IdT – Les idées du théâtre


 

Dédicace

Le Théâtre d’Alexandre Hardy, Parisien. Tome quatrième.

Hardy, Alexandre

Éditeur scientifique : Cavaillé, Fabien

Description

Auteur du paratexteHardy, Alexandre

Auteur de la pièceHardy, Alexandre

Titre de la pièceLe Théâtre d’Alexandre Hardy, Parisien. Tome quatrième.

Titre du paratexteA Monseigneur le Prince

Genre du texteDédicace

Genre de la pièceRecueil de tragi-comédies et de pastorales

Date1626

LangueFrançais

ÉditionRouen, David du Petit Val, 1626, in-8°.

Éditeur scientifiqueCavaillé, Fabien

Nombre de pages6

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71073v/f1.image.r=Alexandre+Hardy.langFR

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Hardy-TomeIV-Dedicace.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Hardy-TomeIV-Dedicace.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Hardy-TomeIV-Dedicace.odt

Mise à jour2013-06-11

Mots-clés

Mots-clés français

Relations professionnellesPoète / protecteur aristocratique

Mots-clés italiens

Rapporti professionaliPoeta / protettore aristocratico

Mots-clés espagnols

Relaciones profesionalesPoeta / protector aristocrático

Présentation

Présentation en français

Il s’agit de la plus longue épître dédicatoire de toutes les œuvres d’Alexandre Hardy : l’ampleur de la dédicace s’explique par la protection de longue date que le prince de Condé accorde à Alexandre Hardy qui est un de ses hommes de plume. Hommage au protecteur, le texte est aussi une réflexion sur les relations et les échanges entre prince et poète. En 1626, cette réflexion est un peu datée – d’autant plus qu’Henri IV et son fils n’ont pas le même rapport aux lettres que leurs prédécesseurs Valois. Dans le cas de Hardy, elle obéit à une stratégie de publication qui permet de faire oublier que le poète au service du prince est ici un homme de théâtre qui n’écrit pas des poèmes d’éloge et qui revendique la différence entre l’écriture tragique et la poésie de cour.

Alexandre Hardy évoque la relation de dépendance réciproque qui existe entre le protecteur aristocratique et le poète : le premier dispense ses bienfaits au second qui, en retour, a la charge de le célébrer et, ainsi, de le faire entrer dans l’Histoire. Puis il fait allusion à la protection que le prince lui a accordée depuis sa jeunesse.

Texte

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A Monseigneur le Prince1.

Monseigneur,

[NP1] Comme il n’appartient qu’aux grands princes, vos pareils, de produire les plus rares actions de la vertu sur le théâtre du monde, pour se rendre autant admirables qu’imitables à la postérité, ainsi la gloire qui sert de prix à leur course sem[NP2]ble mourir en naissant, lorsque les Muses n’en immortalisent la renommée. C’est pourquoi ce monarque macédonien, plus grand encore d’effets que de nom2, avoua franchement que la valeur d’Achille empruntait son plus beau lustre des vers d’Homère qui la semèrent par l’univers. Car bien que l’histoire3 soit la vraie source où se puisent les louanges de ceux qui courbèrent la tête sous le faix des lauriers, qui eurent la fortune en leurs mains, et l’envie sous les pieds, si bien est-ce que les ruisseaux de la poésie y con[NP3]tribuent beaucoup, cette vénérable Sibylle prononçant en faveur de ceux qui l’honorent certains oracles qui ne meurent jamais en la bouche des hommes, et sa juste économie dispersant à quiconque les mérites, des couronnes tissues de ces fleurs qui rajeunissent en la vieillesse des saisons. Seule occasion qui obligea les plus fameux capitaines de l’antiquité à chérir et s’approprier quelques poètes particuliers4, ainsi que trompettes capables de faire bruire leurs louanges d’un hémisphère à l’autre. Et sans souiller de plus [NP4] vieux monuments ailleurs qu’en notre France, qui ne sait que Charlemagne, outre l’amour qu’il leur portait, se daigna lui-même exercer au métier des Muses, que saint Louis – duquel vous tirez5, Monseigneur, outre l’origine, une émulation de toute sorte de vertu – révoqua par une bénéficence6 continuée en ses successeurs celles que l’ignorance avait bannies de leur Empire, ce qui advint sous Louis XII, François Ier, Charles IX, duquel ce divin Ronsard fut l’âme et les délices. Quant à notre [NP5] siècle où les meilleurs ouvriers de ce bel art sont les moins heureux et recherchés, où il faut être aussi bon courtisan que mauvais poète pour faire fortune, ma pauvre Muse vagabonde et flottante sur un océan de misères n’a dans le ciel de la France vu d’astre favorable qui la pût préserver de naufrage que le vôtre, Monseigneur. Elle n’a eu son refuge qu’à ce temple ouvert auquel vous présidez et résidez dans l’un de nos plus célèbres Parnasses, comme la déité tutélaire de ces filles de [NP6] mémoire7, qui lui consacrent de ma part une élite de derniers poèmes, ainsi que le courage8 de l’auteur, trop heureux si vous estimez ce présent par l’affection plus que par autre valeur, et si l’honneur de vous avoir plu accomplit en un tous ses vœux qui se bornent à demeurer,

Monseigneur,

Votre plus humble et plus obéissant serviteur.

HARDY