés français

GenreComédie

SourcesComédie italienne ; Plaute

SujetInventé ; petit

DramaturgieRespect des règles

Personnage(s)Courtisane ; filou ; financier ; capitan ; poète ; femmes

ReprésentationEn différents lieux : Marais, hôtel de Richelieu, Louvre

RéceptionSuccès mais interruption des représentations ; représentation / lecture

ExpressionStyle comique

MetadiscoursArgument

Relations professionnellesRivalités avec dramaturges modernes

Mots-clés italiens

GenereComedia

FontiCommedia italiana ; Plauto

ArgomentoInventato ; piccolo

DrammaturgiaRispetto delle regole

Personaggio(i)Cortigiàna ; imbrogliòne ; finanzière ; capitano ; poeta ; donne

RappresentazioneIn tre luoghi diferenti : Marais, hôtel de Richelieu, Louvre

RicezioneSuccesso ; interruzione delle rappresentazioni ; rappresentazione / lettura

EspressioneStile comico

MetadiscorsoArgomento

Rapporti professionaliRivalità con drammaturghi moderni

Mots-clés espagnols

GéneroComedia

FuentesComedia italiana ; Plauto

TemaInventado ; pequeño

DramaturgiaRespeto de las reglas

Personaje(s)Cortesana ; timador ; financiero ; capitano ; poeta ; damas

RepresentaciónEn tres lugares diferentes : Marais, hôtel de Richelieu, Louvre

RecepciónÉxito pero interrupción de las representaciones ; representación / lectura

ExpresiónEstilo comico

MetadiscursoArgumento

Relaciones profesionalesRivalidades con dramatugos modernos

Présentation

Présentation en français

Après un roman et trois tragi-comédies, André Mareschal publie en 1637 sa première comédie, vraisemblablement créée lors du carnaval 1635, qui est aussi sa première pièce régulière. La préface lui permet de définir sa contribution à la rénovation du genre comique, qui fait l’objet de nombreuses expérimentations au cours des années 1630. Là où Corneille développe une comédie honnête et enjouée, qui produit des effets plus plaisants que comiques, Mareschal exploite le ton de la raillerie et les procédés de la satire pour faire rire, tout en esquissant un tableau haut en couleurs de la vie parisienne sous Louis XIII. Remettant en cause la primauté aristotélicienne de la fable sur les caractères, il privilégie les personnages, qui sont les principaux instruments de la satire. Loin de l’aversion de Corneille pour les types traditionnels, Mareschal reprend les types comiques hérités du théâtre latin et de la comédie italienne et les transforme pour les adapter à l’époque présente et au cadre parisien. Destinée à la scène, la comédie se caractérise également par la vivacité du dialogue, soutenue par le jeu des comédiens. Mareschal attire l’attention du lecteur sur l’importance des circonstances de la représentation, en évoquant l’interruption dont sa pièce a été victime, et sur la concurrence qui caractérise la création dramatique. Soulignant l’originalité de sa pièce et revendiquant la primauté dans la création du personnage du capitan, Mareschal fait aussi de la préface un lieu important de l’affirmation de la figure auctoriale.

Texte

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AU LECTEUR

{NP1} C’est presque sans sujet que je te veux éclaircir le sujet de cette pièce, puisqu’il est assez facile et assez net pour se faire entendre de soi-même dans sa suite et que j’ai jugé qu’un argument ne lui serait qu’inutile1. Ce que j’ai à te dire est que je te donne en français une agréable comédie à l’italienne, et le tout pourtant de ma seule invention, qui te doit plaire davantage quand tu considéreras que je n’ai rien emprunté d’étranger et que Paris m’a fourni toutes mes idées. Pour faire la satire et railler avec quelque grâce, j’ai pris pour objets cinq ou six conditions assez comiques pour te faire rire et trop communes en ce temps pour n’être pas connues2. J’ai pensé qu’une courtisane plus adroite que vilaine et un filou, son protecteur, valaient mieux qu’un parasite et qu’une effrontée dedans Plaute et chez les Italiens. J’ai cru qu’un financier, aussi vain que riche et prodigue, ne tiendrait pas mal sa partie3 en la satire, que la muguette4 et la niaise donneraient beaucoup d’éclat à la gaillarde, et dans leurs accords ou dans leurs disputes j’ai dépeint les fantaisies et les esprits de nos dames. Au reste pour ne désobliger personne en particulier, {NP2} quoique je touche en général, j’ai décrit mille humeurs et mille vices poétiques sous le nom d’un poète seul, et pour n’irriter aucun de nos fanfarons, qui se fussent imaginés qu’on eût dû lire leur nom dessous le tableau du Capitan, je l’ai fait Espagnol originaire, combien que5 sa vanité soit française autant que son langage. Je serais aussi vain que lui si je voulais te louer cette comédie, et c’est moins pour l’estimer que pour la justifier que je dis qu’elle est dans toutes les règles. Le sujet est petit ; aussi la comédie n’en demande pas un grand ; et ceux qui l’ont vu représenter au Louvre, à l’Hôtel de Richelieu et aux Marais6, n’ignorent point comment il a été reçu et la raison qui a fait cesser sa représentation7. Je suis bien plus en peine de savoir comme tu la dois recevoir, puisqu’il est vrai qu’aux pièces purement comiques comme est celle-ci, le papier ôte beaucoup de leur grâce et que l’action8 en est l’âme. Ces vers coupés et tous ces petits mots interrompus qui sont du jeu comique9 et qui pour être familiers entrent si facilement dans l’imagination lorsqu’ils sont poussés chaudement, languissent lorsqu’ils sont écrits. Toutefois on me surprend rarement en ce défaut, et mon Hylas10 a montré que mes vers en leur naïveté11 sont plus élevés que rampants12. Je t’en laisse le jugement en cette pièce, et s’il m’est favorable comme je l’espère, tu m’obligeras à te faire voir de suite le chef-d’œuvre de mes comédies, sous le nom du Capitan ou du Fanfaron, que j’ai tiré de Plaute et accommodé à notre théâtre aussi bien qu’à notre histoire et à notre temps13. {NP3} Le premier que j’ai inséré dedans cette Satire n’est qu’un essai et qu’une ébauche pour l’autre que je te promets, et je dirai pourtant en sa faveur que c’est le premier capitan en vers qui a paru dans la scène française14, qu’il n’a point eu d’exemple et de modèle devant lui, et qu’il a précédé (au moins du temps) deux autres qui l’ont surpassé en tout le reste et qui sont sortis de deux plumes si fameuses et comiques, dans l’Illusion et dans les Visionnaires15. Ce n’est pas pour venir en concurrence avec ces puissants génies que je te promets ce dernier capitan, mais seulement pour réparer les fautes que tu pourras reconnaître en cettui-ci16 et te porter à me les pardonner. Excuse-les, afin de me donner envie de t’en montrer un meilleur, qui autrement ne paraîtra qu’afin de me venger de ta rigueur ou de ta médisance.