Dédicace
Théodore, vierge et martyre
Corneille, Pierre
Éditeur scientifique : Teulade, Anne
Description
Auteur du paratexteCorneille, Pierre
Auteur de la pièceCorneille, Pierre
Titre de la pièceThéodore, vierge et martyre
Titre du paratexteÀ monsieur L.P.C.B.
Genre du texteDédicace
Genre de la pièceTragédie chrétienne
Date1646
LangueFrançais
ÉditionParis, Toussaint Quinet, 1646, in-4°
Éditeur scientifiqueTeulade, Anne
Nombre de pages5
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70395r
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Corneille-Theodore-Dedicace.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Corneille-Theodore-Dedicace.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Corneille-Theodore-Dedicace.odt
Mise à jour2013-03-25
Mots-clés
Mots-clés français
SourcesSaint Ambroise
SujetReligieux
DramaturgieRécit / représentation
LieuLieu de prostitution
ActionNon représentée ; obscène
RéceptionÉchec ; polémique ; peuple / doctes
FinalitéMorale ; plaisir
Mots-clés italiens
FontiSant ’Ambrogio
ArgomentoSacro
DrammaturgiaRacconto / rappresentazione
LuogoLuogo di prostituzione
AzioneNon rappresentata ; oscena
RicezioneScacco ; polemica ; popolo / dotti
FinalitàMorale ; diletto
Mots-clés espagnols
FuentesSan Ambrosio
TemaReligioso
DramaturgiaRelato / representación
LugarLugar de prostitución
AcciónNo representada ; obscena
RecepciónFracaso ; polémica ; pueblo / doctos
FinalidadMoral ; placer
Présentation
Présentation en français
Texte
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À Monsieur L.P.C.B.2
[NP1] Monsieur, je n’abuserai point de votre absence de la cour pour vous imposer3 touchant cette tragédie. Sa représentation n’a pas eu grand éclat, et quoique beaucoup en attribuent la cause à diverses conjonctures qui pourraient me justifier aucunement4, pour moi je ne m’en veux prendre qu’à ses défauts, et la tiens mal faite, puisqu’elle a été [NP2] mal suivie. J’aurais tort de m’opposer au jugement du public5, il m’a été trop avantageux en mes autres ouvrages pour le désavouer en celui-ci ; et si je l’accusais d’erreur ou d’injustice pour Théodore, mon exemple donnerait lieu à tout le monde de soupçonner des mêmes choses tous les arrêts6 qu’il a prononcés en ma faveur. Ce n’est pas toutefois sans quelque sorte de satisfaction que je vois que la meilleure partie de mes juges impute ce mauvais succès à l’idée de la prostitution que l’on n’a pu souffrir7, quoiqu’on sût bien qu’elle n’aurait pas d’effet8, et que pour en exténuer l’horreur j’aie employé tout ce que l’art et l’expérience m’ont pu fournir de lumières. Et certes il y a de quoi congratuler à la pureté de notre théâtre9, de voir [NP3] qu’une histoire qui fait le plus bel ornement du second Livre des Vierges de saint Ambroise10 se trouve trop licencieuse pour y être supportée. Qu’eût-on dit si comme ce grand docteur de l’Église j’eusse fait voir Théodore dans le lieu infâme, si j’eusse décrit les diverses agitations de son âme durant qu’elle y fut, si j’eusse figuré les troubles qu’elle y ressentit au premier moment qu’elle y vit entrer Didyme ? C’est là-dessus que ce grand saint fait triompher son éloquence, et c’est pour ce spectacle qu’il invite particulièrement les vierges à ouvrir les yeux. Je l’ai dérobé à la vue et, autant que j’ai pu, à l’imagination de mes auditeurs ; et après y avoir consumé toute mon adresse11, la modestie de notre scène a désavoué, comme indigne d’elle, [NP4] ce peu que la nécessité de mon sujet12 m’a forcé d’en faire connaître. Après cela, j’oserai bien dire que ce n’est pas contre des comédies pareilles aux nôtres que déclame saint Augustin13, et que ceux que le scrupule ou le caprice ou le zèle en rend opiniâtres ennemis14, n’ont pas grande raison de s’appuyer de son autorité. C’est avec justice qu’il condamne celles de son temps qui ne méritaient que trop le nom qu’il leur donne de spectacles de turpitude ; mais c’est avec injustice qu’on veut étendre cette condamnation jusqu’à celles du nôtre, qui ne contiennent pour l’ordinaire que des exemples d’innocence, de vertu et de piété. J’aurais mauvaise grâce de vous en entretenir plus au long, vous êtes déjà trop persuadé de ces vérités, et ce n’est pas [NP5] mon dessein d’entreprendre ici de désabuser ceux qui ne veulent pas l’être. Il est juste qu’on les abandonne à leur aveuglement volontaire, et que pour peine de la trop facile croyance qu’ils donnent à des invectives mal fondées, ils demeurent privés du plus agréable et du plus utile des divertissements dont l’esprit humain soit capable15. Contentons-nous d’en jouir sans leur en faire part, et souffrez que sans faire aucun effort pour les guérir de leur faiblesse, je finisse en vous assurant que je suis et serai toute ma vie,
Monsieur,
Votre très humble et très obligé serviteur, Corneille.