Dédicace
Polyeucte martyr
Corneille, Pierre
Éditeur scientifique : Teulade, Anne
Description
Auteur du paratexteCorneille, Pierre
Auteur de la pièceCorneille, Pierre
Titre de la piècePolyeucte martyr
Titre du paratexteÀ la reine régente
Genre du texteDédicace
Genre de la pièceTragédie
Date1643
LangueFrançais
ÉditionParis : Antoine de Sommaville et Augustin Courbé, 1643, in-4°
Éditeur scientifiqueTeulade, Anne
Nombre de pages6
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k701418
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Corneille-Polyeucte-Dedicace.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Corneille-Polyeucte-Dedicace.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Corneille-Polyeucte-Dedicace.odt
Mise à jour2013-03-25
Mots-clés
Mots-clés français
SujetDigne ; moral
DédicataireRessemblance ; respect ; hommage
FinalitéPiété ; plaisir
ActualitéDébut de la Régence ; mort de Louis XIII ; bataille de Rocroi et prise de Thionville
Mots-clés italiens
ArgomentoDegno ; morale
Dedicatario e PersonaggioSomiglianza ; rispetto ; omaggio
FinalitàPietà ; diletto
AttualitàInizio della Reggenza ; morte di Luigi XIII° ; battaglia di Rocroi e presa di Thionville
Mots-clés espagnols
TemaDigno ; moral
Dedicatario y personajeSemejanza ; respeto ; homenaje
FinalidadPiedad ; placer
ActualidadPrincipio de la regencia ; muerte de Luis XIII ; batalla de Rocroi y toma de Thionville
Présentation
Présentation en français
Texte
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À la Reine Régente1
MADAME,
[NP1] Quelque connaissance que j’aie de ma faiblesse, et quelque profond respect qu’imprime Votre Majesté dans les âmes de ceux qui l’approchent, j’avoue que je me jette à ses pieds sans timidité et sans défiance, et que je me tiens assuré2 [NP2] de lui plaire, parce que je suis assuré de lui parler de ce qu’elle aime le mieux3. Ce n’est qu’une pièce de théâtre que je lui présente, mais qui l’entretiendra de Dieu. La dignité de la matière est si haute que l’impuissance de l’artisan ne la peut ravaler, et votre âme royale se plaît trop à cette sorte d’entretien4 pour s’offenser des défauts d’un ouvrage où elle rencontrera les délices de son cœur. C’est par là, Madame, que j’espère obtenir de Votre Majesté le pardon du long temps que j’ai attendu à lui rendre cette sorte d’hommage. Toutes les fois que j’ai mis sur notre scène les vertus morales ou politiques5, j’en ai toujours cru les tableaux trop peu dignes de paraître devant elle, quand j’ai considéré qu’avec quelque soin que je les pusse choisir dans [NP3] l’Histoire, et quelques ornements dont l’artifice les pût enrichir, elle en voyait de plus grands exemples dans elle-même. Pour rendre les choses proportionnées, il fallait aller à la plus haute espèce, et n’entreprendre pas de rien offrir de cette nature à une Reine Très Chrétienne, et qui l’est beaucoup plus encore par ses actions que par son titre, à moins que de lui offrir un portrait des vertus chrétiennes, dont l’amour et la gloire de Dieu formassent les plus beaux traits, et qui rendît les plaisirs qu’elle y pourra prendre aussi propres à exercer sa piété qu’à délasser son esprit6. C’est à cette extraordinaire et admirable piété, Madame, que la France est redevable des bénédictions qu’elle voit tomber sur les premières armes de son Roi, les heureux succès qu’elles ont [NP4] obtenus en sont les rétributions éclatantes, et des coups du Ciel qui répand abondamment sur tout le royaume les récompenses et les grâces que Votre Majesté a méritées7. Notre perte semblait infaillible après celle de notre grand monarque. Toute l’Europe avait déjà pitié de nous et s’imaginait que nous nous allions précipiter dans un extrême désordre, parce qu’elle nous voyait dans une extrême désolation8. Cependant la prudence et les soins de V[otre] M[ajesté], les bons conseils qu’elle a pris, les grands courages qu’elle a choisis pour les exécuter, ont agi si puissamment dans tous les besoins de l’État, que cette première année de sa Régence a non seulement égalé les plus glorieuses de l’autre règne, mais a même effacé, par la prise de Thionville9, le [NP5] souvenir du malheur qui, devant ses murs, avait interrompu une si longue suite de victoires10. Permettez que je me laisse emporter au ravissement que me donne cette pensée, et que je m’écrie dans ce transport11 :
Il ne faut point douter que des commencements si merveilleux ne soient [NP6] soutenus par des progrès encore plus étonnants. Dieu ne laisse point ses ouvrages imparfaits, il les achèvera, Madame, et rendra non seulement la Régence de V[otre] M[ajesté] mais encore toute sa vie un enchaînement continuel de prospérités. Ce sont les vœux de toute la France, et ce sont ceux que fait avec plus de zèle15,
Madame,
De votre Majesté,
Le très humble, très obéissant et très fidèle serviteur et sujet,
Corneille.