IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

L’Illustre Corsaire

Mairet, Jean

Éditeur scientifique : Baby, Hélène

Description

Auteur du paratexteMairet, Jean

Auteur de la pièceMairet, Jean

Titre de la pièceL’Illustre Corsaire

Titre du paratexteAvertissement

Genre du textePréface

Genre de la pièceTragi-comédie

Date1640

LangueFrançais

ÉditionParis, Augustin Courbé, 1640, in-4°.

Éditeur scientifiqueBaby, Hélène

Nombre de pages2

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5406932w

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Mairet-LIllustreCorsaire-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Mairet-LIllustreCorsaire-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Mairet-LIllustreCorsaire-Preface.odt

Mise à jour2013-01-20

Mots-clés

Mots-clés français

GenreTragi-comédie ; tragédie

SujetInvention et imitation ; histoire et embellissements ; Marc-Antoine ; Sophonisbe

DramaturgieVraisemblance et vérité ; merveilleux

Personnage(s)Bouffon

RéceptionLe peuple

ExpressionNaïveté

Mots-clés italiens

GenereTragicommedia ; tragedia

ArgomentoInvenzione e imitazione ; storia e abbellimenti ; Marcantonio ; Sofonisba

DrammaturgiaVerosimiglianza e verità ; meraviglioso

Personaggio(i)Buffone

RicezioneIl popolo

EspressioneIngenuità

Mots-clés espagnols

GéneroTragicomedia, tragedia

TemaInvención e imitación, historia y adornos, Sophonisbe, Marc-Antoine

DramaturgiaVerisimilitud y verdad ; maravilloso

Personaje(s)Gracioso

RecepciónEl pueblo

ExpresiónIngenuidad

Présentation

Présentation en français

Lorsqu’il publie sa tragi-comédie L’Illustre Corsaire en 1640, Jean Mairet est un dramaturge connu et reconnu. Il s’est illustré dans des textes théoriques fondamentaux, comme la préface de La Silvanire en 1631, a pris position dans la Querelle du Cid, et a résolument choisi le vraisemblable contre le vrai comme en témoignent ses tragédies romaines, Sophonisbe (1634) et Marc-Antoine (1635). Citant ces deux exemples dans cet Avertissement, et partant des altérations profondes qu’il a fait subir à la matière historique, Mairet rappelle qu’il respecte la différence établie par Aristote entre le chroniqueur et le poète. Différence qu’il renforce même afin de revendiquer pour le poète dramatique une totale liberté d’invention, proposant de considérer d’une part les sujets imités (soit de l’histoire, soit de la fiction), et d’autre part les sujets inventés. Cette prise de position novatrice est logiquement placée en tête d’une tragi-comédie, car ce genre moderne, qui puise généralement ses sujets dans les fictions romanesques, n’a pas à respecter la vérité des événements historiques. Par cette distinction imitation / invention qui se substitue à la traditionnelle opposition histoire / fiction, Mairet entend bien rapprocher la création tragique et la création tragi-comique : affirmant que ces deux genres ont pour matériau commun des sujets graves et sérieux, il distingue la tragi-comédie par son ton enjoué, allant vers le comique et le plaisant.

Texte

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Avertissement

[NP1] Comme ç’a toujours été mon opinion en suite de celle du Philosophe1, que l’invention est la plus noble et la plus excellente qualité du vrai poète, je me suis pour le moins efforcé de m’en servir utilement en toutes les pièces que j’ai données au théâtre ; de là vient que je ne ferai jamais difficulté de changer ni de multiplier les plus notables incidents d’un sujet connu, pourvu que cette ingénieuse liberté ne serve pas seulement beaucoup à l’embellissement ou à la merveille2, mais encore à la vraisemblance du poème, à laquelle je fais profession de m’attacher sur toutes choses, et plutôt même qu’à la vérité ; estimant après le premier maître de l’art, que le vraisemblable appartient proprement au poète, et le véritable à l’historien3. C’est ainsi qu’avec une hardiesse qui passe au delà de l’Histoire, j’introduis Octavie dans la tragédie de Marc-Antoine4, et que par une autre qui va même contre l’Histoire, je fais mourir Massinisse sur le corps de Sophonisbe5, ayant voulu redresser et embellir le naturel de ce héros par une action qu’il ne fit pas à la vérité, mais qu’il devrait avoir faite. En un mot, cette première partie du bon poète [NP2] m’est tellement recommandable, que je n’ai jamais traité de sujet si riche et si rempli de lui-même, où ma Muse n’ait ajouté, bien ou mal, beaucoup du sien. Je me suis même tant hasardé6, que d’en produire quelques-uns qui sont purement du travail de mon imagination ; et si l’on prend la peine de bien considérer ce dernier, on trouvera je m’assure que l’invention en est tout à fait extraordinaire, et qu’à force d’art et de soin je n’ai pas trop mal appuyé, jusques aux moindres incidents, qui font le vraisemblable et le merveilleux7 de cet ouvrage. Au reste je ne doute point que les extravagances de Ténare8, et les choses que les autres disent à cause de lui, ne déplaisent d’abord à ceux qui ne distinguent point la naïveté9 d’avec la bassesse ; mais ils considéreront, s’il leur plaît, que c’est un personnage qui contrefait le ridicule, et dont la grâce consiste plutôt en celle de l’habillement et de l’action, qu’en la beauté des vers ni des sentiments. Enfin c’est un sujet grave et sérieux, dont je me suis proposé de conduire les aventures à leur fin, par des moyens comiques et plaisants, sans m’éloigner jamais des règles de la fable ni de la scène, ou du théâtre et du roman10, pour m’accommoder aux termes et à l’intelligence du peuple notre bon ami.