Dédicace
Alexandre, Tragédie de Jacques de La Taille, du Pays de Beauce
La Taille, Jean de
Éditeur scientifique : Busca, Maurizio
Description
Auteur du paratexteLa Taille, Jean de
Auteur de la pièceLa Taille, Jacques de
Titre de la pièceAlexandre, Tragédie de Jacques de La Taille, du Pays de Beauce
Titre du paratexteÀ très-illustre Prince Henri de Bourbon, Roi de Navarre
Genre du texteDédicace
Genre de la pièceTragédie
Date1573
LangueFrançais
ÉditionParis, Fédéric Morel, 1573, in-8°
Éditeur scientifiqueBusca, Maurizio
Nombre de pages5
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57368731/f233
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/LaTaille-Alexandre-Dedicace.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/LaTaille-Alexandre-Dedicace.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/LaTaille-Alexandre-Dedicace.odt
Mise à jour2014-10-17
Mots-clés
Mots-clés français
GenreTragédie
SujetHistorique
DédicataireParallèle entre la magnanimité d’Alexandre le Grand et d’Henri de Navarre
FinalitéMorale / civile ; consolation
ActualitéGuerres de religion
AutreInstabilité de la Fortune ; misère des grands
Mots-clés italiens
GenereTragedia
ArgomentoStorico
Dedicatario e PersonaggioParallelo fra la magnanimità di Alessandro Magno e quella di Enrico di Navarra
FinalitàMorale / civile ; consolazione
AttualitàGuerre di religione
AltriInstabilità della Fortuna ; miseria dei grandi
Mots-clés espagnols
GéneroTragedia
TemaHistórico
Dedicatario y personajeParalelo entre la magnanimidad de Alejandro Magno y Enrique de Navarra
FinalidadMoral / civil ; consuelo
ActualidadGuerras de religión
OtrasInestabilidad de la Fortuna ; miseria de los grandes
Présentation
Présentation en français
Si l’histoire contemporaine est présentée comme un spectacle tragique, le théâtre est considéré réciproquement comme un dispositif susceptible d’influencer positivement le cours de l’histoire : selon la conception du théâtre propre à Jean de La Taille2, la tragédie a le pouvoir de former les gouvernants, de leur apprendre à affronter les revers du sort et de leur faire prendre conscience de l’instabilité de toute entreprise humaine. Dans son poème sur le Prince nécessaire, dont deux vers sont cités à la fin de la dédicace, La Taille développait amplement le topos de l’historia magistra vitæ, en faisant de l’histoire la discipline principale dans la formation du monarque ; dans la dédicace de l’Alexandre, il accorde à la tragédie la même efficacité qu’il avait attribuée à l’histoire. Le texte se clôt sur une morne exhortation à la mediocritas qui rappelle, dans une cadence presque prophétique, le ton de l’épître dédicatoire de la Famine3 : les fatalités s’abattent souvent sur les « grands », et presque toujours les plus vaillants chefs militaires, quoique vertueux, meurent de mort violente.
Texte
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À très-illustre Prince Henri de Bourbon, Roi de Navarre,
Jean de La Taille de Bondaroy.
{2 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57368731/f235} Sire, ayant longuement débattu en moi-même à qui j’adresserais la tragédie de ce roi Alexandre, j’ai pensé que je ne la pourrais mieux vouer qu’à un roi qui n’a le cœur moins magnanime qu’Alexandre, principalement à supporter les jeux tragiques que Fortune (si fortune on doit appeler l’entresuite4 des choses, et l’ordre certain [NP2] qu’en l’univers Dieu a de tout temps établi) joue piteusement5 sur le théâtre français ; qu’à un roi, dis-je, à qui même, pour sa courtoisie en mon endroit – étant un jour blessé d’un coup de lance6 –, je me sens perpétuellement obligé, et dont7 il lui pourrait bien souvenir, si mon Prince nécessaire8, que je lui ai pareillement dédié, avait cet heur de tomber jamais entre ses mains, au préface9 duquel je lui ramentai10 le temps, le lieu, et comment. Combien que11 sans cela, il ne laisserait me reconnaître12, Dieu l’ayant, entre autres dons, doué d’une si excellente et heureuse mémoire, que moi lors et plusieurs autres ont éprouvée. Non que j’aie fait, Sire, cet Alexandre, mais un mien frère13, que Dieu, par le moyen d’une peste étrange14, retira à lui en sa fleur, un peu devant nos guerres civiles, afin {3 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57368731/f237} qu’il ne vît sa patrie baignée en sang, en feu, en larmes, en massacres et pillages. Ha combien de grands seigneurs souhaiteraient volontiers que Dieu leur eût fait cette grâce, ou que, durant l’orage plus furieux15 de nos désastres, il les eût transformés en quelque tronc, sans oreilles et sans yeux ! Votre majesté, peut-être, encore qu’elle fût jeune d’âge, et fût du sang des dieux terrestres, saurait bien qu’en dire, ayant (possible16) éprouvé que Fortune, ou plutôt Dieu, s’attaque autant, ou plus, aux grands qu’aux petits. Ainsi que cet Alexandre empoisonné17, qui fut le plus grand monarque du monde, dont les saintes Lettres ont daigné parler18, et dont même Daniel a prophétisé19, vous peut faire foi, et vous apprendre à souffrir patiemment les sursauts et défaveurs que [NP3] Fortune humaine lui a même fait sentir au milieu de ses plaisirs, de son heur, et de son âge20. Mais c’est un merveilleux21 cas, Sire, qu’il advient toujours que ceux qui ont été les plus grands en armes et en vertus meurent presque tous de mort violente. Voyez de quelle mort César, Pompée, Brute, Caton, Daire, et tous les nobles malheureux que décrit Boccace22, et tant d’autres de notre temps, ont finé23 leurs jours : mais sur tous cestui-ci, pour avoir – peut-être, ainsi que ceux-là – servi de fléau à Dieu. Cestui-ci, dis-je, qui en son malheur s’estimerait heureux s’il vous plaisait, Sire, lui faire tant de faveur que de le lire, pour y contempler les misères humaines, les jugements de Dieu et vous y consoler24 ; et pour y apprendre, ainsi que même j’ai {4 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57368731/f239} chanté en ce mien Prince nécessaire dont je parle,
Au moyen de quoi je supplierai Dieu, Sire, vous donner plus de vie et d’heur26 que n’eût cestui-ci, et de vous préserver de l’inconvénient qui le fit mourir.