Préface
Célinde, poème héroïque du Sieur Baro
Baro, Balthasar
Éditeur scientifique : Déléris, Alban
Description
Auteur du paratexteBaro, Balthasar
Auteur de la pièceBaro, Balthasar
Titre de la pièceCélinde, poème héroïque du Sieur Baro
Titre du paratexteAvertissement
Genre du textePréface
Genre de la piècePoème héroïque
Date1629
LangueFrançais
ÉditionParis : François Pommeray, 1629, in-8°.
Éditeur scientifiqueDéléris, Alban
Nombre de pages4
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73903n.r
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Baro-Celinde-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Baro-Celinde-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Baro-Celinde-Preface.odt
Mise à jour2012-12-04
Mots-clés
Mots-clés français
GenreTragédie
SourcesBible
SujetVrai / inventé ; connu
DramaturgieVraisemblance ; bienséances
ActionReprésenter / raconter
RéceptionCritiques
FinalitéDivertir / enseigner
ActualitéFonctionnement de la justice
Mots-clés italiens
GenereTragedia
FontiBibbia
ArgomentoVera / inventato ; conosciuto
DrammaturgiaVerosimiglianza ; decoro
AzioneRappresentare / raccontare
RicezioneCritiche
FinalitàDivertire / insegnare
AttualitàFunzionamento della giustizia
Mots-clés espagnols
GéneroTragedia
FuentesBiblia
TemaVerdadero / Inventado ; conocido
DramaturgiaVerosimilitud ; decoro
AcciónRepresentar / contar
RecepciónCríticas
FinalidadEntretener / enseñar
ActualidadFuncionamiento de la justicia
Présentation
Présentation en français
Texte
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Avertissement
[NP1] Cher lecteur, j’aurais trouvé une fort bonne invention pour grossir ce volume, si j’avais résolu de me justifier envers toi de tous les défauts que tu y remarqueras ; je crois bien que j’y ai commis des fautes qu’on ne saurait couvrir qu’en fermant le livre, aussi je ne le soumets pas à ton jugement pour en tirer de la gloire, mais seulement pour te faire part des soins que j’ai pris à divertir un prince1 de qui les qualités excellentes ont obligé mon âme à des ressentiments2 éternels. Ainsi, cher lecteur, j’espère que cette petite reconnaissance3 que tu me dois, te fera recevoir pour cet ouvrage, la même pitié que tu aurais pour ma fortune, si mon destin te pouvait être connu : que s’il arrive que tu tombes dans quelqu’une4 des doutes qui m’ont été proposées, je serai bien aise que tu prennes la peine de lire dans cet avertissement, la raison dont je me suis servi pour les combattre. La première chose donc, voire presque la seule où j’ai reconnu que j’avais heurté en quelque sorte le senti[NP2]ment des meilleurs esprits, est ce qui regarde l’histoire de Judith5 : mais voici ce que je leur ai allégué pour leur faire trouver légitime la nécessité que j’avais de l’introduire dans ce poème6. Premièrement, ayant à traiter tout un sujet en trois cents vers, c’est sans doute que j’en devais choisir un qui fût extrêmement connu, afin que sans être forcé d’ouïr quantité de narrations importunes7, tu pusses d’une seule parole apprendre beaucoup de choses. En second lieu, je devais plutôt tirer ce sujet de la Sainte Écriture que de nulle autre part, pour ce qu’il est croyable8 qu’un père de famille, et un homme d’éminente probité tel que j’ai dépeint Amintor en tout cet ouvrage, n’eût pas facilement permis que sa fille, nourrie dans une vertu irréprochable, eût représenté sur un théâtre quelques profanes amours, dont l’exemple lui eût peut-être laissé de mauvaises impressions en l’âme9. Outre cela, c’est une maxime reçue parmi la plupart de ceux qui ont écrit10, que la tragédie n’a pour objet que la vérité, de sorte que ne m’étant pas permis d’en inventer une11, il était impossible que je rencontrasse jamais une histoire qui convînt plus parfaitement à mon dessein. Et certes qui voudra prendre garde combien elle est juste à l’action pour [NP3] laquelle je l’ai introduite, ne trouvera peut-être pas étrange que pour m’en servir j’aie franchi toute considération. Quelques autres n’ont pas trouvé tout à fait leur compte en l’action de Dorice, touchant le tombeau de Floridan12, pour ce, disaient-ils, qu’il semblait qu’il y eût trop de hasard en la rencontre qui se fait entre le dessein de cette mère et le jugement d’Alcandre ; mais je leur ai fait remarquer que la coutume de satisfaire les mânes de ceux qu’on avait offensés, était reçue dans le pays comme une loi qui ne pouvait être violée, et que Dorice ne l’ignorant pas, elle était sans doute bien assurée de pouvoir donner par ce moyen un remède au mal qu’elle voulait causer. En effet il semble que nous avons tiré de là cette sorte de réparations publiques dont nos parlements se servent encore aujourd’hui, pour expier en quelque façon durant la vie, des crimes qui ne laissent pas d’être punis de mort. Au reste le juge que j’introduis n’est pas comme plusieurs qui se sont établis depuis qu’on a découvert un nouveau monde. De son temps on ne connaissait point l’usage des épices13, et des balances qu’on donne à la justice, on se servait seulement pour peser les raisons des parties, non pas leur or ni leur argent14. Aussi je ne me suis pas attaché, pour [NP4]ce qui le regarde, à des termes particuliers, et quand je le fais paraître, je suis bien aise qu’il parle plutôt en homme d’État qu’en chicaneur15. Voilà ce que j’ai cru être obligé de te dire, cher lecteur, afin que tu ne demeures pas sans éclaircissement sur les points dont tu pourrais douter. Que s’il m’était permis de te dire le sujet qui m’a fait mettre cette pièce en lumière, peut-être jugerais-tu bien de mon travail. Ce n’est pas que je n’aie reconnu qu’elle n’accroîtra jamais le nombre des bonnes choses, et que j’en devrais user comme d’un péché qui doit sa grâce au secret sous lequel il est enseveli, mais je me suis imaginé qu’au pis-aller je ne serais pas coupable de t’avoir dérobé beaucoup de temps, puisque tu n’y saurais perdre que deux heures, et que s’il advient que Célinde ne te plaise pas, l’arrêt d’Alcandre te fera juger que ce ne sera qu’après moi que tu l’auras condamnée. Adieu.