Préface
Pulchérie
Corneille, Pierre
Éditeur scientifique : Souchier, Marine
Description
Auteur du paratexteCorneille, Pierre
Auteur de la pièceCorneille, Pierre
Titre de la piècePulchérie
Titre du paratexteAu lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceComédie héroïque
Date1673
LangueFrançais
ÉditionParis : Guillaume de Luyne, 1673, in-12
Éditeur scientifiqueSouchier, Marine
Nombre de pages3
Adresse sourcehttp://gallicalabs.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70455s
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/CorneillePulcheriePreface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/CorneillePulcheriePreface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/CorneillePulcheriePreface.odt
Mise à jour2016-05-10
Mots-clés
Mots-clés français
SourcesHistoriens ; historique ; histoire ; modification ; ajout
SujetAltération de l’Histoire
Personnage(s)Caractères ; mode ; goût du temps
ComédiensMarais ; méconnus
ReprésentationPublic
RéceptionSuccès ; échec ; goût du temps ; entêtements du siècle ; mode
Relations professionnellesThéâtre du Marais ; comédiens ; acteurs ; acteurs méconnus ; mérite des acteurs ; déclin du Marais ; concurrence avec Racine ; Racine
ActualitéSuccès de Racine ; concurrence avec Racine ; Racine
AutreVieillesse
Mots-clés italiens
FontiStorici ; fonte storica ; modifiche
ArgomentoAlterazione della Storia
Personaggio(i)Caratteri ; moda ; gusto del tempo
AttoriMarais ; sconosciuti
RappresentazionePubblico
RicezioneSuccesso ; insuccesso ; moda
Rapporti professionaliTeatro del Marais ; commedianti ; attori ; attori sconosciuti ; valore degli attori ; declino del Marais ; concorrenza con Racine ; Racine
AttualitàSuccesso di Racine ; concorrenza con Racine
AltriVecchiaia
Mots-clés espagnols
FuentesHistoriadores ; histórica ; historia ; modificación ; añadido
TemaAltéración de la historia
Personaje(s)Caracteres ; moda ; gusto de la época
Actor(es)Marais ; poco conocidos
RepresentaciónPúblic
RecepciónÉxito ; fracaso ; gusto de la época ; empecinamiento del público en sus preferencias ; moda
Relaciones profesionalesThéâtre du Marais ; actores ; actores poco conocidos ; mérito de los actors ; decadencia del Marais ; competición con Racine ; Racine
ActualidadÉxito de Racine ; competición con Racine ; Racine
OtrasVejez
Présentation
Présentation en français
Pulchérie est l’avant-dernière pièce de Corneille3, mais aussi la troisième et dernière de ses « comédies héroïques », un genre qu’il invente en 1650 avec Don Sanche d’Aragon. Il le théorise la même année dans sa dédicace « À Monsieur de Zulychem », puis en 1660 dans son Discours du poème dramatique. Il le décrit comme un genre intermédiaire, où les personnages ne courent pas un péril qui susciterait chez le spectateur la crainte et la pitié. On ne saurait donc parler de tragédie, d’où le choix du terme « comédie », bien que la pièce ne suscite pas le rire. L’épithète « héroïque » indique que les personnages sont toutefois de condition noble, comme dans la tragédie4.
Don Sanche avait eu une carrière plutôt modeste. Pourquoi Corneille recommence-t-il à explorer ce genre vingt ans plus tard, avec Tite et Bérénice puis Pulchérie, qui ne rencontrent pas non plus le succès escompté ? Corneille l’affirme lui-même : avec Pulchérie, il est à contre-courant de la mode : la comédie héroïque veut susciter l’admiration du spectateur, alors que le public des années 1670 cherche l’attendrissement5. Ce choix est à lire dans le contexte de la concurrence entre auteurs. Pris en tenailles entre la tragédie tendre de Racine et la tragédie lyrique de Quinault et Lully, Corneille semble avoir à cœur de marquer sa singularité ; le plus sûr moyen de continuer à faire entendre sa voix étant de s’exprimer sur un autre terrain que ses jeunes rivaux6.
L’avis « Au lecteur » porte les traces de cette rivalité. Corneille n’a guère apprécié de sortir perdant de la concurrence frontale entre les deux Bérénice en 1670 et lorsqu’il publie Pulchérie, le Mithridate de Racine est en train de triompher. Autant de raisons d’en vouloir au « goût du temps » et aux « entêtements du siècle ». Ces remarques révèlent une fracture entre Corneille et une partie du public. Il semble que le grand auteur réussisse désormais malgré la mode, et non plus en la suivant ou en la faisant, comme c’était le cas aux temps les plus glorieux de sa carrière.
Texte
Afficher les occurrences dans les notes
Au lecteur
{NP 1} Pulchérie, fille de l’Empereur Arcadius, et sœur du jeune Théodose, a été une princesse très illustre, et dont les talents étaient merveilleux. Tous les historiens7 en conviennent. Dès l’âge de quinze ans elle empiéta le gouvernement sur son frère8, dont elle avait reconnu la faiblesse, et s’y conserva tant qu’il vécut, à la réserve d’environ une année de disgrâce, qu’elle passa loin de la cour, et qui coûta cher à ceux qui l’avaient réduite à s’en éloigner. Après la mort de ce prince, ne pouvant retenir l’autorité souveraine en sa personne, ni se résoudre à la quitter, elle proposa son mariage à Martian, à la charge qu’il lui permettrait de garder sa virginité, qu’elle avait vouée et consacrée à Dieu. Comme il était déjà assez avancé dans la vieillesse, il accepta la condition aisément, et elle le nomma pour Empereur {NP 2} au Sénat qui ne voulut, ou n’osa l’en dédire. Elle passait alors cinquante ans, et mourut deux ans après. Martian en régna sept, et eut pour successeur Léon, que ses excellentes qualités firent surnommer le Grand. Le patrice9 Aspar le servit à monter au trône, et lui demanda pour récompense l’association à cet empire, qu’il lui avait fait obtenir. Le refus de Léon le fit conspirer contre ce maître qu’il s’était choisi, la conspiration fut découverte, et Léon s’en défit. Voilà ce que m’a prêté l’Histoire. Je ne veux point prévenir10 votre jugement sur ce que j’ai changé ou ajouté11, et me contenterai de vous dire que bien que cette pièce ait été reléguée dans un lieu où on ne voulait plus se souvenir qu’il y eût un Théâtre12, bien qu’elle ait passé par des bouches pour qui on n’était prévenu d’aucune estime, bien que ses principaux caractères13 soient contre le goût du temps14, elle n’a pas laissé de peupler le désert, de mettre en crédit des acteurs dont on ne connaissait pas {NP 3} le mérite15, et de faire voir qu’on n’a pas toujours besoin de s’assujettir aux entêtements du siècle pour se faire écouter sur la scène. J’aurai de quoi me satisfaire, si cet ouvrage est aussi heureux à la lecture qu’il a été à la représentation, et si j’ose ne vous dissimuler rien, je me flatte assez pour l’espérer.