IdT – Les idées du théâtre


 

Préface

Pertharite, roi des Lombards

Corneille, Pierre

Éditeur scientifique : Souchier, Marine

Description

Auteur du paratexteCorneille, Pierre

Auteur de la pièceCorneille, Pierre

Titre de la piècePertharite, roi des Lombards

Titre du paratexteAu lecteur

Genre du textePréface

Genre de la pièceTragédie

Date1653

LangueFrançais

ÉditionParis : Guillaume de Luyne, 1653, in-12

Éditeur scientifiqueSouchier, Marine

Nombre de pages2

Adresse sourcehttp://gallicalabs.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k703994

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/CorneillePertharitePreface.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/CorneillePertharitePreface.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/CorneillePertharitePreface.odt

Mise à jour2016-05-10

Mots-clés

Mots-clés français

SourcesAntoine Du Verdier ; Paul Diacre ; Erycius Puteanus ; Flavius Blondus

SujetAltération de l’Histoire ; respect de la source ; feintes ; embellissements ; pureté de l’Histoire

ReprésentationPublic ; échec

RéceptionÉchec

AutreVieillesse

Mots-clés italiens

FontiAntoine Du Verdier ; Paul Diacre ; Erycius Puteanus ; Flavius Blondus

ArgomentoAlterazione della Storia ; rispetto della fonte ; abbellimenti ; purezza della Storia

RappresentazionePubblico ; insuccesso

RicezioneInsuccesso

AltriVecchiaia

Mots-clés espagnols

FuentesAntoine Du Verdier ; Paul Diacre ; Erycius Puteanus ; Flavius Blondus

TemaAlteración de la historia ; respeto de la fuente ; inenciones ; ornamentaciones ; pureza de la historia

RepresentaciónPúblico ; fracaso

RecepciónFracaso

OtrasVejez

Présentation

Présentation en français

Créé en 1651 sans rencontrer le succès escompté, Pertharite est publié deux ans plus tard. On ne sait pas exactement quelle a été l’ampleur de cet échec : suffisamment important pour que Corneille en prenne acte et insiste sur ce point dans son avis « Au lecteur », déclarant qu’il abandonne le théâtre. Ce départ n’est que provisoire : Corneille reviendra à la scène sept ans plus tard avec Œdipe, et donnera encore dix autres pièces jusqu’à Suréna, créé en 1674. Mais les contemporains — et, peut-être, l’auteur lui-même — croient d’abord que cette retraite est définitive. Durant la décennie 1650, Corneille se consacre à la traduction de L’Imitation de Jésus-Christ. On pense alors qu’il a abandonné le théâtre pour des œuvres pieuses.

L’avis « Au lecteur » ne donne pas de raisons à l’insuccès de Pertharite. Corneille fournira des explications dramaturgiques dans un bref « Examen » de la pièce, en 16631. Il se contente ici de donner ses sources2, sans justifier l’utilisation qu’il en a faite, manifestant une attitude cohérente avec le rapport qu’il a toujours revendiqué avec son public : dès l’Excuse à Ariste et l’« Épître » de La Suivante, en 1637, il a proclamé que le succès était un gage suffisant et nécessaire de la qualité d’une pièce. Il prend donc acte du jugement des spectateurs, sans chercher à le remettre en cause3.

L’humilité de Corneille n’est toutefois qu’apparente. La posture souvent orgueilleuse adoptée dans ses paratextes transparaît ici non seulement dans la déception qu’il affiche en prenant congé de la scène, mais aussi dans le souci de rappeler son rôle pour l’évolution du théâtre français. Ce discours testamentaire est l’occasion de présenter son œuvre comme un tout et de la placer dans la production du siècle.

Texte

Afficher les occurrences dans les notes

Au lecteur

{NP 1} La mauvaise réception que le public a faite à cet ouvrage m’avertit qu’il est temps que je sonne la retraite, et que des préceptes de mon Horace je ne songe plus à pratiquer que celui-ci :

Solve senescentem mature samus equum, ne

Peccet ad extremum ridendus et ilia ducat4.

Il vaut mieux que je prenne congé de moi-même que d’attendre qu’on me le donne tout à fait, et il est juste qu’après vingt années de travail5 je commence à m’apercevoir que je deviens trop vieux pour être encore à la mode6. J’en remporte cette satisfaction, que je laisse le théâtre français en meilleur état que je ne l’ai trouvé et du côté de l’art7, et du côté des mœurs8. Les grands génies qui lui ont prêté leurs veilles de mon temps9 y ont beaucoup contribué, et je me flatte jusqu’à penser que mes soins n’y ont pas nui ; il en viendra de plus heureux après nous qui le mettront à la perfection, et achèveront de l’épurer10. Je le souhaite de tout mon cœur ; cependant agréez que je joigne ce malheureux poème aux vingt-et-un qui l’ont précédé avec plus d’éclat. Ce sera la dernière importunité que je vous ferai de cette nature : non que j’en {NP 2} fasse une résolution si forte qu’elle ne se puisse rompre, mais il y a grande apparence que j’en demeurerai là11. Je ne vous dirai rien pour la justification de Pertharite, ce n’est pas ma coutume de m’opposer au jugement du public12, mais vous ne serez pas fâché que je vous fasse voir à mon ordinaire les originaux dont j’ai tiré cet événement, afin que vous puissiez séparer le faux d’avec le vrai, et les embellissements de nos13 feintes d’avec la pureté de l’Histoire14. Celui qui l’a écrite le premier a été Paul Diacre15, à la fin de son quatrième livre, et au commencement du cinquième des Gestes des Lombards ; et pour n’y mêler rien du mien, je vous en donne la traduction fidèle qu’en a faite Antoine du Verdier16 dans ses diverses leçons. J’y ajoute un mot d’Erycius Puteanus17, pour quelques circonstances en quoi ils diffèrent, et je le laisse en latin, de peur de corrompre la beauté de son langage par la faiblesse de mes expressions. Flavius Blondus18 dans son Histoire de la décadence de l’Empire romain parle encore de Pertharite, mais comme il le fait chasser de son royaume étant encore enfant, sans nommer Rodelinde qu’à la fin de sa vie, je n’ai pas cru qu’il fût à propos de vous produire un témoin qui ne dit rien de ce que je traite.