IdT – Les idées du théâtre


 

Othon, tragédie

Corneille, Pierre

Éditeur scientifique : Michel, Lise

Description

Auteur du paratexteCorneille, Pierre

Auteur de la pièceCorneille, Pierre

Titre de la pièceOthon, tragédie

Titre du paratexte

Genre du texte

Genre de la pièceTragédie

Date0000

Languefrançais

ÉditionG. de Luyne, 1665, in-12°

Éditeur scientifiqueMichel, Lise

Nombre de pages2

Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k704026/f3.image

Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/CorneilleOthonPrefaced.xml

Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/CorneilleOthonPrefaced.html

Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/CorneilleOthonPrefaced.odt

Mise à jour2016-11-18

Mots-clés

Mots-clés français

SourcesTacite

DramaturgieFidélité à l’Histoire / Invention

RéceptionRéception favorable

ExpressionSoin apporté au travail des vers ; bon sens dans le raisonnement

AutreAllusion aux recueils de ses oeuvres

Mots-clés italiens

FontiTacito

DrammaturgiaFedeltà storica / Invenzione

RicezioneRicezione favorevole

EspressioneCura nella composizione dei versi ; buon senso nel ragionamento

AltriAllusione alle raccolte delle sue opere

Mots-clés espagnols

FuentesTácito

DramaturgiaFidelidad para con la Historia / Invención

RecepciónRecepción favorable

ExpresiónCuidado hacia el trabajo de los versos ; sentido común en el razonamiento

OtrasAlusión a la colección de sus obras

Présentation

Présentation en français

Dans la préface d’Othon, publiée dans l’édition originale de la pièce en 1665, Corneille évoque l’estime générale dans laquelle est tenue sa tragédie, créée l’année précédente à Fontainebleau avant d’être reprise à Paris. L’intérêt de ce texte, que l’on peut rapprocher dans sa manière d’un très bref examen, réside d’abord dans l’attention que le poète accorde aux raisonnements qui se trouvent dans sa pièce, ainsi qu’à son travail sur le plan de l’elocutio. Par ailleurs, cette préface est remarquable en ce qu’elle éclaire, indirectement, les difficultés que le dramaturge a rencontrées pour concilier le respect d’une vraisemblance historique minimale et les exigences de sa propre esthétique tragique. Certes, il affirme, une fois encore1, la parfaite compatibilité entre une fidélité globale aux événements historiques et une invention des moyens par lesquels ces événements se produisent. Mais il cherche par là, en réalité, à rendre raison de deux conséquences problématiques de cette délicate conciliation entre Histoire et dramaturgie tragique. La première concerne le caractère d’Othon. Dans la source tacitéenne, les vices et inconstances du personnage étaient en effet attribués à un tempérament instable et ambitieux. Corneille annonce ici s’être « contenté de les attribuer à une politique de cour ». Ce changement, malgré le ton badin sur lequel il est évoqué, est tout sauf anodin : pour faire du personnage historique un héros tragique parfait2, le dramaturge lui a donné des motivations conformes au caractère légitime du souverain qu’il est ici censé devenir. Ce faisant, il a détourné, voire inversé, le sens de l’épisode que rapportait Tacite. L’autre point problématique relève de la vraisemblance interne de l’action. Etrangement, en effet, l’intrigue amoureuse entre Othon et Plautine, qui forme le nœud de la pièce, ne donne pas lieu à la conclusion d’un mariage : celui-ci est empêché au dénouement. En précisant qu’il n’a « pas voulu aller plus loin que l’Histoire », Corneille fournit dans cette préface la clef de cette invraisemblance  : ce dénouement matrimonial l’aurait en effet conduit à donner à l’Empereur Othon une épouse que l’Histoire ne lui donne pas : sur ce point, la vraisemblable historique a pris le pas sur la logique dramaturgique. A la fin de cette préface, un examen plus détaillé est annoncé pour un prochain recueil collectif : un tel examen n’a jamais été publié.

Texte

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AU LECTEUR3                

{NP1} Si mes amis ne me trompent, cette pièce égale ou passe la meilleure des miennes. Quantité de suffrages illustres et solides se sont déclarés pour elle4 et si j’ose y mêler le mien, je vous dirai que vous y trouverez quelque justesse dans la conduite5, et un peu de bon sens dans le raisonnement6. Quant aux vers, on n’en a point vus de moi que j’aie travaillés avec plus de soin7. Le sujet est tiré de Tacite, qui commence ses Histoires par celle-ci8, et je n’en ai encore mis aucune sur le théâtre à qui j’aie gardé plus de fidélité, et prêté plus d’invention9. Les caractères de ceux que j’y fais parler y sont les mêmes que chez cet incomparable auteur, que j’ai traduit tant qu’il m’a été possible10. J’ai tâché de faire paraître les vertus de mon héros en tout leur éclat, sans en dissimuler les vices non plus que lui, et je me suis contenté de les attribuer à une politique de cour, où quand le souverain se plonge dans les débauches, et que sa faveur n’est qu’à ce prix, il y a presse à qui sera de la partie11. J’y ai conservé les événements, et pris la liberté de changer la manière dont ils arrivent12, pour en jeter tout le crime sur un méchant homme, qu’on soupçonna dès lors d’avoir donné des ordres secrets pour la mort de Vinius, tant leur inimitié était forte et déclarée13. Othon avait promis à ce consul d’épouser sa fille s’il le pouvait faire choisir à Galba pour successeur, et comme il se vit {NP2} Empereur sans son ministère, il se crut dégagé de cette promesse, et ne l’épousa point. Je n’ai pas voulu aller plus loin que l’Histoire14, et je puis dire qu’on n’a point encore vu de pièce où il se propose tant de mariages pour n’en conclure aucun15. Ce sont intrigues de cabinet qui se détruisent les unes les autres. J’en dirai davantage quand mes libraires joindront celle-ci aux recueils qu’ils ont faits de celles de ma façon qui l’ont précédée16.