Préface
Comedia de Eufrosina traducida de lengua portuguesa en castellana por el Capitán don Fernando de Ballesteros y Saavedra
Quevedo y Villegas, Francisco de
Éditeur scientifique : Blanco, Mercedes et Zerari, Maria
Description
Auteur du paratexteQuevedo y Villegas, Francisco de
Auteur de la pièceFerreira Vasconcelos, Jorge de
Titre de la pièceComedia de Eufrosina traducida de lengua portuguesa en castellana por el Capitán don Fernando de Ballesteros y Saavedra
Titre du paratexteA los que leyeren esta comedia
Genre du textePréface
Genre de la pièceComedia
Date1631
LangueEspagnol
ÉditionMadrid, Imprenta del reino, a costa de Domingo González, 1631, in-12°
Éditeur scientifiqueBlanco, Mercedes et Zerari, Maria
Nombre de pages7
Adresse sourcehttp://digital.onb.ac.at/OnbViewer/viewer.faces?doc=ABO_%2BZ182788108
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Ferreira-Eufrosina-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Ferreira-Eufrosina-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Ferreira-Eufrosina-Preface.odt
Mise à jour2015-04-10
Mots-clés
Mots-clés français
GenreComédie ; comédie en prose
SourcesFamille de la comédie en prose : Lope de Rueda, la Selvagia, la Celestina, Camõens, Corte- Real
RéceptionPublic populaire ennemi de la Comedia
FinalitéPlaisir ; utilité ; moralité divertissante et érudite ; récréation des rois ; bénéfices pour les hôpitaux
ExpressionÉlégante et savante
Relations professionnellesÉloge de Lope de Vega et de ses comedias
AutreSénèque lecteur d’Euripide ; tragédie de Bellérophon ; éloge du traducteur et de sa traduction du texte portugais ; anonymat
Mots-clés italiens
GenereCommedia ; commedia in prosa
FontiFamiglia della commedia in prosa : Lope de Rueda, la Selvagia, la Celestina, Camõens, Corte-Real
RicezionePubblico popolare nemico della Comedia
FinalitàDiletto ; utilità ; moralità divertente e erudita ; ricreazione dei re ; benefizi per gli ospedale
EspressioneElegante e dotta
Rapporti professionaliElogio di Lope de Vega e delle sue comedias
AltriSeneca lettore d’Euripide ; tragedia di Bellerofonte ; elogio del traduttore e della sua traduzione del testo portoghese ; anonimato
Mots-clés espagnols
GéneroComedia ; comedia en prosa
FuentesFamilia de la comedia en prosa : Lope de Rueda, la Selvagia, la Celestina, Camõens, Corte- Real
RecepciónPúblico vulgar enemigo de la Comedia
FinalidadPlacer ; utilidad ; moralidad entretenida y docta ; recreación de los reyes ; beneficios para los hospitales
ExpresiónElegante y docta
Relaciones profesionalesElogio de Lope de Vega y de sus comedias
OtrasSéneca lector de Eurípides ; tragedia de Belerofonte ; elogio del traductor y de su traducción del texto portugués ; anonimato
Présentation
Présentation en français
La plupart des prologues écrits par Quevedo ont en partage un ton d’assurance péremptoire, volontiers mordant, qui mêle savoir, savoir-faire et/ou art de la « provocation »5. Cependant, le Quevedo préfacier de la traduction de la Comedia Eufrosina joue, en l’espèce, le jeu sérieux, bienveillant et éclairant du passeur de texte. Il faut dire que la traduction en question, Comedia Eufrosina. Traducida de lengua portuguesa en castellana por Don Fernando de Ballesteros y Saavedra, était l’œuvre d’un ami ou allié, le dénommé Ballesteros (1576-1657), gentilhomme érudit, fonctionnaire, écrivain et familier de l’Inquisition. Ainsi, à la suite de la dédicace de Ballesteros au « señor Infante don Carlos », à la suite d’une Aprobación de José de Valvidielso et d’une autre de Jiménez Patón, le préfacier Don Francisco de Quevedo y Villegas, Cavallero de la orden de Santiago fait l’éloge de cette comedia du XVIe siècle, écrite en prose et en langue portugaise, qui se rattache, par son intrigue et ses personnages comme par sa tonalité et son style, à la vaste famille « célestinesque ». La mention de la très « estimée » Célestine à la fin de la préface atteste que le préfacier en avait parfaitement conscience. Au demeurant, on ne s’étonnera pas du goût de Quevedo pour la Célestine et sa descendance, dont il partage la verdeur d’un langage volontiers obscène ou équivoque, les personnages grotesques à la verve torrentielle, les tirades amplement moralisatrices rachetées par le sens de la formule laconique, vigoureusement frappée. De fait, la matière célestinesque, mêlée à d’inlassables variations brillantes du stéréotype classique de la vieille – la vetula – a laissé d’innombrables traces dans sa poésie, son théâtre et ses fictions en prose.
Notre texte se développe en quatre temps : tout d’abord, Quevedo célèbre la pièce portugaise, dont l’auteur inconnu se trouve exalté, en pointant ses qualités propres à l’utile et à l’agréable ; puis il fait l’éloge du théâtre en s’appuyant sur une assez longue citation de la lettre 115 de Sénèque ; le discours se poursuit par une petite apologie de la comedia (probablement entendue dans son sens général de « pièce de théâtre ») et des comedias de Lope de Vega en particulier, celles-ci convenant au divertissement des princes qui les ennoblissent par leur royale approbation ; enfin, après avoir égrené des précédents castillans et portugais de comédies en prose (les pièces de Lope de Rueda, la Selvagia, la Célestine, une pièce de Camões et deux de Corte-Real), la préface se clôt par un éloge du travail de traducteur de Ballesteros y Saavedra.
En somme, cette préface est un vibrant hommage rendu au théâtre et à la comedia au miroir d’une pièce portugaise comme annexée, pour l’occasion, au domaine castillan, grâce à une traduction apparemment tenue en grande estime par le polyglotte Francisco de Quevedo. Jaime Moll a rappelé que cette Eufrosina fut la seule « comedia » dont le Conseil de Castille devait autoriser la publication durant les années d’interdiction6, d’où probablement, dans le prologue de Quevedo, l’importance imputée à l’exemplarité du texte de Ferreira – texte qui, on s’en souvient, fut condamné par l’Inquisition avant d’être amendé par les coupes sombres de Roiz Lobo. D’où, également, ce lexique et ces expressions qui, avec une (trop) grande insistance, sacrifient au thème horatien de l’utile et de l’agréable, mais surtout, en vérité, de l’utile.
Il faut dire que la triomphante comedia voit dans ces années sa diffusion livresque bloquée par les censeurs, qui se résignent à la laisser vivoter, tel un fugace divertissement, tout en lui refusant la dignité littéraire que le livre octroie. Bel et bien définie comme un divertissement, mais hautement délectable et profitable, comme une école de conduite, elle trouve en Quevedo un défenseur d’envergure qui mêle dans un même éloge le théâtre dans son ensemble, les « comédies » en prose faites pour la lecture, à l’exemple de l’Eufrosina, et la spectaculaire comedia de Lope. C’est ainsi que, en dépit de sa minceur et de l’indéniable banalité de son argumentation, ce prologue doit à la personnalité de son auteur une valeur documentaire non négligeable, telle une pièce du dossier théâtre et du dossier comedia. ; Notons, en outre, qu’au sein du passage le plus réussi du prologue – l’extrait d’une lettre de Sénèque à Lucilius (1. 115) –, le traducteur de « quatre-vingt-dix lettres » sénéquiennes que fut Quevedo met au cœur de son propre texte une sorte de saynète méta-textuelle sur le théâtre et sa condamnation. Cette anecdote théâtrale rapporte la réaction du public à l’écoute de la tirade sur les richesses que prononce Bellérophon dans la pièce du même nom d’Euripide. Devant la vociférante indignation des spectateurs (aux allures de foule ignorante, quoique honnête) qui sanctionne un éloge de l’or par trop scandaleux, Euripide en personne serait intervenu afin de rasséréner ce public et de l’inviter à attendre la fin de sa pièce qui voit la punition du héros. On comprend l’opportunité de la citation à la lecture de l’Eufrosina, car certains personnages y soutiennent des opinions pendables à grand renfort de tirades sentencieuses et de bons mots. L’un d’entre eux, Cariófilo, défend la séduction des filles et l’inconstance ; d’autres font de même avec la cupidité ; d’autres encore recommandent une fourbe armée d’arguties juridiques et prônent l’esprit de revanche. Certes, lors du dénouement, certains personnages sont pris au piège de leurs manigances et laissent quelques plumes dans l’affaire, mais ce que le lecteur retient surtout c’est le triomphe de l’amour – furtif et contraire aux projets de beau mariage du père de la demoiselle –, du galant pauvre, Zelótipo, et de la belle Eufrosina. Grâce à l’intercession d’un ami aussi loquace que bien intentionné, ils sont in fine pardonnés par le père et promis à un bel héritage. C’est donc bien à sa manière de sophiste que Quevedo couvre cette « morale » assez légère d’un voile de sévérité sénéquienne, défendant ainsi, plus encore que la comedia, l’esprit de la comédie antique et moderne, favorable aux plaisirs de la jeunesse, à la liberté de l’amour et à l’effacement des pères au profit des fils, des riches au profit des pauvres.
Somme toute, à travers cette citation librement traduite, l’écrivain recommande à son tour la patience et la bonne intelligence face à la Comedia Eufrosina et à la comedia nueva, stratégiquement rapportées non à l’œuvre d’un Plaute, d’un Térence ou d’un Ménandre, mais à celle de l’un des grands tragiques grecs. Malgré un éloge un rien paradoxal du vulgo, il semble bien que les censeurs du théâtre et de la comedia, assimilés en sous-main au public vulgaire d’antan si prompt à juger, huer et condamner, tombent sous un éclairage peu flatteur : ils ne sont que médisants spectateurs qui entendent de travers. Aussi, l’air de ne pas trop y toucher, le préfacier renvoie-t-il très loin dans leurs cordes les ennemis du théâtre et de la comedia : que celle-ci soit composée à l’ancienne mode célestinesque ou à la mode contemporaine de la comedia nueva – une nouvelle comedia que Quevedo, sa vie durant, vit fleurir et prospérer, en dépit des attaques de la censure.
Présentation en espagnol
Texte
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Francisco de Quevedo Villegas caballero de la orden de Santiago
A los que leyeren esta comedia
{NP1} Esta Comedia Eufrosina que, escrita en portugués, se lee sin nombre de autor13, es tan elegante, tan docta, tan ejemplar, que hace lisonja la duda que la atribuye a cualquier de los más doctos escritores de aquella nación. Muestra igualmente el talento y la modestia del que la compuso14, pues se calló tanta gloria que hoy apenas la conjetura halla sujeto capaz a quien po{NP2}der atribuirla.
Mañosamente debajo del nombre de comedia enseña a vivir bien, moral y políticamente, acreditando las virtudes, y disfamando los vicios, con tanto deleite como utilidad, entreteniendo igualmente al que reprehende y al que alienta15 : extraña habilidad de pluma que sabe sin escándalo16 ser apacible y provechosa, condición que deben tener estas composiciones. Así lo juzgó Séneca Epístola 11517. Refiere que en una tragedia de Eurípides, Belerofonte18, que era la persona que hablaba, dijo tales palabras: « Deja que me llamen maldito, como me llamen rico ; pues todos preguntamos, si uno es rico, no si es bueno. No preguntan por qué y de dónde, sino {NP3} cuánta hacienda posee. En toda parte, es cada uno tanto como tiene. Preguntas ¿ qué cosa nos está mal tener ? Respondo que nada, y quiero vivir rico y, si soy pobre, morirme. Bien muere quien muriendo gana algo. Si en la cara de Venus resplandece cosa como la riqueza y el oro, con razón enamora a los hombres y a los dioses. »
En acabando de pronunciar estas palabras postreras, todo el mundo se levantó con ímpetu a apedrear al representante y a los versos, hasta que Eurípides mismo se levantó entre todos, pidiendo que aguardasen a ver qué fin tenía en la tragedia este idólatra del oro19. Oyéronle, y Belerofonte en la fábula tenía el castigo que merecía su insolencia.
{NP4} Hasta aquí son palabras de Séneca que, aprovechando la buena composición y ejemplar de Eurípides, previno desde entonces aplauso y alabanza a nuestra Eufrosina20, donde están distribuidas las ruinas y las afrentas sobre los vicios y los premios sobre las virtudes y méritos21. No quede sin alabanza aquel vulgo que se amotinó en el teatro contra la insolencia de las palabras, cuando no se lee de los jueces y magistrados algún enojo22.
Con grande gloria de la virtud y buen ejemplo, se han escrito en España con nombre de comedias, fuera de las fábulas, historias y vidas23, que a la virtud y al valor enseñan y mueven con más fuerza que otra alguna cosa : como se ve con admiración en las {NP5} de Lope de Vega Carpio, tan dignas de alabanza en el estilo y dulzura, afectos y sentencia, como de espanto, por el número demasiado para un siglo de ingenios24, cuanto más para uno solo, a quien en esto siguen dichosamente muchos que hoy escriben este entretenimiento, decente a soberanas ocupaciones ; que el ocio de los Reyes tiene estatutos de majestad y no debe admitir alivio que no sea calificado. Por esto tiene lugar en los oídos de los Príncipes este de las comedias, a quien han dado su atención, contra la prolijidad de los cuidados, los más y mejores monarcas del mundo, sin que a esto ofenda lo que algunos malician para reprobar los ingenios que dichosamente se ocupan en esta composición25 ; ni el entretenimiento, que {NP6} es gustoso, docto, ejemplar, y limosnero por el socorro frecuente con que alimenta los hospitales26. Pocas comedias hay en prosa de nuestra lengua, si bien lo fueron todas las de Lope de Rueda27. Más para leídas tenemos la Selvagia28, y con superior estimación la Celestina29, que tanto aplauso ha tenido en todas las naciones. En portugués hay una de Camões30, dos del doctísimo Corte-Real31, y esta Eufrosina, de que carecíamos ; porque su original no cercenado por Lobo32, es difícil por los idiotismos de la lengua y los proverbios antiguos, y que ya son remotos a la habla moderna.
Don Fernando de Ballesteros y Saavedra33, con suma {NP7} diligencia la ha traducido, de suerte que, hablando castellano, no deja de ser portugués, ni deseó de verse como nació, donde empieza ahora a vivir. Merece Don Fernando grande alabanza en haber hecho que tenga Castilla parte en obra tan grande y digna de encarecida estimación.
Don Francisco de Quevedo y Villegas.