Préface
Clorise. Pastorale.
Baro, Balthasar
Éditeur scientifique : Déléris, Alban
Description
Auteur du paratexteBaro, Balthasar
Auteur de la pièceBaro, Balthasar
Titre de la pièceClorise. Pastorale.
Titre du paratexteAu Lecteur.
Genre du textePréface
Genre de la piècePastorale
Date1632
LangueFrançais
ÉditionParis : François Pommeraye, 1632, in-8°.
Éditeur scientifiqueDéléris, Alban
Nombre de pages4
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k739040.r
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Baro-Clorise-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Baro-Clorise-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Baro-Clorise-Preface.odt
Mise à jour2014-10-15
Mots-clés
Mots-clés français
GenrePastorale
SourcesAstrée ; d’Urfé
SujetAdaptation / invention
DramaturgieChœurs
ActionAccidents
RéceptionLecture / représentation
ActualitéÉloge de Richelieu
AutreArguments (condamnation)
Mots-clés italiens
GenerePastorale
FontiAstrée ; Honoré d’Urfé
ArgomentoAdattamento / invenzione
DrammaturgiaCori
AzioneAccidenti
RicezioneLettura / rappresentazione
AttualitàLode di Richelieu
AltriCondanna degli Argomenti
Mots-clés espagnols
GéneroPastoral
FuentesAstrea ; d’Urfé
TemaAdaptación / invención
DramaturgiaCoros
AcciónAccidentes
RecepciónLectura / representació
ActualidadElogio de Richelieu
OtrasArgumentos (condena)
Présentation
Présentation en français
Texte
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AU LECTEUR
[NP1] Puisque une secrète fatalité ordonne que toutes mes fautes soient publiques, et que bien loin de pouvoir cacher ce que je fais, il semble qu’il ne me soit pas seulement permis de celer mes pensées ; je te prie, cher lecteur, de voir de bon œil ces Bergeries1 : que si tu ne juges mon travail digne de ton estime et de ta faveur, tu seras barbare si tu n’accordes l’un et l’autre aux mérites de celui à qui je l’ai consacré2. Ce n’a pas été mon intention de rendre son nom immortel par mes ouvrages, tant de rares esprits donnent leurs veilles à ce dessein qu’en leur comparaison ma faiblesse lui [NP2] serait désavantageuse, et ne pourrait qu’accroître ma honte, et diminuer l’éclat de ses grandes actions ; mais je veux que la postérité sache que j’ai vécu dans le temps où ses conseils, et la valeur de mon roi, ont rendu communs les prodiges et les miracles, et ont fait graver jusque dans le cœur de nos marbres des exploits qui n’eurent jamais d’exemple, et que nos neveux ne pourront lire sans en être ravis d’étonnement3. Je ne doute point, cher lecteur, que si tu lis attentivement cette pastorale, il ne te reste après cela quantité de choses à désirer ; je confesse que j’ai mis trop peu de temps à la polir, et bien que je sois assuré que pour en pallier les défauts cette excuse n’est pas assez pertinente, je serai pourtant bien aise que tu les imputes plutôt à mon peu de patience qu’à mon peu de jugement. Mon premier dessein était de prendre dans L’Astrée de Monsieur d’Urfé, l’histoire de Célion et [NP3] de Bellinde4 : mais la voulant accommoder5 au théâtre, je me suis vu comme forcé d’y joindre tant de choses, qu’enfin j’en ai voulu changer les noms, aimant bien mieux qu’on m’accuse de lui avoir dérobé quelques accidents6, que d’avoir eu la vanité d’ajouter quelque grâce à ses riches inventions. Au reste je t’avertis que les pièces que tu verras de moi en ce genre d’écrire n’auront jamais d’arguments7, je ne les trouve pas seulement inutiles, mais j’oserais dire qu’on les devrait absolument condamner : ma raison est qu’on ne doit pas traiter d’autre sorte celui qui lit que celui qui écoute8. Et jamais on n’a vu qu’au récit9 d’un poème, on ait préoccupé les spectateurs par la connaissance du sujet ; autrement, il serait impossible qu’ils ressentissent les passions qu’on leur veut inspirer10 : et leur esprit éloigné de cette agréable suspension où il doit être entretenu jusqu’à la catastrophe11, ne demeurerait pas même dans la [NP4] liberté de juger du mérite d’un ouvrage, et si l’auteur se serait bien ou mal expliqué. Je ne prétends pas toutefois, que mon sentiment passe pour une loi ; je sais trop bien qu’il y a de la difficulté à étouffer une mauvaise habitude ; je suis fâché seulement de quoi ceux qui ont eu la même pensée que j’ai, n’ont pas eu assez de résolution pour la suivre, et ont mieux aimé se laisser emporter par la coutume, que non pas à la raison12. Pour ce qui regarde les chœurs, j’avoue qu’encore qu’ils ne soient pas tout à fait nécessaires, ils sont extrêmement bienséants13 : et je n’aurais pas oublié de donner cet ornement à ma pastorale, si une cause qui ne peut être connue que de moi, n’en avait rendu l’impression un peu trop précipitée14. Au pis aller ta bonté peut suppléer à ce manquement : et ma Clorise se pourra vanter de ne porter point d’envie aux plus beaux chœurs du monde, si tu me fais l’honneur de lui donner le tien15. Adieu.