IdT – Les idées du théâtre


 

Dédicace

Marguerite de France, tragi-comédie

Gilbert, Gabriel

Éditeur scientifique : Blondet, Sandrine

Description

Auteur du paratexteGilbert, Gabriel

Auteur de la pièceGilbert, Gabriel

Titre de la pièceMarguerite de France, tragi-comédie

Titre du paratexteÀ Madame, Madame la duchesse d’Aiguillon

Genre du texteDédicace

Genre de la pièceTragi-comédie

Date1641

LangueFrançais

ÉditionParis, Augustin Courbé, 1642, in-12°

Éditeur scientifiqueBlondet, Sandrine

Nombre de pages5

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72354n/f1

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Gilbert-Marguerite-Dedicace.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Gilbert-Marguerite-Dedicace.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Gilbert-Marguerite-Dedicace.odt

Mise à jour2013-06-05

Mots-clés

Mots-clés français

Personnage(s)Marguerite de France

DédicataireCommande de la duchesse d’Aiguillon ; perfection de Marguerite de France et de la duchesse d’Aiguillon ; supériorité de la dédicataire

AutreÉloge (explicite) de Richelieu

Mots-clés italiens

Personaggio(i)Margherita di Francia

Dedicatario e PersonaggioCommenda della duchessa di Aiguillon ; perfezione di Margherita di Francia e della duchessa di Aiguillon ; superiorità della dedicataria

AltriElogio (esplicito) di Richelieu

Mots-clés espagnols

Personaje(s)Margarita de Francia

Dedicatario y personajeEncargo de la Duquesa de Aiguillon ; perfección de Margarita de Francia y de la Duquesa de Aiguillon ; superioridad de la dedicataria

OtrasElogio (explícito) de Richelieu

Présentation

Présentation en français

Marguerite de France est la première pièce de Gabriel Gilbert, vraisemblablement commandée par sa dédicataire, la duchesse d’Aiguillon, nièce de Richelieu. Créée en 1635, elle connut un beau succès, dont témoigne Chapelain : « M. Gilbert eût bien souhaité aussi que vous eussiez assisté à la représentation de sa Marguerite française et que vous eussiez été l’un de ses acclamateurs. Je la vis et vous dois dire que jamais première pièce d’auteur ne réussit comme celle-là, qui me tira des larmes en quelques endroits et qui me toucha presque partout »1.

Dès cette première dédicace, Gilbert élabore un canevas de discours encomiastique que l’on retrouvera dans les pièces ultérieures de l’auteur2. En premier lieu, Gilbert fait état de « l’obligation » de l’héroïne envers la duchesse qui lui a assuré sa protection. C’est l’occasion de dresser le panégyrique de Marguerite de France, dont les qualités seront pourtant déclarées inférieures à celles de la duchesse. De surcroît, parce que sa dédicataire est la nièce de Richelieu, c’est également de lui que Gilbert se déclare le « très humble, très obéissant serviteur », formule à nouveau topique qui clôt cette dédicace comme toutes celles de Gilbert, et bon nombre de celles de ses confrères.

L’abondance louangeuse, ici comme ailleurs, frise la flagornerie3, au point qu’on peut se demander si Gilbert ne tourne pas en dérision les usages dédicatoires de son temps. Dans tous les cas, la permanence de son discours, aux topoï récurrents de pièce en pièce, met en évidence sa maîtrise des rouages du mécénat dramatique.

Texte

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À Madame,

Madame la duchesse d’Aiguillon

Madame,

[NP1] Si Marguerite de France [voi]t4 une seconde fois la lumière, [c’es]t à vous à qui elle en5 a l’o6bligation ; [c’es]t par votre commandement [qu’]elle sort du tombeau et que les [Mu]ses la font revivre7. Les traver[ses] et les disgrâces de sa première [vie] lui auraient justement fait [NP2] appréhender de revoir le monde si je ne lui eusse fait espérer que vous lui servirez d’asile et que vous ne l’abandonnerez pas après l’avoir fait naître. Elle n’aura rien à craindre si vous devenez sa protectrice ; personne n’osera l’attaquer, et son père ne sera pas en peine de prendre les armes pour sa défense. Elle eut autrefois assez de force toute seule pour vaincre la Fortune ; mais à présent elle reconnaît sa faiblesse et confesse qu’elle a besoin de votre secours. Elle est si généreuse qu’elle rougit de demander de l’assistance à une autre ; mais elle sait qu’il n’y a point de honte d’implorer celle de votre vertu. Si vous considérez, Madame, la [NP3] personne qui vous parle, vous trouverez qu’elle est digne de la faveur qu’elle vous demande : bien qu’elle compte plusieurs rois dans sa [r]ace, la grandeur de sa naissance est ce qu’il y a de moins grand en elle, et son rang est beaucoup au dessous de ses perfections. Elle a les grâces du corps avec les avantages de l’esprit ; mais quelques rares qualités qu’elle possède, elle ne laisse pas d’être votre inférieure8 ; et tout ce que l’on admire en elle n’est que l’ombre de ce que l’on voit reluire en vous. C’est avec grande raison, Madame, que chacun vous contemple comme un miracle de Nature, et comme un chef-d’œuvre de la Sagesse : la [NP4] Fortune qui est son esclave est aussi la vôtre, et l’Envie même se tait en votre faveur, pour laisser parler la Renommée. Elle dit de vous ce qu’elle n’a jamais dit de personne, et publie hautement que vous êtes parfaite. Toutes vos actions sont des preuves de cette vérité, et par vos hautes vertus, vous montrez bien que vous êtes digne nièce du Grand Cardinal de Richelieu, de qui la vie donnera de l’étonnement9 à la postérité, qui fait voir un héros en notre siècle qui n’a point eu son semblable dans les siècles passés, et dont les poètes mêmes ne nous ont pas laissé l’idée. Mais il ne m’appartient pas de parler [NP5] [d’]un sujet qui est au dessus des [pl]us sublimes pensées et des plus [ri]ches expressions, non plus que de [v]ous, Madame : ma raison se perdrait parmi des lumières si éclatantes. Souffrez donc que mes respects et mon silence me tiennent [li]eu d’éloquence et d’esprit, et que, ne pouvant parler dignement de vous, il me soit permis au moins de vous admirer et de me dire,

Madame,

Votre très humble, très obéissant serviteur. G. G.