Préface
L’Esprit fort
Claveret, Jean
Éditeur scientifique : Douguet, Marc
Description
Auteur du paratexteClaveret, Jean
Auteur de la pièceClaveret, Jean
Titre de la pièceL’Esprit fort
Titre du paratexteAvertissement au lecteur
Genre du textePréface
Genre de la pièceComédie
Date1637
LangueFrançais
ÉditionParis : François Targa, 1637, in-8°
Éditeur scientifiqueDouguet, Marc
Nombre de pages5
Adresse sourcehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73906p/f8.image.r=claveret.langFR
Fichier TEIhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/tei/Claveret-Espritfort-Preface.xml
Fichier HTMLhttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Claveret-Espritfort-Preface.html
Fichier ODThttp://www.idt.paris-sorbonne.fr/odt/Claveret-Espritfort-Preface.odt
Mise à jour2012-12-04
Mots-clés
Mots-clés français
DramaturgieLiaison des scènes ; règles
TempsUnité ; durée de la représentation / de l’histoire
ActionUnité ; épisodes
Relation œuvre / personnageTitre et nom de l’héroïne
DédicataireMétaphore militaire
RéceptionPublic féminin
ExpressionPointes ; style et genre
AutreTitre différent pour la représentation et pour l’édition
Mots-clés italiens
DrammaturgiaLegami tra le scene ; regole
TempoUnità ; durata della representazione / della favola
AzioneUnità ; episodi
Opera e PersonaggioTitolo e nome dell’eroina
Dedicatario e PersonaggioMetafora militare
RicezionePubblico femminile
EspressioneAcutezze ; stile e genere
AltriTitolo differente per la rappresentazione e per l’edizione
Mots-clés espagnols
DramaturgiaEnlace entre las escenas ; reglas
TiempoUnidad ; duración de la representación / de la historia
AcciónUnidad ; episodios
Obra y personajeTítulo y nombre de la protagonista
Dedicatario y personajeMetáfora militar
RecepciónPúblico femenino
ExpresiónAgudezas ; estilo y género
OtrasTítulo diferente para la representación y para la edición
Présentation
Présentation en français
Texte
Afficher les occurrences dans les notes
Avertissement au lecteur
[NP1] Ne t’étonne point, je te prie, que cette même comédie que le Théâtre royal1 t’a fait voir tant de fois sous les noms d’Angélie et de l’Esprit fort2, en ait retenu seulement le dernier en cette impression ; et ne dis point en la lisant que si j’entendais les règles, je l’aurais appelée du nom du héros, ou de l’héroïne de la pièce3. Je te fais voir assez en te prévenant ainsi, que je n’ignore pas absolument cet ordre poétique4, outre qu’ayant pratiqué avec soin toutes les autres règles5, il n’y a point d’apparence6 que celle-ci soit échappée à ma con[NP2]naissance. En effet tu pourras voir qu’il ne faut guère plus de temps pour représenter cet intrique7, qu’il en a fallu pour en faire naître tous les incidents8, et que la liaison des scènes9, jointe à l’unité d’action, que représente le mariage d’Orilame et d’Angélie, est observée dans tous les actes10, car de m’alléguer les mariages de l’aînée et de la cadette, il est assez facile à juger que je ne les ai faits que par occasion11, et que ce sont les épisodes de la pièce12. Il est permis, ce me semble, à un père de nommer son enfant comme il lui plaît, lors principalement que le parrain en est d’accord13, et voulant envoyer mon ouvrage à l’armée, j’ai cru qu’il serait bon de lui donner un nom de guerre, afin qu’il rencontrât chez le cavalier à qui je le dédie une protection plus favorable14. Outre ces considérations, j’avais peur que [NP3] l’ignorance ou la malice des critiques du temps ne prît plaisir de confondre ces noms d’Angélie et de l’Esprit fort, pour n’en faire qu’une même personne ; et je n’ai pas voulu me mettre au hasard d’être cause que l’on fît cet outrage à des charmes que la naissance, l’esprit, et la vertu, rendent si précieux aux belles âmes. Au reste, si, pour blâmer les pointes15 que j’ai laissées dans cet ouvrage, tu me fais la faveur de m’apprendre que le style du temps commence à devenir plus sérieux, apprends aussi toi-même qu’elles étaient en vogue quand il sortit de ma plume, il y a près de sept ans16 ; que l’on s’en sert encore aujourd’hui dans les conversations les plus polies, qui doivent être une même chose avec ce genre d’écrire ; que les naïvetés comiques tirent toutes leurs grâces de ces ornements, et que de semblables roses ne sauraient être [NP4] belles, ni conserver une odeur qui dure, que parmi de si douces épines. Comme la plupart des dames à qui les pierres précieuses manquent, ou qui ne sont pas d’une condition assez relevée pour s’en parer, empruntent l’éclat des faux diamants, afin que leur beauté se produise avec plus de succès dans les assemblées ; ainsi les ouvrages comiques, où la gravité des sentences et la force des raisonnements ne peut entrer, ont recours à ces faux brillants pour s’insinuer dans les esprits avec plus de plaisir17. Joins à cela, s’il te plaît, lecteur, que ces gentillesses ne voient ordinairement le jour qu’en faveur de ce beau sexe, qui ne s’arrête presque jamais qu’à ce qui brille18. Si mon loisir ou ma patience me permettent quelque jour de te donner une tragédie19, je peindrai mon héros avec un coloris plus fort et [NP5] plus durable : mais je serai bien aise, en attendant, d’apprendre par ces petits essais quel est ton goût, s’il est conforme à celui des polis et au mien, pour en user après ainsi que je le jugerai à propos. Adieu.