Dédicace
Les Engagements du hasard
Corneille, Thomas
Éditeur scientifique : Pavesio, Monica
Description
Auteur du paratexteCorneille, Thomas
Auteur de la pièceCorneille, Thomas
Titre de la pièceLes Engagements du hasard
Titre du paratexteÉpître
Genre du texteDédicace
Genre de la pièceComédie
Date1657
LangueFrançais
ÉditionRouen, L. Maurry, et Paris, A. Courbé, 1657, in-12°. (Numérisation en cours)
Éditeur scientifiquePavesio, Monica
Nombre de pages6
Adresse source
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/CorneilleTho-Engagements-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/CorneilleTho-Engagements-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/CorneilleTho-Engagements-Preface.odt
Mise à jour2015-06-05
Mots-clés
Mots-clés français
GenreComédie
SourcesLos empeños de un acaso (Montalbán) ; Casa con dos puertas (Calderón)
SujetAdapté
RéceptionSuccès
Relations professionnellesRelations professionnelles avec son rival Boisrobert
Mots-clés italiens
GenereCommedia
FontiLos empeños de un acaso (Montalbán) ; Casa con dos puertas (Calderón)
ArgomentoAdattato
RicezioneSuccesso
Rapporti professionaliRelazioni professionali con il suo rivale Boisrobert
Mots-clés espagnols
GéneroComedia
FuentesLos empeños de un acaso (Montalbán) ; Casa con dos puertas (Calderón)
TemaAdaptado
RecepciónExito
Relaciones profesionalesRelaciones profesionales con su rival Boisrobert
Présentation
Présentation en français
Texte
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Épître
Monsieur1,
{NP1} Quoique je vous fasse un assez mauvais présent, je ne laisse pas de prétendre que vous m’en soyez obligé, puisque pour vous donner des preuves de la déférence que j’ai pour tous vos sentiments, je m’impose à me faire condamner du public, en lui abandonnant un ouvrage que je n’en {NP2} saurais croire digne. Vous savez que je penchais entièrement à le supprimer et que n’étant qu’un premier essai2 de poésie, que je n’avais osé avouer quand il parut il y a sept ou huit ans sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne3, je faisais dessein4 de n’en permettre jamais l’impression5, mais vous vous y opposâtes si fortement pour l’intérêt du fameux D. Pedro Calderón, qui a traité cette comédie avec tant d’esprit, sous le même titre de Los empeños de un acaso6, que tout ce que je pus obtenir ce fut la liberté d’y changer ce que j’y trouvais de plus faible7; et pour me faciliter les moyens de le faire avec succès, vous me fîtes remarquer que, comme les Espagnols ne renoncent pas aisément à leurs premières idées quand {NP3} elles ont été suivies de quelque bonheur, le même Calderón avait fait une autre comédie intitulée, Casa con dos puertas mala es de guardar8, qui avait tant de rapport avec la mienne, qu’il ne me serait pas difficile d’en tirer de quoi fournir à ce que j’en retrancherais de languissant9. Ainsi de cet amas d’intrigues qui la soutiennent jusques à la fin, j’en choisis ce que j’y trouvai de plus agréables surprises, pour en faire un acte tout nouveau10 ; mais je ne prévoyais pas que ce sujet, qui était demeuré jusque là inconnu, malgré Les Fausses Vérités11, cesserait incontinent12 de l’être par l’adresse d’une des plus délicates plumes de notre siècle13, et que paraissant au théâtre avant ma correction, qu’une raison assez forte {NP4} m’obligeait à garder encore quelque temps dans le cabinet14, il pourrait faire soupçonner d’avoir porté envie à sa gloire15, par la conformité qui s’y trouve avec Les Engagements du Hasard que je vous présente. J’avoue que ce soupçon me semble avoir je ne sais quoi d’odieux, dont je ne saurais souffrir la tache16, et je ne vous offre pas tant ce poème pour vous intéresser à sa protection, qu’afin d’avoir droit de vous prier de rendre témoignage à la vérité. Il n’y a personne qui le puisse mieux que vous, vous connaissez jusques au fond de mon âme, et vous pouvez répondre pour moi, que quand je n’estimerais pas tous ceux qui écrivent aujourd’hui pour la scène au point que je les estime, je suis trop persuadé qu’il n’est {NP5} pas tout à fait beau de marcher sur les pas d’autrui, pour avoir jamais la pensée de m’engager à un dessein où j’aurais été prévenu17. Ayez donc la bonté de détromper ceux que vous verrez dans l’erreur que j’aie emprunté de L’Inconnue18 ce qu’il y a ici d’incidents semblables, et les assurez que j’honore trop particulièrement son illustre auteur, pour ne lui laisser pas toujours l’avantage entier de ses sujets. Ce n’est pas qu’il ne les choisisse d’ordinaire si brillants, que dans sa Préface de La Folle Gageure il s’étonne lui-même qu’ils ne me frappent point la vue19; mais quand j’aurais assez de faiblesse pour m’en laisser éblouir, et ne me souvenir plus qu’il y a quelque sorte d’injustice à ne laisser pas jouir chacun du fruit {NP6} de son travail, je n’oublierais pas qu’il y aurait trop à hasarder pour moi, à mesurer mes forces avec un si redoutable rival. En effet il tourne les choses d’une manière si galante, il donne tant d’agrément aux inventions les plus stériles et les plus déréglées des originaux espagnols, qu’il n’appartient qu’à lui seul d’en faire des copies qui les effacent20. Mais ce n’est pas ici le lieu de faire son éloge, et j’ai tort de vous entretenir de ce qui ne vous est pas moins connu, que la passion avec laquelle je suis,
Monsieur,
Votre très humble serviteur
T. Corneille