IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

La Cyminde ou les deux victimes

Targa, François ; Aubignac, François Hédelin, abbé d’

Éditeur scientifique : Fournial, Céline

Description

Auteur du paratexteTarga, François ; Aubignac, François Hédelin, abbé d’

Auteur de la pièceAubignac, François Hédelin abbé d’

Titre de la pièceLa Cyminde ou les deux victimes

Titre du paratexteLe libraire au lecteur

Genre du textePréface

Genre de la pièceTragédie en prose

Date1642

LangueFrançais

ÉditionParis, François Targa, 1642, in-12°. (Numérisation en cours)

Éditeur scientifiqueFournial, Céline

Nombre de pages3

Adresse source

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Aubignac-Cyminde-Preface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Aubignac-Cyminde-Preface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Aubignac-Cyminde-Preface.odt

Mise à jour2014-05-20

Mots-clés

Mots-clés français

LieuUnité dans la pièce / à la représentation

ComédiensConflits auteur / comédiens ; mauvaise interprétation

ScenographieDécor

ReprésentationPublic mécontent

RéceptionReprésentation / lecture

FinalitéPlaisir

Relations professionnellesRelations auteur / libraire

Mots-clés italiens

LuogoUnita nell’opera / nella rappresentazione

AttoriConflitti autore / comici ; cattiva interpretazione

ScenografiaApparato scenico

RappresentazionePubblico scontento

RicezioneRappresentazione / lettura

FinalitàDiletto

Rapporti professionaliRelazioni autore / libraio

Mots-clés espagnols

LugarUnidad en la obra / en la representación

Actor(es)Conflictos autor / actores ; mala interpretación

EscenografiaDecorado

RepresentaciónPúblico descontento

RecepciónRepresentación / lectura

FinalidadPlacer

Relaciones profesionalesRelaciones autor / librero

Présentation

Présentation en français

Probablement commandée par Richelieu, la tragédie en prose La Cyminde ou Les Deux Victimes de l’abbé d’Aubignac est publiée en 1642 chez François Targa, sans nom d’auteur mais assortie d’un avis du « libraire au lecteur » inspiré sans nul doute à Targa par d’Aubignac. Après une rapide allusion à l’histoire éditoriale de La Cyminde et de La Pucelle d’Orléans, l’avis devient le lieu d’une charge virulente contre les comédiens accusés de négligence, d’une interprétation désinvolte et peu soucieuse du texte de l’auteur, bref d’être responsables de l’échec de la pièce lors de sa représentation. Le libraire illustre son propos par deux exemples qui lui permettent d’affirmer que les comédiens ont brisé l’unité de lieu et ôté aux spectateurs le plaisir d’une grande scène pathétique. Cette critique des comédiens introduit une opposition entre deux modes de réception d’une pièce de théâtre, la représentation et la lecture. Si la représentation altère bien souvent la pièce et les desseins de l’auteur, d’Aubignac – derrière Targa – promeut la lecture comme mode de réception direct et immédiat, seul capable de rendre justice à l’œuvre et à son auteur.

Texte

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Le Libraire au Lecteur1.

{NP1} Cette tragédie du même auteur que La Pucelle d’Orléans2 a couru même fortune entre mes mains3 : et n’ayant pas reçu de nos comédiens un meilleur traitement4 je pourrais bien avec raison répéter ici beaucoup de choses que j’ai dites ailleurs5. Mais il suffira de t’avertir que les acteurs, outre toutes les fautes du récit, les omissions et le changement de plusieurs paroles très importantes, la représentèrent avec beaucoup de négligence6. Car au lieu de découvrir la mer dès le premier acte7 afin d’imprimer dans l’esprit des spectateurs la croyance de la {NP2} mort d’Arincidas ou de Cyminde par les préparatifs de ce sacrifice dont l’image leur serait toujours présente, ils ne l’ont jamais fait paraître qu’au quatrième, si bien que non seulement ils ont détruit l’unité du lieu malgré tous les soins de l’auteur8, mais encore ont-ils perdu l’effet d’un beau spectacle9 et qui d’ailleurs n’était pas trop mal disposé. Outre que le discours le plus pathétique de Cyminde est celui qu’elle fait auprès du corps de son mari, quand elle le tient demi-mort sur le rivage, et néanmoins il fut faible et sans grâce dans la représentation, parce que l’actrice était debout, ne pouvant ou ne voulant pas se baisser comme il était nécessaire en ce rencontre10 où la douleur la doit rendre languissante et lui faire examiner de près si celui qu’el{NP3}le aime et qu’elle pleure est véritablement mort ou vif11. Aussi lors les spectateurs se fâchaient contre l’actrice qui faisait si mal son personnage et perdaient cependant le contentement qu’ils devaient recevoir de ses plaintes12. C’est comme il en arrive à la plupart des pièces de théâtre, que les acteurs rendent bonnes ou mauvaises dans les représentations selon leur caprice et la portée de leur suffisance. Juge donc de celle-ci librement et avec plaisir13.